Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

jeudi 3 mars 2016

Chronique des ZAD février 2016 : A Notre-Dame-Des-Landes et ailleurs


Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé en février 2016 autour des Zones A Défendre : on y parle de Notre Dame Des Landes et aussi de Strasbourg – Toulouse – Saint Denis – NO THT (05) – Dijon – Agen - Aéroport en CRETE - Rouen – Gonesse – Gap - Grenoble - Calais

Merci à l 'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle


PROJET D’AYRAULT – PORT 

de NOTRE DAME DES LANDES (44)


Source : ZAD.nadir.org

février 2016

Et ailleurs : STRASBOURG (67) – TOULOUSE (31) – Saint DENIS (93) – NO THT (05) – DIJON (21) – AGEN (47) Aéroport en CRETE - ROUEN (76) – GONESSE (95) – GAP (05) - GRENOBLE (38) - CALAIS (62) 


ZAD de NDDL - 44 

Infos du 1er au 7 février 


Lundi 1er février

►Un article de Reporterre sur ce week-end des 30-31 janvier :
http://www.reporterre.net/Les- travaux-de-la-convivialite-ont-joyeusement-commence-a-la-Zad-de-Notre-Dame

Après ce week-end de chantiers sur la ZAD, la lutte repart de plus belle! Voici ce qui s'y est passé, en résumé :
Il en ressort qu'on en est à un tournant important de la lutte. La détermination du mouvement, avec de nombreux nouveaux comités de soutien et d'autres qui se "réveillent", et l'entêtement du gouvernement et des bétonneurs laissent penser que c'est le moment d'arracher l'abandon du projet. Des échéances importantes arrivent et de nouveaux recours sont à venir (5 nouvelles espèces protégées ont été découvertes récemment), s'ajoutant à ceux qui passeront en seconde instance : Fin de la validité des procédures d'expropriations (datant de 2012) en 2017 et fin de validité de l'enquête d'utilité publique en 2018 (car datant de 2008). En plus des élections présidentielles... A voir comment une bête acculée peut réagir dans une telle situation.


Sur le plan juridique, je n'ai pas trouvé de nouvelles du procès de la Noé Verte (où s'installe une conserverie). Le 23 février, 3 personnes passent en procès suite à un blocage de tracteurs. Le 24 février 19 personnes passent en procès pour "entrave à la circulation" et 8 d’entre elles pour "refus de signalétique". Le 26 avril, 11 personnes pour "entrave à la circulation".

Déroulé du week-end et compte-rendu des rencontres intercomités :
- De nombreux chantiers ont été terminés, avec au moins 800 participant-e-s (on se base sur les presque 700 repas distribués à la Wardine le samedi soir, sachant que d'autres lieux proposaient de se restaurer)


-Samedi soir : Point sur la lutte à la Wardine (ferme aménagée en lieu à concerts, salles de sport, etc) et repas.
Ensuite s'est tenue une discussion intercomités (présence de représentant-e-s de Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille, Rouen, Paris, Genève, Bretagne...).
Des rencontres intercomités décentralisées sont prévues les 13 et/ou 14 février pour se coordonner entre comités de soutien (par région ou unité géographique qu'on veut). Pour les comités du grand-ouest, un accueil sera prévu sur la ZAD. Pour les plus éloignés, à eux de voir (Toulouse a été proposée pour le sud-ouest car centrale). Il a été proposé d'y préparer la grooosse mobilisation du 27 février (ce qu'on veut y faire, comment voit-on la journée...), ainsi que l'après, avec une ou 2 journée d'actions de soutien coordonnées (cible commune, unité de messages, ... tout en conservant l'indépendance et la diversité des comités).
Le 28 février a été proposé comme journée de rencontre intercomités nationale pour mettre en commun les échanges des 13-14.


- Dimanche : Les chantiers se poursuivaient pour celleux qui le souhaitaient. De plus, les "Naturalistes en lutte" proposaient une ballade botanique sur la zone. Certain-e-s des comités de soutien se sont retrouvé-e-s à la "Chat-Teigne" pour discuter de chantiers collectifs pour reprendre possession du lieu (seules quelques personnes y vivent encore). Pour lui redonner vie, une semaine de chantiers pour les comités est en discussion/organisation pour le printemps.
Les flics du PSIG étaient installés sur un carrefour au nord de la zone dimanche soir. Pas de nouvelles spéciales sur le site...Il faut croire que les "troupes d'élite" de la gendarmerie servent de banal planton pour relever les plaques d'immatriculation (et utiliser les valises d'écoute généralisée, permises depuis peu par la loi sur le renseignement?)

