Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

samedi 2 septembre 2017

Chronique des ZAD août 2017


Chronique des ZAD août 2017 

 

Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant ce mois d'août 2017 ; on y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, d'EuropaCity et de plein d'autres sujets.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.


PROJET D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44) 


Source : ZAD.nadir.org et médias

Août 2017

Et ailleurs :: Bure (55) – anti fascisme : accord UE-Libye – attentat de Barcelone (Catalogne) -
riposte anti fasciste : ILWU à San Fransisco (USA)collectif du Testet (81) – CGO Srasbourg (67)

frontière franco-italienne (05) - Indymedia Freiburg (Allemagne) – Europacity à Gonesse (95)

ZAD de NDDL - 44

Infos du 1er au 6 août

Vendredi 4 août



Le mois d’aout commence sur la zone, avec un effet immédiat sur le rythme de publication des nouvelles. 

Infos du 7 au 13 août

Mercredi 9 août

[nddl-intercomités] Discussion sur l'usage des terres et des communs de la ZAD



Parce qu'il n'y aura pas d'aéroport et qu'il est vital de penser dès maintenant l'après projet, réservez la date !

Discussion sur l'usage des terres et des communs de la ZAD
le 29 août à 20h à la Wardine et dès 19h pour un apéro-grignotte partagé.

Avec la « médiation » du gouvernement, ça nous semble plus que jamais le moment qu’on avance sur ce qu’on souhaite une fois qu’on aura arraché l’abandon du projet de délocalisation de l’aéroport de Nantes Atlantique.
 

On parle de tous les usages, que ce soit habiter, cultiver, admirer, protéger, etc. L’idée est de construire l’avenir dès maintenant en s’occupant des terres et des communs de la ZAD sans l’intermédiaire de l’état et de la chambre d’agriculture, mais sans nous entre-tuer pour autant.

Vous êtes les bienvenu-e-s !

Ordre du jour à venir prochainement sur le site
zad.nadir.org

Infos du 14 au 20 août

Lundi 14 août

Vinci


Corporatewatch a mis à jour cet été un rapport (en anglais) sur Vinci, leur rôle à Calais mais aussi à Nantes. 
 

S’il y a des traducteur-trices pour des parties croustillantes, on est preneur-euses !


ZAD

Le programme de la Semaine intergalactique a été mis à jour !


Infos du 21 au 27 août

Lundi 21 août



Des photos du chantier de l’ambazada par ValK :







Depuis la semaine intergalactique sur la zad : 

soutien à Robin, mutilé par la police à Bure,

et aux autres camarades blessés.


Depuis la semaine intergalactique qui s’est ouverte sur la zad de Notre-Dame-Des-Landes au lendemain de la manifestation contre la poubelle nucléaire de Bure, nous souhaitons affirmer notre solidarité pour les camarades blessé.e.s par la police française. Robin, comme d’autres a été victime d’une des grenades explosives lancées sur les manifestant.e.s le 15 août à Bure. Elle lui a déchiqueté le pied. Ce père de deux jeunes enfants, actuellement hospitalisé à Nancy, risque d’être amputé des doigts d’un pied.

Pendant l’opération César en 2012 sur la zad de Notre-Dame-des-Landes, de nombreuses autres personnes avaient déjà été blessées grièvement par ces grenades, assourdissantes ou de désencerclement. C’est l’une d’elles qui a emporté la vie de Rémy Fraisse sur la zad du Testet en 2014. Le nouveau gouvernement français et sa police ont cette semaine manifesté leur choix de continuer à mutiler ceux qui se battent contre l’extension du nucléaire ou du réchauffement climatique, contre la destruction des forêts et terres nourricières, contre les vies soumises à l’économie.

Nous groupes de différents pays, actuellement réunis sur la zad pour échanger sur la suite de ces luttes assurons que nous les poursuivrons partout où il le faut, avec tout le soutien nécessaire pour les inculpé.e.s et blessé.e.s par la répression. 
 
Depuis l’Ambazada, sur la Zad de Notre-Dame-Des-Landes, le 18 août 2017.

Jeudi 24 août

NDA : Du 19 au 26, réunion annuelle sur la Zad (à la Vacherie et présentes également à l’Ambazada) d’une douzaine de chorales révolutionnaires soit environ 150 choristes venu-es de France, d’Angleterre et d’Italie, dont la chorale des P.O., sous un soleil superbe (infos par tel de Claude)


Et pour finir, représentation place du Bouffay à Nantes : https://www.youtube.com/watch?v=Z0HATnil04I

Infos du 28 au 31 août

Mercredi 30 août

 

« A Notre-Dame-Des-Landes, une fois le projet d’aéroport abandonné, le statut des terres de la zad devra être gelé afin de laisser aux paysan-ne-s, aux habitant-e-s de la zad et au mouvement anti-aéroport le temps de définir pour elles les usages les plus pertinents »...


AILLEURS

Infos du 7 au 13 août

Jeudi 10 août

Anti-Nucléaire : Un petit coucou du côté de Bure où la résistance carbure !


Dans une tribune, trois scientifiques plaident pour l’abandon du projet d’enfouissement et pour la poursuite des recherches sur la gestion des déchets nucléaires.

Et le 15 août, grosse manif, toutes « en marche » contre Cigéo et son monde atomique !

Infos du 14 au 20 août

Mercredi 16 août



Antifascisme 

 

« L’ACCORD UNION EUROPÉENNE-LIBYE QUI SE PRÉPARE RELÈVE DU CRIME CONTRE L’HUMANITÉ ! » On relaie ce texte qui fait le point sur la gravité de la situation, et sur la terrible « gestion » planifiée des réfugiéEs. Un communiqué de DEFEND MEDITERRANEA, un réseau antifasciste et solidaire méditerranéen contre l’expédition identitaire Defend Europe et l’Europe forteresse.

Anti-Nucléaire : Droit dans le Bure

Hier, lors de la manifestion à Bure et aux alentours, les camarades en lutte contre le cimetière nucléaire ont encore fait les frais de la déferlante répressive qui accompagne désormais toute contestation. Selon des infos reçues, une dizaine de personnes ont été blessé-es dont trois gravement. On pense à elles et eux. Que crèvent l’Etat, l’atome et la bleuzaille !

