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vendredi 25 août 2017

En Occitanie, le long casse-tête pour accueillir les réfugiés

 

  • par Reportage réalisé par Idhir Baha
  • Le 12 août 2017 à 10h46

[DOSSIER] En Occitanie, 

le long casse-tête 

pour accueillir les réfugiés 


Demandeurs d’asile. Logements, accueils, préfectures : un pêle-mêle et des systèmes D.

Fin 2016. La jungle de Calais est démantelée. Ses réfugiés répartis dans les bus, direction les régions de France. Le gouvernement, en pleine transition entre celui de M. Valls et celui de M. Cazeneuve, annonce ses objectifs afin que ces relocalisations, ressemblent d'avantage à des relogements réussis. Avril 2017. Le «camp exemplaire» de Grande-Synthe est incendié. Il faut agir, et vite.

Juillet 2017. Emmanuel Macron ne veut plus « d’ici la fin de l’année, avoir des hommes et des femmes (demandeurs d'asile), dans les rues et dans les bois ». Rare est la communication des préfectures sur le sujet, mais d'après les études de la Cimade, en juillet 2017, la région totalisait 800 places en CAO. La priorité des organismes telles l'Acal et Adoma, est de trouver des hébergements. Un travail considérable: une fois l'attestation de demande d'asile remise, le compte à rebours s’enclenche pour libérer la place aux nouveaux réfugiés, descendant souvent de Calais et Paris. Les places sont chères. Aujourd'hui, l'offre reste en deçà de la demande.

Où en sont les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) d’Occitanie, censés s’occuper et loger les réfugiés ? La gestion de ces centres est déléguée à des associations conventionnées. Telles Coalia, Adoma, Cosi, qui sont les plus connues. L’association catalane d’actions et de liaisons (Acal) de Perpignan, s’y est aussi engagée il y a deux ans. Un cas d’école Dès octobre 2015, l’Acal a accompagné l’ouverture de quatre CAO dans les Pyrénées-Orientales, et en novembre 2016, un CAO pour mineurs isolés (CAOMI), dans un camping VVF de Ste-Marie la Mer. « La démarche pour gérer les flux de réfugiés après Calais était politiquement intéressante », confie Laurent Alaton, sous-préfet de Prades (P-O), chargé de l’accueil des migrants. Pourtant, quatre mois plus tard, face aux obligations de la saison estivale, le CAOMI est fermé. « C’était une décision préfectorale de loger ces 80 mineurs isolés dans le village vacances. Un moyen d’éviter des dépenses, puisque l’électricité n’était pas payée par exemple », commente un adjoint communal. Par la suite, seule une quinzaine d’entre eux ont pu bénéficier d’un possible regroupement familiale en Angleterre. Les autres de ces jeunes ont été relogés dans les CAO de la région, à Montpellier, Nîmes, Vernet-les-Bains (P-O), ou encore St-Paul de Fenouillet (P-O). Pour pallier cette situation ambiguë, des chambres d’hôtels ont été réquisitionnées en plus à Perpignan, par l’Aide Sociale à l’Enfance, soulageant l’Acal.

  • Un bilan partagé

Le cas Ste-Marie la Mer est loin d’ être singulier, et montre l’ampleur de cette urgence sociale. En avril 2017, le petit village de Campôme (P-O), a ouvert un CAO pour accueillir des réfugiés de Grande-Synthe, après une première fermeture en 2016. Durant un mois, les réfugiés ont été instalés dans un centre de vacance de type similaire, et de même, il est fermé. Deux CAO sont créés dans la foulée, à Rivesaltes et Cabestany, et ont pu recevoir les réfugiés de Campôme. Une belle réaction. Pourtant, aucune autorité préfectorale n’a voulu s’exprimer d’avantage, malheureux. « Un manque de transparence dans la procédure », dénonce Pierre Grenier, délégué de la Cimade Occitanie, un organisme qui « défend les droits des personnes réfugiées ». « Ils ont peu d’informations sur la destination. L’intégration est rare, et le financement n’est pas suffisant pour des actions supplémentaires». Même ressenti chez Jacques Ollion, directeur de la Cimade de Perpignan: « Nous n’avons pas accès aux CAO du département, seule une poignée de nos bénévoles y sont acceptés. Nous avions proposé un accompagnement et des activités quotidiennes, en plus d’une assistance face aux cas de la procédure Dublin (procédure européenne qui oblige le pays d’accueil, à renvoyer le réfugié vers le premier pays européen par lequel il est passé). Beaucoup de leurs résidents viennent chez nous prendre des cours de français d’ailleurs », détaille-t-il. « À Calais, on les rassurait. On leur disait que s’ils montaient dans les bus, ils auraient l’attestation de demande d’asile, et la procédure Dublin serait oubliée ». Chose assumée.