PP 


Xavier Beulin promet de déloger toute nouvelle tentative de ZAD

Désormais, face à toute nouvelle tentative de ZAD, « on n’attendra pas les forces de l’ordre, on ira nous-mêmes les déloger », a prévenu le président de la FNSEA.
« Des sites comme Sivens, il n’y en aura plus au sens de l’occupation par des zadistes », a promis hier Xavier Beulin lors du sommet du 
végétal à Reims. Nous avons pris la décision en conseil d’administration de la FNSEA, il y a six mois maintenant, que désormais, face à toute nouvelle tentative de ZAD, on n’attendra pas les forces de l’ordre, on ira nous-mêmes les déloger ».

Le président de la FNSEA a estimé que le fait générateur de ces nouvelles ZAD, il n’y en avait qu’un : « Notre-Dame-des-Landes ». Il a fustigé la gestion du dossier par Jean-Marc Ayrault : « Quand même, vous avez un maire d’une grande ville qui se bat pendant 25 ans pour avoir un aéroport. Ce maire est nommé Premier ministre. La première décision qu’il prend par rapport son projet, c’est de tout mettre en œuvre pour finalement lui tordre le cou. Enfin, c’est quoi de faire de la politique, c’est quoi d’assumer des responsabilités ? »
« Sivens on peut en parler, aujourd’hui on est à nouveau parti sur une boucle d’études, de nouvelles études, de contre-études, de contre- projets. C’est in-te-nable ». Et Xavier Beulin de citer la réalisation exemplaire à ses yeux de Gabas dans les Pyrénées-Atlantiques, 20 millions de m3, avec quatre objectifs réunis, l’utilisation agricole pour l’irrigation mais aussi une « biodiversité remarquable », un « soutien d’étiage en particulier pour l’Adour », et les loisirs « avec chaque jour en moyenne 100 personnes sur le lac (aviron, activités nautiques) ».

« On fait cohabiter sur un même site à partir d’une création des activités diverses. Est-ce que l’on peut refaire cela ailleurs ? » s’est-il interrogé.

Philippe Pavard – La France agricole – 29-01-16 


Notre-Dame-des-Landes: la fabrication d’un mensonge d’État

Françoise Verchère est présidente du comité des élus contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, conseillère générale sortante de Loire-Atlantique, ancienne maire de Bouguenais – ville où se situe l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique. Elle vient de terminer l’écriture d’un livre intitulé « Notre Dame des Landes: la fabrication d’un mensonge d’État » où elle analyse la ritournelle du pouvoir sur ce projet d’aéroport et en démontre les impostures.

Alors que les événements s’accélèrent avec, hier, un lourd verdict d’expulsion pesant désormais sur les habitants et paysans de la zone, il est important de ne pas se contenter des incantations officielles sur l’«État de droit» ou l’«évacuation de la Zad». Ce projet d’aéroport est un mauvais projet, explique en substance Françoise Verchère, preuves à l’appui. Son décryptage, dense et implacable, est nourri par l’impressionnante documentation produite par l’ensemble des composantes d’une lutte active depuis plusieurs dizaines d’années. A la lecture de son texte, on se dit que si l’État était de bonne foi, il accepterait de rediscuter sur le fond du dossier plutôt que d’en faire un sujet de crispation politique et autoritaire – et de prendre ainsi le risque, assumé, de détruire des vies, comme il l’a déjà fait à Sivens. Et peut-être même plus gravement encore... Cette alerte doit être entendue.











Françoise Verchère, auteur

Nous reproduisons donc avec son autorisation ce texte très documenté, vif et rythmé, qui devrait par ailleurs être prochainement publié en version papier – en tout cas nous l’espérons !

Une version pdf du livre peut être téléchargée ici


La Parisienne libérée 


http://www.laparisienneliberee.com/notre-dame-des-landes-francoise-verchere/ 


La zad a vécu au rythme des appels d’offres ces deux derniers jours, les chantiers ont été nombreux et joyeux, les interactions riches et empreintes d’une belle énergie, et les rencontres abondantes entre occupant.es, habitant.es, comités, personnes venues pour la premières fois ou habitué.es de longue date...
Quelques photos sont déjà en ligne, d’autres viendront ! 