Pour suivre les infos là-bas, c’est ici

Seul message du gouvernement à Bure, la répression


Lors de la manifestation du 15 août à Bure, nous ne sommes pas passés loin du drame, nous comptons 6 blessés graves et une trentaine de blessés légers. Nous avons été bloqués à la sortie de Bure par un dispositif policier énorme. Alors que le projet CIGEO a subi de nombreux revers juridiques et techniques, la seule réponse du gouvernement, c'est la répression.



Voici le communiqué de presse des opposants :

Aujourd’hui, la manifestation devait se déployer entre Bure et Saudron, pour rejoindre le lieu où se trouve l’enceinte néolithique récemment découverte et appelée à disparaître sous les coups de pelleteuse de l’Andra. L’objectif était de poser un acte fort pour concrétiser l’opposition au projet CIGÉO. Nous refusons que l’Andra, qui empoisonne déjà le quotidien des habitants de la région, s’apprête à faire disparaître définitivement ces vestiges de notre passé tout en hypothéquant notre avenir.

Fouilles systématiques des véhicules, blocage de la manifestation à la sortie de Bure, salves de grenades lacrymogènes et de désencerclement dans les champs et les villages, tirs de canon à eau dans le petit village de Saudron (50 habitants) : les autorités n’ont reculé devant rien pour empêcher les 1000 opposant.e.s prénsent.e.s de manifester et ont blessé plusieurs personnes, dont certaines gravement.

Aux promoteurs de cette poubelle nucléaire, nous voulons rappeler qu’en nous empêchant de manifester, ils ne font qu’attiser un peu plus une colère légitime – et partagée - contre ce projet imposé. 

Ce n’est pas en réprimant les manifestations qu’on fera disparaître la contestation contre un projet dont les failles s’avèrent chaque jour plus graves. Est-ce à coup de canon à eau que l’Andra compte noyer les risques d’incendie et d’explosions souterrains ? Espère-t-elle faire disparaître les rejets radioactifs de CIGÉO sous un nuage de gaz lacrymogènes ?


Sauvonslaforet sur Médiapart



Jeudi 17 août

Bure : « Juste avant que mon pied saute, 

j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête »


Un jeune homme a été grièvement blessé à Bure par une grenade lancée par les gendarmes, le 15 août. Il risque de perdre son pied. Les manifestants décrivent des scènes d'une extrême violence, mais la préfecture de la Meuse réfute ces accusations. De simples « informations circulant sur les réseaux sociaux », selon les autorités locales.



Une pluie de grenades, des explosions à hauteur de visage, des corps projetés en l’air comme s’ils sautaient sur une mine, des enfants éclaboussés par le canon à eau de la gendarmerie : quarante-huit heures après la manifestation contre Cigéo, le site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, des opposants accusent les gendarmes d'avoir mis en place une stratégie de la tension et décrivent des scènes d'une violence extrême.

 
Robin, gravement blessé à Bure, sur son lit d'hôpital, le 17 août 2017.

Le cas le plus grave concerne Robin, père de deux enfants, grièvement blessé par une grenade GLI-F4 qui a brisé la plupart des os de son pied. Actuellement hospitalisé, il risque l’amputation de ses cinq orteils.

Par le biais d’une tierce personne, il écrit ce récit, transmis à Mediapart puis diffusé dans un communiqué : « Mon pied est dans un sale état, la grenade l’a creusé sur une profondeur de 3 cm et un diamètre de 13 cm, les os sont pour la plupart brisés. Certains ont même disparu, pulvérisés. La chaussure a été explosée, le plastique a fondu et s’est engouffré dans la plaie, si bien qu’une infection est probable, ce qui nécessiterait l’amputation des cinq orteils. À cela s’ajoute une trentaine d’éclats répartis dans l’autre jambe. Les gendarmes ont tiré une quinzaine de grenades assourdissantes, ils ne couraient aucun danger. Juste avant que mon pied saute, j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête. »

Journaliste et réalisateur, Sébastien Bonetti a filmé la manifestation du 15 août. Il raconte s’être senti « en danger physique » pour la première fois dans une manifestation : « Alors que je tenais ma caméra, par trois fois, j’ai failli me prendre une grenade dans le visage. Si quelqu’un ne m’avait pas criécours !”, à chaque fois, je me la prenais. Je me suis senti visé. J’ai vu des grenades éclater à deux mètres du sol, au niveau du visage des gens. C’était hallucinant. Quand je suis reparti, j’étais sous le choc. On est passé à rien d’avoir un mort à Bure. » Il décrit aussi le puissant jet du canon à eau s’abattant sur le cortège alors que s’y trouvaient des enfants.


Restes de la grenade GLI F4 qui a blessé Robin, recueilli par des manifestants.

Yann, un manifestant, a vu la grenade à effet de souffle tomber sur le pied de Robin : « C’était en fin de manif. Il tournait le dos aux gendarmes, et faisait partie de ceux qui criaient : “C’est fini, on rentre.” J’étais à 20 mètres de lui environ. J’ai vu un truc arriver et exploser en tombant sur son pied. Dans la seconde, son pantalon était déchiqueté. »

D’après lui, la grenade a été tirée depuis une distance de 100 mètres. Après la dispersion de la manifestation, il est retourné sur place : « J’ai retrouvé un cratère de 40 cm de diamètre, noir, calciné, dans lequel on a retrouvé des morceaux de tissus et de cuir déchiqueté de la botte du copain, et l’ogive de la grenade. » Sébastien Bonetti a également été témoin de la blessure : « J’ai vu son pied exploser. C’est la première fois de ma vie que je voyais ça. Sa chaussure a explosé, son pied pendouillait. »

Des manifestants ont prélevé les restes de grenades retrouvés au sol après la dispersion du rassemblement. Selon leur décompte, entre 15 et 30 grenades GLI-F4, contenant 25 grammes de TNT, ont été tirées par les gendarmes le 15 août. Ils ont retrouvé les restes de 2 à 6 grenades de désencerclement, entre 30 et 80 grenades lacrymogènes MP7 à main et avec propulseur ainsi que 5 à 15 balles de gommes de 40 millimètres de diamètre, lancées par des LBD. Un autre manifestant décrit une ferme bombardée de lacrymogènes et des vaches asphyxiées par les gaz dans un hangar.