En tout cas dans le département catalan, où une grande majorité a bénéficié de l’aide administrative de l’Acal. Cette majorité a reçu l’attestation, avant la délivrance d’une carte de séjour.

  • « À deux travailleurs sociaux c’est impossible »

« Ce n’est pas le seul côté positif de l’Acal », souligne une bénévole indépendante, « elle les loge, leur trouve des solutions pour se nourrir, et fait les démarches à l’Ofii (Office Français Immigration Intégration), pour qu’ils suivent des cours de français après avoir reçu l’attestation ». Cependant, elle rejoint Pierre Grenier et Jacques Ollion, quant à « une véritable intégration. Faute de moyen, l’Acal ne dispense pas de cours de français pour ceux en attente du statut (après avoir reçu l’attestation), ni de loisirs, de rencontres, de sorties au quotidien. Qui sont au mieux, laissés à notre charge. Même avec la meilleure des volontés, à deux travailleurs sociaux par centre, c’est impossible ».

  • « Dieu merci ça va, j’ai une place »





« Dieu merci ça va. J’ai une place », se félicite Adam Omar Adam. Ce soudanais, passé par la Libye et l’Italie avant la jungle de Calais, loge aujourd’hui dans un CAO de l’opérateur ADOMA, à La Vache (Toulouse). « Le centre me paie la carte de métro. Il m’assiste un peu pour l’administratif et m’oriente vers le Secours Populaire. Un jour j’ai été vraiment choqué. Des amis afghans ont été attaqués, le CAO n’a pas su quoi faire », confie-t-il. « C’était agréable. On peut se poser », partage Meron, un Érythréen de 22 ans resté sept mois dans le CAO de l’Acal, à St-Paul de Fenouillet (P-O). Meron a suivi le même parcours de migration qu’Adam. «Très difficile», le regard empli de douleur.

« Il y avait deux bénévoles dans le CAO. Je suivais quatre fois par semaine des cours de français à la Cimade de Perpignan. Quand l’Acal m’a eu l’attestation de demande d’asile, elle m’a trouvé des cours à l’Ofii (Office Français Immigration Intégration). Mais ça signifiait pour moi de devoir quitter le CAO ». Aujourd’hui, Meron vit dans une famille d’accueil à côté de Perpignan, qu’il peut aider financièrement grâce à sa bourse de réfugié. « En septembre je rentre en Bac pro électricien. Je suis confiant, j’ai eu mon diplôme en Érythrée », sourire aux lèvres et sa carte de séjour à la main. À l’image de son très bon français, Meron est un exemple d’intégration réussie.

  • Des citoyens qui se bougent

Pour pallier la morosité de certains CAO, et surtout leurs manques de moyens, des associations citoyennes s’organisent. La page Facebook « WELCOME TO MIGRANTS IN PO », est l’initiative d’une Perpignanaise d’octobre dernier. Elle recense des volontaires, et les met en relation avec des CAO demandeurs, pour l’accueil de réfugiés. Le parrainage est privilégié, mais l’aide peut être de toute forme. Le réseau des étudiants toulousains en solidarité aux exilés et réfugiés (Retser 31), est un bel exemple d’initiative citoyenne. « C’est lors du démantèlement de la jungle de Calais que nous nous sommes mobilisés, à notre échelle. Le but est de créer du lien, entre réfugiés et étudiants, pour lutter contre l’isolement social de ces personnes ». Le RETSER 31, très actif dans la ville rose, compte plus de 120 bénévoles étudiants, qui organisent cours de français, collectes, soutiens administratifs et activités sportives et culturelles. L’association toulousaine est aussi à l’initiative de sensibilisation sur la question, via ses nombreux partenariats, comme Amnesty International et Médecins sans frontières.

Source : http://www.lindependant.fr/2017/08/12/dossier-en-occitanie-le-long-casse-tete-pour-accueillir-les-refugies,3041453.php#EPR-2-[Newsletter]-20170813-[les_+_commentes]


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