Récits du week-end depuis la presqu’ile de Guérande 




Et quelques impressions graphiques... 



Chez nos ami.es d’ailleurs, le week-end fut tout aussi convivial autour de manifestations contre l’aéroport, de décoration urbaine, et de mobilisation générale contre l’état d’urgence :
►à
Nancy
►à Bordeaux
►à Paris (Les copains-copines du 93 appellent d’ailleurs à se retrouver autour de la création d’un comité de soutien)

Du côté des politiques, le week-end a été mouvementé : Ségolène Royal affirme qu’il n’y aura pas d’évacuation par la force, ce qui nous vaut une grosse colère de Retailleau, tandis que Xavier Beulin montre les dents.(voir l'article plus haut) On leur conseille des tisanes de camomille et beaucoup d’ail, l’hiver a l’air de leur taper sur le système...

Comme il semblerait qu’on en ait pas fini, Indy Nantes résume pour toi tout ce que tu peux faire de chouette de ton mois de février ! Et pour bien finir ce lundi, un article chez lundi matin qui revient notamment sur le procès des expulsions, et sur l’intervention de papy- molotov dans une AG qui a suivie...

Mardi 2 février

►Un message de Jean-Marie Le Guen :
« Je peux vous le dire. L’automne prochain sera le moment décisif pour l’engagement effectif des travaux. Je suis heureux de vous

rapporter cette information, ou plus exactement de vous la confirmer. Toutes les procédures nécessaires auront été mises en oeuvre et l’ensemble des conditions seront satisfaites », a déclaré le secrétaire d’État, lors de la séance des questions au gouvernement.

Jean-Marie Le Guen a précisé que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve « souhaitera renforcer la présence des forces de l’ordre sur les communes concernées ». « Il est bien que tous les démocrates et tous les républicains, quelles que soient leurs opinions d’ailleurs, s’associent à cette volonté de faire la clarté sur le fait que la violence ne peut pas être une réponse dans la situation où nous sommes », a lancé aussi le secrétaire d’État. 


Ca c’est vraiment super, "la violence ne peut pas être une réponse dans la situation où nous sommes » // renforcer la présence policière. c’est quand même un peu paradoxal non.?? Ah oui, c’est vrai que chez nous c’est Mossoul.

►Un envoi d’une banderole de soutien :
http://img15.hostingpics.net/pics/155083banderolezad2.jpg 



Récit du week-end d’appels d’offres 


Avant même que le week-end ne commence, les 25 lots proposés dans le cadre de « l’appel d’offres de la zad pour un avenir sans aéroport » étaient tous pourvus, plus de 450 personnes ayant postulé en amont pour venir œuvrer à la construction de la zad en cette fin du mois de janvier.

Dès son ouverture samedi matin, le « bourreau d’intérim » installé à la Wardine voit s’allonger une file d’attente de candidat-e-s non inscrit-e-s sur un lot et impatient-e-s de se mettre au travail ! 



Certain-e-s arrivent armé-e-s de croissants et de taille-haies ou de pelles et de pioches, d’autres de leurs outils de menuiserie ou de matériel électrique, d’autres encore avec leurs seules mains et parfois même sans bottes ni imperméables ! Mais tout le monde trouve chantier à son pied, des lots supplémentaires permettent d’absorber tant bien que mal cet afflux de main d’œuvre surmotivée qui ne craint manifestement pas la pluie tenace du jour.

La D281 se met progressivement à fourmiller de nettoyeurs-euses, débrouissalleurs-euses et pelleteurs-euses acharné-e-s tandis qu’à proximité, le chemin d’accès des 100 Noms se transforme en « boulevard » drainé avec soin (mais cependant encore très boueux !). 



Grâce à la motivation générale du comité de la Chapelle sur Erdre, d’un groupe d’étudiants parisiens et du collectif des Scotcheuses, la corvée de creusement devient un spectacle insolite où l’on constate que les fossés avancent d’1 mètre toutes les 5 minutes ! 