Robin : « La volonté des forces de l’ordre à ce moment-là est très clairement de blesser ou de tuer, dans le but de terroriser ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas encore. Sur le brancard de l’équipe médic [services médicaux autogérés par les militants – ndlr], dont je salue le courage et l’efficacité, j’entendais encore les grenades exploser. Malgré le brutal changement que cette blessure va provoquer dans ma vie de père de deux enfants en bas âge, j’appelle plus que jamais à continuer le combat, à le prendre ou à le reprendre pour certains. »

Alice, membre de l’équipe médics, raconte à son tour : « Quand on a évacué les blessés, tout à la fin, on a eu l’impression de se faire canarder. On s’est pris deux ou trois grenades de désencerclement dans les jambes. C’était tellement violent. Des personnes sautaient en l’air, comme si elles avaient marché sur une mine. Ça gueulait “médic !” de partout. Il y a eu un mouvement de panique. Des gens se sont attroupés pour donner un coup de main et se relayer pour porter les gens. Il y a eu un grand élan de solidarité. » Quand les secours sont arrivés, ils semblaient démunis, se souvient-elle : « Il faut arrêter d’utiliser des armes de guerre contre des civils car les secours ne sont pas formés pour y faire face. »

La préfecture ne répond à aucune question précise


Plusieurs manifestants joints par Mediapart décrivent des séquences confuses, voire chaotiques, de lancers de grenades, en cloche, sur les manifestants. Mais selon Matthieu, un opposant qui se trouvait, lui, dans le bois Lejuc occupé par les anti-Cigéo, à 4 ou 5 kilomètres de là, en surplomb et équipé de jumelles, « une rangée de gendarmes mobiles a tiré des gaz lacrymogènes [vers la fin de la manifestation] au-dessus d’une ligne de leurs collègues, traçant ainsi une ligne entre eux et les manifestants. Il y a eu ensuite un deuxième tir, qui est arrivé en plein dans la manifestation, séparant environ 30 % des personnes du reste du groupe, puis encore deux tirs, parfaitement droit à gauche et à droite. De là où je me trouvais, cela dessinait un carré parfait de fumée, montrant à quel point tout était très bien maîtrisé. Les manifestants se sont retrouvés piégés à l’intérieur de ce carré ».

Au total, les opposants dénombrent au moins une trentaine de blessés, mais pensent que certaines personnes ont préféré ne pas montrer leurs blessures, par crainte de la police. À l’hôpital de Nancy, les gendarmes ont visité à deux reprises la chambre de Robin, dont une fois pour perquisitionner ses vêtements.

La préfecture de la Meuse, elle, ne fait état que de quatre appels des manifestants aux services de secours et trois hospitalisations. Elle ne reconnaît pas pour l’instant de responsabilité dans la blessure de Robin, considérée comme une simple rumeur internet : « Les informations qui circulent sur les réseaux sociaux méritent des vérifications rigoureuses. Elles sont en cours. Il est trop tôt pour apporter des réponses définitives à ce sujet. » Pourtant, selon les opposants, la police a auditionné le blessé pendant une heure et demie l'après-midi du 16 août. 

 
Munitions utilisées par les gendarmes le 15 août à Bure, retrouvées par des manifestants.

Dans un communiqué commun, l’association des élus opposés à l’enfouissement des déchets nucléaires (Eodra) et le collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) se disent « abasourdis » par « la violence des forces de l’ordre, que l’on peut résumer en un mot (deux) : répression totale ». Ils ajoutent avoir « une pensée sincère envers tous les blessés, mais nous dénonçons par ailleurs les perquisitions subies dans les chambres d’hôpital des manifestants ; autres débordements de cette notion de violence qui représente bien, dans ce cas, l’amoralité et l’étendue de ses multiples facettes ».

Sollicité à plusieurs reprises par les opposants à Cigéo, le ministre de la transition écologique ne leur a pas répondu. Lors du festival Bur’lesque, tenu le week-end dernier, ils ont exhumé une photo de Nicolas Hulot brandissant une affichette « non à Cigéo », datant de 2016. Son cabinet n’a pas donné suite aux demandes de Mediapart.


Photo de Nicolas Hulot en 2016 contre Cigéo

De son côté, la préfecture de la Meuse répond que la manifestation du 15 août « s’est effectuée sans déclaration ni encadrement » malgré sa proposition d’en « permettre le déroulement normal ». Elle estime que parmi les 300 manifestants – les opposants affirment qu’ils étaient près d’un millier – « la majorité portait une tenue (casques, cagoules, vêtements noirs) et des objets (pierres, bâton, barres de fer…) qui traduisaient d’emblée leurs intentions. De fait, l’agression des forces de l’ordre par ces groupes a été immédiate, gratuite et extrêmement violente ».

D’après les services de l’État, « les opposants ont arraché du mobilier urbain et construit des barricades auxquelles ils ont mis le feu. Ils ont jeté des pierres, des cocktails Molotov et des engins explosifs en direction des gendarmes. C’est ainsi que deux gendarmes ont été blessés, victimes de traumatisme sonore. Face à des techniques de combat aussi violentes, il était indispensable que les gendarmes se protègent et ripostent par des moyens adaptés dont l’usage a été proportionné à la violence des attaques dont ils faisaient l’objet ».

Les opposants accusent, eux, les gendarmes d’avoir fait dégénérer la situation en bloquant le cortège, contraignant les manifestants à traverser le village tout proche de Saudron. Aucune interpellation n’a eu lieu sur place. Mais la préfecture ajoute que « des observations ont été faites, des images ont été prises et des vérifications sont en cours par les forces de l’ordre ».

Quel enchaînement de décisions a conduit au lancer de grenade qui a gravement blessé Robin ? Combien de projectiles ont-ils, en tout, été utilisés par les gendarmes ? Les forces de l’ordre ont-elles pris le risque de causer un ou plusieurs morts à Bure le 15 août ? La préfecture ne répond à aucune des questions posées par Mediapart.