A l’ouest de la zone, plus de 150 personnes dont 14 comités différents (Loire-Sillon, St Herblain-Indre, Rennes, Clisson ...) ont été organisées en « brigades » et, couvertes de boue de la tête au pied, débroussaillent et drainent d’arrache-pied pour ouvrir un nouveau chemin du Tertre à St-Jean-du-Tertre. 

chemin de Panama 

Ambiance beaucoup plus calme mais néanmoins travailleuse aux Rosiers où une joyeuse équipe dégerme des montagnes de pommes de terre produites sur la zad ; ou dans la salle de bain collective de la Wardine où des mains minutieuses posent de la mosaïque jusque tard dans la nuit. Aux Fosses Noires 50 Lorrains et Lyonnais étalent du remblai 


et construisent une mezzanine dans l’atelier de transformation. Dans le champ voisin, au Rouge et Noire, des cirés en provenance de St Jean-Le Pellerin s’acharnent à résoudre le casse-tête que constitue le montage des arceaux d’une serre. Et de l’autre côté de la haie, la cabane collective des Vraies Rouges prend de plus en plus forme sous les coups de marteau d’un groupe suisse. 


Au Domaine libéré un collectif de St-Denis commence une mezzanine et gratte les enduits de la salle de bain collective pour la rénover.

Pour elle-ux ce n’est qu’un début ici : illes reviendront poursuivre le chantier, comme de nombreuses autres personnes présentes ce week-end.

Au Phoenix des électriciens s’activent tandis que le salon est repeint et le jardin débroussaillé. A la Noë Verte l’aménagement de la conserverie avance à grande vitesse, tout comme celui de l’auberge des Q de Plomb au Liminbout où œuvrent une trentaine de personnes. 

Limimbout 


Juste à côté de celle-ci un autre groupe monte la charpente d’une bergerie pour les moutons de Sylvie et Marcel, habitants « historiques » que Vinci considère expulsables à partir de fin mars mais qui pour autant ont pris le parti de continuer à bâtir. Ils ont organisé le chantier de ce week-end avec leurs voisin-e-s occupant-e-s, l’occasion de passer du temps ensemble et d’accueillir 25 personnes pour des repas conviviaux où les Finistériens font le récit des actions de solidarité menées chez eux tandis que Marcel raconte l’actualité de la lutte ici. Quelques centaines de mètres plus loin, COPAIN accueille des Rouennais-es et d’autres motivé-e-s pour aménager la salle de réunion de Bellevue. 

Bellevue 

A l’Isolette une belle équipe concasse du remblai à en avoir mal au dos le lendemain. Au Maquis un comité sarthois restaure la cabane pour avoir un point de chute sur la zad en cas d’intervention policière. 



Une quinzaine de Dijonnais et leurs acolytes, pinceaux en main, réalisent une signalétique pour les entrées de la zad : « Bienvenue à la zad » ou « Ici territoire libre – le peuple décide ».

A la Chât-teigne des Bordelais et de nombreux autres nettoient et remettent en état des cabanes pour leur redonner un usage collectif. Près des Planchettes des Basques entretiennent les haies plantées collectivement en 2013. A la Grée le mur d’escalade s’élève. Etc. Etc. Et heureusement que la CGT ZAD, « comité de grève de la zone d’appel d’offres » intervient avec bières et fracas sur les chantiers pour forcer les travailleurs-euses à une pause bien méritée ! 

grève generale CGT ZAD 


Ces deux jours donnent une franche avancée à de multiples chantiers de la zad, mais ils sont aussi l’occasion pour de nombreuses personnes de mettre le pied ici pour la première fois, ou de mieux connaître les lieux. Le dimanche matin, alors que les travaux continuent, les Naturalistes en lutte baladent sur le terrain 250 personnes divisées en sept groupes curieux d’en savoir davantage sur la biodiversité de la zone. 



Et l’après-midi deux « visites guidées » arpentent chemins boueux et routes encombrées de voitures garées pour passer voir différents lieux de la zad et raconter ce qui se vit, se construit, et s’organise ici. 



Le week-end se termine avec une cérémonie de clôture qui célèbre les chantiers menés et instaure des jumelages entre les comités ou groupes venus participer et les lieux de la zad qui les ont accueillis : des bottes, des pierres ou des boulons scellent ces amitiés de lutte. Parce que les liens créés ou renforcés durant ces deux jours ont vocation à durer et que celleux qui ont mis de leur énergie à construire la zad cette fois-ci seront tout aussi prêt-e-s à la défendre si besoin. 


Jeudi 4 février 


COMMUNIQUE DE PRESSE du COPAIN44 

Nous prenons acte des récentes déclarations. Mais il n’y a pas de réponse claire et sans ambiguïté. Nous paysans de Copain 44 et d’ailleurs prenons acte des récentes déclarations de Ségolène Royal, et approuvons que les alternatives au projet d’aéroport à Notre Dame des Landes soient enfin envisagées comme nous le demandons tous depuis longtemps.

Nous voulons que ce soit les préliminaires à une vraie étude de fond objective de l’optimisation de l’aéroport actuel, et de l’abandon du projet de transfert. Toutefois, malgré les déclarations de la ministre, qui vont dans le bon sens, nous n’avons pas reçu aujourd’hui de réponse claire et sans ambiguïté quand au sort des habitants et paysans, historiques ou non, de la Zad de Notre dame des Landes.

Nous ne pouvons pas admettre que le couperet de l’expulsion plane au dessus de leurs têtes au quotidien. Nous décidons, donc, de poursuivre notre programme d’actions tant que Mr Hollande n’aura pas réaffirmé clairement et fermement qu’il n’y aura aucune expulsion de la Zad et qu’il n’y aura aucun travaux d’entrepris avant l’aboutissement de la totalité des recours juridiques auprès des instances françaises et européennes.

Sans réponse, nous continuons les occupations !

Aujourd’hui, jeudi 04 février à 11h20 :
1- Occupation de la sous-préfecture de
Redon 44 : Contact presse, comités et paysans de cette action : 06 31 62 24 53
2- Occupation de la sous-préfecture d’
Ancenis 44 : .Contact presse, comités et paysans de cette action : 06 34 14 94 24
3- Occupation de la sous-préfecture de
Saint Nazaire 44 : .Contact presse, comités et paysans de cette action : 06 14 76 22 37
4- Occupation de la sous-préfecture des
Sables d’Olonnes 85 : .Contact presse, comités et paysans de cette action : 06 88 39 92 40

Il n’y aura pas d’aéroport à Notre Dame des Landes, Nous mettrons tout en œuvre pour empêcher la disparition des terres de la ZAD et de tous ceux qui la font vivre.

La seule issue, c’est l’abandon du projet. Copain 44 - Contacts presse : 06 87 52 34 26 / 06 21 04 76 84

Nous renvoyons l’annonce de deux sous-préfectures de plus occupées par le COPAIN 44 :

5- Occupation de la sous-préfecture de
Cholet 49 : .Contact presse, comités et paysans de cette action : 06 33 36 47 71 

6- Occupation de la sous-préfecture de Saumur 49 : .Contact presse, comités et paysans de cette action : 06 87 45 62 33

7- Pour compléter la liste des sous-préfectures embêtées, celle de Segré 49 :
A l’initiative du COPAIN 49. Une trentaine de personnes se sont rassemblées vers 14h devant la sous préfecture, qui était fermée. Mais à l’aide d’une poule, de quelques épis de blé, et de la sonnette à notre disposition, le sous préfet est sorti discuter avec nous dans la rue. Il avait l’air surtout attaché à ce que les personnes présentes habitent bien dans le secteur de la sous-préfecture, surement encore la peur des étrangers. Mis à part à ça il n’était au courant de rien, il ne connait rien à l’agriculture, encore moins l’agriculture paysanne, et concernant le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, il ne connait pas le dossier. C’est à croire que les personnes qui nous gouvernent ne savent rien, on finit par se demander comment ils/elles peuvent avoir ce genre de responsabilité.


►On parle de la zad jusqu’en Crète, retour enthousiaste sur une soirée d’informations là bas 




« La zone humide de Notre-Dame-des-Landes est un milieu irremplaçable »

Entretien avec François de Beaulieu 



Le site du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est « un milieu d’une richesse unique », pourvu d’une grande diversité d’habitats et donc d’animaux et de végétaux. Les Naturalistes en lutte estiment qu’il devrait être classé Natura 2000. 
François de Beaulieu est membre du collectif des Naturalistes en lutte.


Reporterre – Pour les Naturalistes en lutte, le site de Notre-Dame-des-Landes pourrait être classé Natura 2000. Pourquoi ?