À la lecture des témoignages que nous avons recueillis, il est pourtant impossible d’ignorer les similarités avec la stratégie de la tension qui a entraîné la mort de Rémi Fraisse à Sivens, en octobre 2014. Après le décès du jeune homme, l’ancien ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a interdit les grenades offensives (retrouver l’article de Louise Fessard à ce sujet). Mais l’usage des grenades GLI reste autorisé, malgré leur dangerosité. En 2014, Mediapart avait interviewé Pascal Vaillant, un manifestant gravement blessé au pied par une munition de ce type lors d’une manifestation. Il n'a jamais obtenu gain de cause auprès de la justice. La France est le seul pays en Europe à utiliser des munitions explosives en opération de maintien de l'ordre contre des manifestants.

Jade Lindgaard Médiapart
Vendredi 18 août

Manifestation du 15 août : 

témoignages des équipes médicales de la lutte de Bure 

 

Nous ne voulons pas tomber dans une contre-propagande victimaire, un bilan morbide ou une surenchère guerrière mais documenter au mieux les attaques de la police sur le cortège et le tournant répressif du gouvernement. Face à sa stratégie d'asphyxie nous allons tenter dans les prochains mois de prendre de l'air. 
 
À Bure le 15 août 2017 le cortège d’environ 800 personnes n’avait jamais été aussi massif pour une manifestation non déclarée à Bure. Face à elle, la Préfecture a choisi délibérément une stratégie d’asphyxie et d’agression entraînant de nombreux-ses blessé-e-s. Le dispositif policier de la journée était deux fois plus important que celui mis en place lors de la manifestation du 18 février 2017, à savoir qu’une quinzaine de fourgons de gendarmes mobiles ont été comptabilisés, ainsi qu’un canon à eau.

Le trajet de la manifestation, partant en direction de Saudron et non du laboratoire, était pensé précisément pour éviter la «zone rouge» fortifiée, le dispositif anti-émeute, et les affrontements. L’objectif était de se rendre sur un grand terrain entre le village de Saudron et de l’Espace Technologique (bâtiment de l’Andra), pour y visibiliser un site néolithique de très grande importance découvert par les fouilles et occulté par l’Andra. 



Cependant la préfecture a tenté de provoquer délibérément l’affrontement en plein milieu de Bure, 100m après le départ de la manifestation : plusieurs fourgons avaient été postés à la sortie du village. Plutôt que de tomber dans ce piège, les manifestant-e-s ont intelligemment choisi d’éviter la confrontation et de faire un détour de 4km à travers champs pour atteindre le terrain envisagé. À deux pas de l’objectif, à la sortie de Saudron, plusieurs fourgons de GM et un canon à eau ont été de nouveau déployés, et les premiers tirs de lacrymos envoyés, rendant inévitable les affrontements en plein milieu du village…

Le dispositif policier

Outre les pluies de lacrymos et l’usage du canon à eau, la police a utilisé des lanceurs de balle de défense, notamment au-dessus de la ceinture (ce qui n’est pas « légalement » autorisé), provoquant des blessures notables sur plusieurs personnes. Mais également de nombreuses grenades de désencerclement ou assourdissantes, tirées à la main mais aussi avec des lanceurs jusqu’à plusieurs dizaines de mètres derrière les lignes d’affrontement, entraînant de lourdes blessures.


Sur une petite portion des affrontements en fin de manif ont été relevés (au moins) les restes d’une bonne quinzaine de grenades assourdissantes, 12 tirs de LBD , 4 grenades de désencerclement. Ce qui donne une idée de l’ampleur globale de la journée.

Relevé des personnes blessé-e-s

Les équipes médics dénombrent plus de 30 blessés, parmi lesquels quelques unes avec des blessures conséquentes, et 3 hospitalisations. On peut notamment mentionner une hospitalisation pour une blessure très grave :

  • Un manifestant a eu le pied déchiqueté après l’explosion d’une grenade assourdissante, entraînant une triple fracture ouverte sur les os métacarpiens. Les chirurgiens ayant pris en charge le blessé, après premiers soins par l’équipe médic, parlent maintenant d’un risque d’amputation des orteils à cause de la présence de plastique fondu de sa chaussure dans les tissus. ⇒ Une photo est disponible ici, attention elle est très choquante.
Lors de l’évacuation des blessé-e-s, les forces de l’ordre ont pris pour cible les groupes de personnes qui étaient en train de venir en aide aux blessé.e.s, en engendrant panique et nouvelles blessures.

Pour les blessé-e-s les plus graves, les services publics de secours ont été appelés mais nous n’avons pu que constater leur difficulté à gérer des blessures balistiques pour lesquelles ils ne semblent pas être formés. Faut-il former les services de secours à soigner des blessures « de guerre » ou arrêter d’utiliser des armes à feu sur des civils susceptibles de mutiler et tuer, contrairement à ce que suppose leur « non-létalité » ?

Ce bilan est extrêmement lourd et s’additionne à celui, déjà très violent, de la manifestation du 18 février 2017, où une vingtaine de personnes avaient été blessés et 2 hospitalisées.

Potentielles suites répressives pour les personnes hospitalisé-e-s

Non content de se limiter à blesser, mutiler et peut-être amputer des manifestant.es, la police va jusqu’à les assaillir dans les hôpitaux, parfois avant même qu’ielles soient soigné-e-s, pour les auditionner voire les perquisitionner :
  • Une personne hospitalisée à Neufchâteau a vu débarquer la police dans sa chambre pour contrôler son identité. 
     
  • À l’hôpital de Nancy, la police a auditionné le manifestant sévèrement blessé au pied dans l’après-midi du 16 août, 1h30 d’interrogatoire épuisant par des gens responsables d’une possible amputation. Une question sur deux le concernait, les autres étaient sur la manifestation. « J’accepte l’audition mais je ne vous dirai rien vous avez bousillé ma vie », réponse sur le ton du gentil flic « On est là pour vous, pas contre vous, là pour vous aider. » 1h30 plus tard, les policiers reviennent avec un ordre de perquisition pour contrôler ses vêtements. « Je suis fatigué, vous me mettez la pression, c’est la deuxième fois que vous rentrez dans ma chambre ! ». Réponse : « J’ai été gentil, j’aurais pu ne pas l’être. » 
     
Une stratégie répressive de plus en plus brutale.