François de Beaulieu – C’est un milieu d’une richesse unique. Après trois ans de travail de terrain minutieux, nous avons cartographié des habitats naturels remarquables, dont plus de 35 hectares de prairie humide oligotrophe (des prairies pauvres en éléments nutritifs mais très riches en biodiversité). Il y a une grande diversité d’habitats : des mares, des talus... et donc une grande diversité d’animaux et de végétaux. Par exemple, le campagnol amphibie, un petit rongeur devenu peau de chagrin en Loire-Atlantique. Et, côté plantes, la présence de chênes tauzins est tout à fait remarquable. Avec le réchauffement climatique, ce chêne très résistant pourrait bien compenser la disparition de son cousin, le chêne pédonculé, qui ne résiste pas bien à la sécheresse.

Comment expliquer cette richesse ? 


C’est une relique précieuse d’une époque précédant la folie destructive du productivisme. Aujourd’hui, le bocage, ce milieu de faible pression humaine, est considéré comme le plus menacé en Europe. En Loire-Atlantique, il a été très abîmé par l’agriculture industrielle. C’est donc exceptionnel de trouver un ensemble aussi vaste et aussi bien préservé. Car le milieu à Notre-Dame-des-Landes est en très bon état, sans doute parce que les paysans locaux ont maintenu des pratiques agricoles peu intensives.

Pourtant, l’étude sur la faune et la flore avait conclu que Notre-Dame-des-Landes constituait un milieu banal...


C’est faux ! Le bureau d’études Biotope [qui a réalisé l’étude d’impact] n’a pas eu les moyens ni le temps de faire une prospection approfondie... Il a sous-estimé les surfaces de zones humides, fait des erreurs d’identification de certaines espèces. Bref, le dossier est mal ficelé et faussé. Nous avons découvert de nouvelles espèces pour la France. Et le triton marbré ou le triton de Blasius sont des populations d’importance régionale. Cette zone a un tel niveau de biodiversité qu’elle devrait être classée Natura 2000. C’est un milieu irremplaçable par la multiplicité des niches écologiques, la diversité des espèces et par ses deux siècles d’existence. Les travaux entraîneraient la destruction de dizaines de milliers d’individus et la disparition définitive de leurs habitats.

Propos recueillis par Lorène Lavocat - Reporterre

Vendredi 5 février

Les paysans maintiennent la pression contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes 


Pour demander au président de la République de choisir entre les postures guerrières de Manuel Valls et la volonté d’apaisement de Ségolène Royal, les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes se sont invités jeudi 4 février dans sept sous-préfectures. Qui ont souvent accepté de les recevoir.

Nantes, correspondance

Les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne désarment pas malgré l’apparente annonce d’un sursis obtenu par la demande de Ségolène Royal d’une remise à plat du dossier.

Inflexibles et déterminés, paysans et militants de comités locaux ont mené, jeudi 4 février, une opération « anti-Damoclès » dans sept sous-préfectures. Sans heurt, sans bousculade. Même si Ségolène Royal a affirmé qu’aucune évacuation de la Zad par la force n’aurait lieu, les menaces planent toujours sur les paysans historiques et les zadistes depuis la décision du 25 janvier du juge des expropriations autorisant les expulsions.

Les paysans et autres opposants ont évidemment remarqué la contradiction du gouvernement entre la volonté guerrière de Manuel Valls et l’apaisement souhaité par Ségolène Royal. Ils maintiennent la pression pour obtenir de François Hollande une « réponse claire et sans ambiguïté quant au sort des habitants et paysans, historiques ou non, de la zad de Notre-Dame-des-Landes », comme le demande le communiqué de Copain 44 (Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d’aéroport), organisateur des actions. « Nous ne pouvons pas admettre que le couperet de l’expulsion plane au-dessus de leur tête au quotidien. Nous décidons, donc, de poursuivre notre programme d’actions tant que M. Hollande n’aura pas réaffirmé clairement et fermement qu’il n’y aura aucune expulsion de la zad et qu’il n’y aura aucun début de travaux entrepris avant l’aboutissement de la totalité des recours juridiques auprès des instances françaises et européennes ! » « On ne se laissera pas endormir par des déclarations contradictoires », a souligné Vincent Delabouglise, pour le collectif Copain 44.