Il est loin le temps où la stratégie de l’Andra et de la Préfecture se résumait à « ne faisons pas de vagues  », pour éviter de trop visibiliser la contestation du projet. Depuis quelques mois la stratégie policière évolue vers un tournant de plus en plus agressif : intimidations et provocations au quotidien, asphyxie directe des manifestations, blessés graves. Bien loin de se cantonner à protéger le laboratoire et les autres infrastructures comme c’était le cas par le passé, les gendarmes ont reçu l’ordre de venir directement au contact des manifestant-e-s en plein milieu des villages, pour apeurer les gens, favoriser la division, blesser, mutiler… Jusqu’où ira-t-elle ?

L’objectif d’un tel communiqué n’est pas de tomber dans une contre-propagande victimaire, un bilan morbide ou une surenchère guerrière. Il est de documenter au mieux les attaques de la police sur le cortège, et d’offrir un témoignage sur l’évolution continue du dispositif répressif à Bure. Nous prenons acte de cette stratégie d’asphyxie et, dans les mois et années à venir, nous allons chercher à nous donner de l’air de multiples manières.

Témoignage de Robin, gravement blessé au pied  

Robin a écrit ce témoignage le 16 août, dans sa chambre d’hôpital, pour transmettre à tout le monde :

« Je suis Robin,la personne qui a été blessée au pied par une des nombreuses grenades assourdissantes que les gendarmes mobiles ont lancé sur les manifestant-e-s, aux alentours de Bure mardi 15 août 2017.  Je suis à l’hôpital de Nancy. Mon pied est dans un sale état, la grenade l’a creusé sur une profondeur de 3 cm et un diamètre de 13 cm. Les os sont pour la plupart brisés. Certains ont même disparus, pulvérisés. La chaussure a été explosée, le plastique a fondu et s’est engouffré dans la plaie, si bien qu’une infection est probable, ce qui nécessiterait l’amputation des 5 orteils. À cela s’ajoute une trentaine d’éclats répartis dans l’autre jambe.

Les gendarmes ont tiré une quinzaine de grenades assourdissantes, ils ne courraient aucun danger.

Juste avant que mon pied saute, j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête.
Pour moi la volonté des forces de l’ordre à ce moment là est très clairement de blesser ou tuer, dans le but de terroriser ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas encore. Sur le brancard de l
équipe médic dont je salue le courage et l’efficacité, j’ entendais encore les grenades exploser. Malgré le brutal changement que cette blessure va provoquer dans ma vie de père de 2 enfants en bas âge, j’appelle plus que jamais à continuer le combat, à le prendre ou le reprendre pour certain-e-s. » 

Écrire à Robin et aux autres copaines blessé-e-s : Pour écrire et témoigner de notre soutien à Robin et aux autres copain-e-s blessé-e-s lors de la manif, n’hésitez pas à écrire à la Maison de résistance à Bure, 2 rue de l’Église, 55290 BURE. Les témoignages de soutien lui seront transmis.



Sauvonslaforet sur Médiapart


Vendredi 18 août

Aujourd'hui 18 août, c'est l'anniversaire de l'assassinat de Federico Garcia Lorca par les fascistes à cause de ses convictions. Aujourd'hui, plus que jamais, il est opportun de se rappeler de quelques uns de ses écrits :

"...La calle más alegre del mundo, la calle donde viven juntas a la vez las cuatro estaciones del año, la única calle de la tierra que yo desearía que no se acabara nunca, rica en sonidos, abundante de brisas, hermosa de encuentros, antigua de sangre: Rambla de Barcelona".

Federico García Lorca


"... La rue la plus joyeuse du monde, la rue où vivent en même temps les quatre saisons de l'année, la seule rue de la terre que j'aimerais ne jamais voir se terminer, riche en sons, généreuse en brises, belle de rencontres, vieille de sang : Rambla de Barcelone". 
 
Federico García Lorca

No passaran


Xavier Montserrat


Infos du 21 au 27 août

Mercredi 23 août

Quand les dockers de San-Francisco 

appellent à la grève contre les suprémacistes


Le 26 août, un groupe suprémaciste blanc a prévu de défiler à San-Francisco. Il devra se frotter au syndicat des dockers, l’ILWU, qui appelle à la grève et à marcher sur le lieu du rassemblement. Une mobilisation syndicale qui donne corps à la devise « une injustice faite à l’un ou l’une est une injustice faite à toutes et tous ».

La motion ci-dessous a été adoptée le 17 août par la section de San-Francisco de l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU, syndicat des ports et docks). Ce syndicat de masse, organisant la puissante corporation des dockers et dont 60 % des membres sont afro-américains, se réclame d’une longue tradition de riposte ouvrière au racisme et au fascisme. Outre les exemples qui en attestent cités dans le texte de l’ILWU, le site britannique libcom.org, qui a mis en avant cette action, en mobilise d’autres à l’appui.

En 1939, les dockers de la côte Ouest organisaient le boycott du chargement des navires qui transportaient l’acier nécessaire au Japon impérial dans sa guerre contre la Chine. En 1984, onze jours durant, la même section de San-Francisco de l’ILWU bloqua les navires Sud-africains pour protester contre l’apartheid. En janvier 2017, lors de l’inauguration de la présidence Trump, alors que 354 dockers étaient attendus au port, seuls 35 prenaient leur service, l’ILWU ayant appelé à ne pas travailler ce jour-là.

Ce n’est donc pas tout à fait un hasard si l’ILWU reprend la devise des syndicalistes révolutionnaires de l’IWW qui refusaient le racisme et combattaient déjà en 1905 le Ku-Klux-Klan : « an injury to one is an injury to all / « une injustice faite à l’un ou l’une est une injustice faite à toutes et tous ».

Motion de la section de San-Francisco de l’ILWU (local 10) appelant à bloquer les fascistes en cessant le travail et en manifestant à San-Francisco ce 26 août 2017

Alors que des fascistes, le Ku-Klux-Klan, des nazis et d’autres suprémacistes blancs se sont rassemblés et ont marché aux flambeaux à Charlottesville, dans une ambiance de lynchage et de terreur, la foule scandant des slogans racistes, anti-immigrés et antisémites ;

Alors que cette attaque s’est conclue par la mort d’une contre-manifestante antiraciste et en a blessé plusieurs autres lorsque l’un de ces fascistes les percuta en voiture ;

Alors que le président Trump a cherché à dédouaner cette attaque violente et mortelle, fasciste et raciste, en prétendant que « les deux côtés étaient à blâmer », qu’il a dénoncé les antiracistes s’en prenant aux statues confédérées, des statues qui honorent l’esclavage, jetant ainsi de l’huile sur le feu de la violence raciste ;

Alors que le Klan, les nazis et d’autres terroristes racistes représentent une menace mortelle pour les Afro-Américain.es, les Latinos et les immigré.es, tout autant que pour les Musulmans, les Juifs, les LGBTQ et bien d’autres encore, mais aussi directement pour les membres de notre syndicat et pour le mouvement syndical dans son ensemble ;

Alors que le groupe fasciste « Prière patriotique », qui a déjà organisé de violentes provocations racistes à Portland, en Oregon et ailleurs, a annoncé qu’il se réunirait à Crissy Field le samedi 26 août, y conviant des nazis et d’autres groupes suprémacistes blancs violents ;

Alors que, à des années lumières d’une question de « liberté d’expression », les provocations racistes et fascistes constituent une menace mortelle, comme nous l’avons vu à Portland le 26 mai dernier quand un nazi a assassiné deux hommes et en a presque tué un autre qui tentait de défendre les deux jeunes femmes afro-américaines qu’il menaçait. Nos sœurs et frères du mouvement ouvrier de Portland ont alors répondu à la terreur raciste avec toute la puissance de la solidarité ouvrière, mobilisant les membres de 14 syndicats contre le rassemblement fasciste et raciste du 4 juin [déjà appelé par le même groupe suprémaciste] ;

Alors que la section de l’ILWU de San-Francisco a une longue et fière histoire de résistance au racisme, au fascisme et au fanatisme et qu’elle a su mobiliser toute sa puissance syndicale pour ça : ainsi, le 1er mai 2015, rejoints par des milliers de personnes, nous avons fermé les ports de la baie et manifesté jusqu’à Oscar Grant Plaza à Oakland pour exiger la fin de la violence et de la brutalité policière contre les Afro-Américains et toutes les autres victimes de celle-ci. La zone de la baie de San Francisco est un bastion syndical et nous n’autoriserons aucun de ces anti-syndicalistes, aucun de ces suprémacistes blancs, aucune bande de lyncheurs à venir ici répandre la terreur.

En conséquence, la section de l’ILWU de San-Francisco, s’inscrivant dans la meilleure tradition de notre syndicat qui combattait déjà l’extrême droite lors de la grande grève de 1934, appelle à cesser le travail ce jour-là et à marcher sur Crissy Field pour empêcher cette tentative d’intimidation raciste et fasciste de se tenir dans notre ville natale. Nous invitons tous les syndicats, toutes les organisations antiracistes et antifascistes à se joindre à nous pour défendre nos organisations, les minorités raciales, les immigré.es, les personnes LGBTQ, les femmes et toutes et tous les opprimé.es.


Banderole de la section de San-Francisco de l'ILWU (local 10)


Contre les grands projets 

 

bonne nouvelle dans le projet CGO (contournement de Strasbourg par une rocade) : deux avis défavorables ont été émis par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) à Vinci et la Sanef. plus d’infos sur le site de GCO NON MERCI ici

Vendredi 25 août

Communiqué de presse 

pour une meilleure gestion de l'eau

Lisle sur Tarn, 21 août 2017 


Pour une meilleure gestion de la ressource en EAU,

Le Collectif Testet répond à la FDSEA et les JA du Tarn

Suite aux déclarations du 9 août 2017 de Nicolas Hulot et Stéphane Travert concernant leurs actions pour une meilleure gestion de la ressource en eau en période de sécheresse, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) du Tarn persistent dans la croyance que la création de retenues stockant l’eau l’hiver pour une restitution l’été est « La Solution » pour s’adapter au changement climatique (cf leur communiqué repris par France 3 Tarn le 11/08/17).

Or, cette année, la situation qui touche toutes les régions françaises, dont certaines largement pourvues en retenues, montre justement, que ces retenues ne sont que de fausses solutions d’adaptation.

En effet, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM, bilan du 16/08/17) : « deux tiers environ des nappes (71 %) affichent un niveau modérément bas à très bas. Cette situation de basses eaux n’est pas totalement inhabituelle pour cette période de l’année mais elle est tout de même assez dégradée. Elle est la conséquence du déficit de recharge hivernale cette année. » 


Le problème n’est donc pas la conséquence des températures estivales – malgré quelques poussées caniculaires –mais découle de la faiblesse du rechargement des nappes phréatiques et du remplissage insuffisant des retenues durant l’hiver et au printemps. Pourquoi donc rajouter des retenues si elles ne peuvent se remplir ?

Les études hydrologiques montrent - et notamment sur le Tescou, où se situait le projet de barrage de Sivens - que les débits en période hivernales ont diminué, en moyenne, d’environ 50 % depuis 42 ans (avec évidement des fluctuations selon les années). Des experts et scientifiques ont montré que ce déficit en eau était pour moitié dû au changement climatique et pour moitié à certaines pratiques agricoles qui détruisent la vie du sol et lui enlèvent sa capacité de stockage d’eau et de recharge des nappes phréatiques. Ces pratiques favorisent ainsi l’érosion des sols et leur perte de fertilité.


Rappelons à ces deux syndicats agricoles qui participent au projet de territoire sur le bassin versant du Tescou, qu’à ce jour, même si ce n’est pas exclu, il n’y est pas acté la nécessité d’une nouvelle retenue sur le bassin qui s’ajouterait aux 185 existantes et en partie sous-utilisées…


Ce qui a été acté est cohérent avec ce qu’ont déclaré Nicolas Hulot et Stéphane Travert, à savoir qu’il convient, en premier lieu, d’étudier toutes les possibilités d’économiser l’eau et de mieux la conserver dans les sols (y compris à travers l’évolution progressive des pratiques agricoles), puis d’analyser les ressources existantes pour en améliorer la gestion, et, si ces actions prioritaires s’avèrent insuffisantes, de  réaliser, là où c’est « utile et durable », des « projets de stockage hivernal de l’eau ».

L’ensemble de ces questions sur l’eau, ainsi que celles sur les autres moyens d’assurer l’avenir de toutes les fermes du bassin et, plus largement, de toute sa population, sont à l’ordre du jour des réunions du projet de territoire du bassin versant du Tescou prévues en septembre. Lors des réunions précédentes, la grande majorité des participants a souligné que c’est une approche globale qui doit être mise en œuvre sur le bassin.


Le Collectif Testet espère donc que la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) du Tarn continueront à participer à ce processus de co-construction du projet de territoire avec une approche pragmatique mais globale et au service de tous les agriculteurs du bassin.
 
A lire également :

* Le communiqué de presse de FNE
* Le comuniqué de presse de la Confédération Paysanne


Collectif Testet


Dimanche 27 août

AntiRep 

 

On relaie ce témoignage ACcABlant sur les agissements de la police envers les réfugié-es dans la zone frontalière franco-italienne. « Ne collaborons pas avec les violences de l’état et de ses hommes en armes, aux frontières et partout ailleurs. Résistons. »

Infos du 28 au 31 août

Mercredi 30 août

AntiRep

 






Rappel : « A peine deux mois après le G20 d’Hambourg, et alors que les élections allemandes approchent, le ministre de l’intérieur Thomas De Mazière a décidé de bannir Indymedia Linksunten, allant même jusqu’à interdire son logo. Des perquisitions dans plusieurs lieux ont en outre accompagné cette attaque, dont dans un centre social de Freibourg, qui a mobilisé 250 policiers anti-émeutes pour sécuriser la ville ». A suivre...





Jeudi 31 août

Le projet EuropaCity se heurte 

à une nouvelle embûche


Fait rare, le commissaire enquêteur rend un avis défavorable sur le document devant rendre constructible le triangle de Gonesse, où un complexe commercial immense est prévu pour 2024. Il ouvre la voie à des recours juridiques. Pour les opposant.e.s, « le rapport de force est en train de changer ». Nicolas Hulot appelle à protéger les terres agricoles. 
 



Ce n’est qu’un avis consultatif mais il dresse un obstacle de taille sur la route du projet EuropaCity. Le commissaire enquêteur vient de rendre un avis défavorable à la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de Gonesse, qui doit rendre constructibles les parcelles convoitées par Immochan pour y construire son centre commercial et de loisirs. Il est rare que la conclusion d’un rapport d’enquête publique soit aussi négative et s’appuie sur des arguments aussi détaillés que sous la plume de Ronan Hébert, un enseignant-chercheur à l’université de Cergy-Pontoise. « Le rapport de force juridique est en train de changer, se réjouit Bernard Loup, du Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG), chef de file des opposant.e.s. La balle change de camp. Il faut maintenant reprendre la discussion sur l’avenir de ce territoire au niveau régional. » Pas du tout pour David Lebon, directeur du développement d’EuropaCity : « Ce sera un avis parmi d’autres, un document supplémentaire versé au dossier, mais ça ne change pas grand-chose sur le fond. »


Au-delà de l’habituel jeu de communication, ces réactions tranchées révèlent à quel point les conclusions du rapporteur touchent des points sensibles. Bien que non contraignantes, elles pourraient mettre en difficulté le projet du géant de la grande distribution (voir notre enquête sur ce projet hors norme). Le commissaire enquêteur n'est pas un expert. C'est un professionnel reconnu comme compétent par la justice pour apprécier l'acceptabilité sociale et environnementale d'un projet.


Visualisation du projet EuropaCity (DR)

La commune de Gonesse (Val-d’Oise) souhaite rendre constructible une partie des 700 hectares de terres agricoles qui s’étendent entre les aéroports de Roissy et du Bourget, connus sous l’appellation de « triangle de Gonesse ». L’aménageur public, Grand Paris Aménagement, y développe un projet de ZAC (voir ici notre enquête à ce propos). C’est sur cette surface qu’EuropaCity doit sortir de terre en 2024 : portée par Immochan, la filiale immobilière d’Auchan, cette galerie de boutiques, d’hôtels et d’activités de loisirs, est un des plus grands projets d’aménagement de la région Île-de-France. Il incarne aussi la volonté transformatrice du Grand Paris. Le groupe chinois Wanda doit y investir 3,1 milliards d’euros et il doit s’étendre sur 80 hectares. La piste de ski artificielle et le parc aquatique qu’il promet de construire sur les parcelles aujourd’hui céréalières de cette banlieue nord de Paris sont devenus les symboles du bétonnage de terres précieuses dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour la préservation de l’autonomie alimentaire de l’Île-de-France.

Que reproche le commissaire enquêteur au PLU de Gonesse ? D’ouvrir la voie à un aménagement du triangle qui « présente des impacts environnementaux négatifs à très négatifs, [lesquels] vont à l’inverse des grandes orientations politiques nationales et internationales en matière de lutte contre la disparition des terres agricoles, de lutte contre le réchauffement climatique ». Sur le plan économique, « la création d’emplois et de richesses annoncée est mise à mal par des études extérieures ». L’ouverture de cet énorme centre commercial (30 millions de visites attendues chaque année) pourrait se faire « au détriment des activités présentes sur les territoires voisins ». Quant aux effets sociaux mis en avant par le promoteur, « l’insertion envisagée n’est pas suffisamment argumentée et même remise en question ». Les objectifs d’emploi « sont peu en phase avec le niveau de formation local ». Le risque d’un transfert d’emplois impliquant la destruction d’autres sur les territoires voisins « n’est pas compatible avec un développement équitable ». Le rapport insiste aussi sur la division des acteurs économiques du Grand Roissy sur l’opportunité d’EuropaCity – la commune voisine d’Aulnay-sous-Bois y est ouvertement opposée.


La mairie de Gonesse, dirigée par le socialiste Jean-Pierre Blazy, rappelle dans un communiqué que l’avis du commissaire enquêteur n’est que consultatif. « Les conclusions du rapport ne sont pas de nature à remettre en cause le principe de l’aménagement du triangle de Gonesse. » Le conseil municipal doit décider s’il vote la révision du PLU en l’état actuel, s’il le modifie ou s’il entreprend de le refaire entièrement. La dernière hypothèse semble improbable. La commune ne communique pas de calendrier de décision. Le prochain conseil municipal se tient le 26 septembre. Difficile d’imaginer que les élus se réunissent sans discuter du problème.

« Fragilité juridique du projet »


De son côté, EuropaCity critique le manque d’objectivité du commissaire enquêteur, qui a repris sous sa plume les sujets et les arguments des opposant.e.s et non ceux mis en avant par le promoteur, affirme David Lebon : l’investissement économique d’une ampleur inédite, la création d’emplois, l’amélioration de l’image de ce territoire déshérité, la contribution financière à la gare « Triangle de Gonesse » de la ligne 17 du Grand Paris. Le groupe dit aussi avoir relevé des erreurs dans le rapport d’enquête publique. Par exemple, parler de biodiversité au sujet du triangle, alors qu’aucune espèce protégée ne vit sur ces parcelles de cultures céréalières conventionnelles.

Ils pourraient rencontrer Nicolas Hulot dans les prochains jours pour plaider leur cause. Ils ont également invité les opposant.e.s à venir leur présenter leur projet alternatif pour le triangle de Gonesse : CARMA (Coopération pour une ambition rurale métropolitaine et agricole), qui voudrait transformer le triangle de Gonesse, soit près de 700 hectares, en hub de l’agriculture périurbaine (voir ici), avec une ferme maraîchère solidaire, un farm lab, un centre d’échanges sur la sécurité alimentaire, une couveuse et de la formation pour le développement de l’emploi local.

Les porteurs de CARMA ont refusé. Leur projet est à leurs yeux incompatible avec la construction d’EuropaCity. Pour Robert Spizzichino, consultant en urbanisme et cheville ouvrière de CARMA, « ce rapport offre une opportunité fantastique pour proposer autre chose pour ce territoire ». Pendant l’été, le jardin maraîcher planté par les opposant.e.s le 21 mai sur le futur site d’EuropaCity a été vandalisé.

Sollicité par Mediapart, Grand Paris Aménagement, l’aménageur de la ZAC du triangle de Gonesse, explique : « On tient compte des avis et on se conformera à la décision des élus. On reste convaincus que le développement d’un pôle d’activité sous un couloir aérien dans une zone urbaine est pertinent. » Mais pour Florence Denier-Pasquier, juriste à France Nature Environnement, « l’avis du commissaire enquêteur renforce la fragilité juridique du projet. Il y a de vraies incohérences : entre l’échelle communale du PLU et l’ampleur régionale des impacts, entre l’obligation d’être dans une démarche d’évitement des dommages et l’absence de recherche de solutions de substitution à la destruction des terres agricoles ».


Affiche des opposant.e.s à EuropaCity (DR)

Autre enseignement du rapport du commissaire enquêteur : l’échec de la mairie de Gonesse à mobiliser les soutiens au projet. Une pétition sur papier d’opposant.e.s a recueilli plus de 1 000 signatures, dont 370 habitants de Gonesse. Alors que la pétition favorable à la révision du PLU n’a recueilli que 145 noms. La mairie de la ville a exercé des pressions sur les opposants locaux à au moins une occasion. L’Afcel 95, une amicale de locataires de La Fauconnière, un quartier de Gonesse, s’est vu menacer de perdre sa place lors d’une brocante municipale parce qu’elle faisait signer une pétition contre la révision du PLU sur son stand, selon le collectif d’opposant.e.s CPTG, dont elle fait partie.

Le commissaire enquêteur est nommé par le tribunal administratif. Si le PLU est voté par le conseil municipal de Gonesse, des opposant.e.s prévoient déjà de l’attaquer. Difficile pour le juge administratif d’ignorer l’avis du rapporteur qu'il a choisi. « La justice tranchera, mais il n’est pas exclu que le tribunal nous donne raison », analyse Bernard Loup. Or, si le PLU est annulé par la justice, tout le projet d’urbanisation du triangle tombe. Pourtant, les agriculteurs du triangle ont déjà été expropriés, alors même que les terres qu’ils cultivent n’ont toujours pas été reconnues officiellement constructibles. EuropaCity n’est toujours pas propriétaire du terrain, qui appartient en grande partie à la puissance publique à travers Grand Paris Aménagement. Autrement dit, malgré la déclaration d’utilité publique accordée à la ZAC du triangle, le projet est encore réversible.

Des travaux pourraient-ils commencer, malgré l’incertitude ouverte par les recours juridiques à venir ? La question va se poser pour tout le triangle, où une station de métro de la ligne 17 du Grand Paris Express est prévue. Or, EuropaCity a promis de financer une partie de sa construction – pour un montant non rendu public à ce jour. L’utilité de cette gare est contestée par les experts du CPTG.

L’avis défavorable du commissaire enquêteur s’ajoute à une liste déjà longue d’évaluations négatives ou critiques du projet d’urbanisation du triangle de Gonesse : avis de l’Autorité environnementale (sur le PLU de Gonesse et la ZAC), avis défavorable de la Commission départementale de la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF), opposition de la chambre d’agriculture régionale. Aucun de ces documents n’est juridiquement contraignant. Mais l’accumulation d’évaluations négatives porte atteinte au crédit du projet.

Jusqu’à quand les investisseurs pourront-ils ignorer les déconvenues administratives d’EuropaCity ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le groupe Wanda, principal investisseur du projet de centre commercial, connaît des difficultés financières. Il a annoncé début juillet céder 8 milliards d’euros d’actifs pour alléger son endettement. Mi-août, le Conseil d’État chinois a interdit aux sociétés nationales d’investir dans l’immobilier, l’hôtellerie, les loisirs, dans des pays jugés à risque.

Alors que le précédent gouvernement soutenait ouvertement EuropaCity, notamment par la voix de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, pourtant président de la COP21, Nicolas Hulot a déjà pris publiquement la parole contre le projet d’Immochan, lors de sa conférence de presse en juillet sur son plan climat et dans une interview au Monde mardi 29 août. Mercredi 30, sur France Info, il insiste : « Si on continue à consommer avec une telle gourmandise nos terres agricoles, à un moment se posera la question de notre souveraineté alimentaire […]. Les terres agricoles doivent rester des terres rares qu’il faut protéger. »

Son cabinet suit avec attention le dossier, sans prévoir d’intervention directe à court terme. Aucune réunion interministérielle n’est prévue à ce stade. En pleine préparation de la conférence territoriale sur le Grand Paris prévue fin octobre, les acteurs du réaménagement francilien regardent les voyants du projet EuropaCity passer au rouge.


Jade Lindgaard - Médiapart

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