Il leur a fallu parfois ruser pour se faire ouvrir les portes

« Il faut enfoncer le clou maintenant, il y a danger pour les paysans ! On a insisté sur les dix-neuf voitures et les trois tracteurs confisqués après les opérations escargot, en liant ça à la répression anti-syndicale, comme pour les Goodyear », dit à Reporterre Michel Thuault, paysan bio et membre du collectif Copain 44. « On maintient la pression jusqu’à l’abandon du projet. D’autres actions sont prévues », prévient-il.

Il leur a fallu parfois ruser pour se faire ouvrir les portes des sous-préfectures, « mentir un peu, se faire passer pour une association bidon », montrer fausse patte blanche. À Ancenis et à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique, à Redon en Ille-et-Vilaine, aux Sables d’Olonne en Vendée, à Segré, à Cholet et à Saumur en Maine-et-Loire, les sous préfets ont le plus souvent bien voulu recevoir des délégations et entendre les doléances. À Saint-Nazaire, les manifestants ont attendu jusqu’à l’arrivée de la mobilisation de soutien aux huit syndicalistes de Goodyear. 

Sortie d’une délégation reçu dans une sous-préfecture, jeudi 4 février. 
« Pour nous, à Ancenis, la sous-préfète n’était d’abord pas là. Et puis, soudain, elle était là. On l’a sentie, non pas énervée, mais disons, un peu saturée par le dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, surtout qu’on lui a redit que si on devait revenir dix fois, on reviendrait dix fois. C’est un dossier qui pollue le bon fonctionnement de tout, qui mobilise des forces de police qui auraient bien d’autres choses à faire. Elle en a un peu ras la casquette », dit Michel Thuault.

À Saumur, une délégation est vite reçue pendant que le reste du groupe sirote du vin chaud au rez-de-chaussée. « Le sous-préfet nous a même filé sa carte de visite après une grosse demi-heure de discussion. Et, promis juré, il remontera tout ce qu’on lui a dit avant le coucher du soleil. On a eu un échange un peu vif sur ce qu’il appelle des “individus violents”, mais on lui a rappelé la mort de Rémi Fraisse à Sivens. Et on lui a souligné que la Zad, gelée depuis 40 ans [par le projet d’aéroport] est sauvegardée de l’industrie et du béton, elle offre un terrain à de belles expérimentations agricoles et innovantes. Le sous-préfet a aussi lâché que, selon lui, tous les
recours ne sont pas encore utilisés », rapporte Alain Guiffes, producteur laitier bio « Tout le monde sait que c’est une lutte qui va durer longtemps. On pense au Larzac, bien sûr. En tous cas, il faut garder ce qu’il y a de positif, les bonnes relations entre les paysans d’origine et les zadistes qui ont des projets agricoles concrets. »

Un échantillon de la vigueur de la mobilisation

Ils étaient une cinquantaine à Redon, vingt-cinq à Saumur, une trentaine à Ancenis, une quarantaine à Saint-Nazaire, une trentaine à Segré - plus une poule picorant le bitume et volant dans les plumes des élus régionaux « qui jettent de l’huile sur le feu », évoquant Bruno Retailleau, le nouveau président de la région Pays de la Loire, qui réclame instamment l’évacuation de la Zad. Les manifestant veulent croire qu’« il y a des voies médianes, qu’il y a matière à débat et au dialogue, où chacun peut trouver une porte de sortie ». À Cholet, l’action a été menée par une quarantaine de personnes. « Le double de ce qui était prévu. Pas mal pour une opération improvisée le matin même en passant deux ou trois coups de fil ! » note un militant.

L’autre message du jour est non verbal : c’est un échantillon de la vigueur de la mobilisation. Pour faire la démonstration que le mouvement anti-aéroport est prêt, qu’il est mobilisable sur plusieurs départements à la fois et qu’il peut réagir très vite en cas de tentative d’expulsion ou de début des travaux. Si nécessaire, cette mobilisation peut rapidement monter en puissance. Cette démonstration intervient de surcroît après le blocage du périphérique nantais et du pont de Cheviré le 9 janvier et après le week-end de travaux du 30 et 31 janvier sur une trentaine de chantiers de la Zad qui ont mobilisé un petit millier de bonnes volontés enthousiastes, dont des délégations des comités locaux anti-aéroport de toute la France et même de Genève et de Barcelone. Impossible de ne pas percevoir que les forces sont là, prêtes à défendre le haut lieu de la Zad, zone de résistance agricole, environnementale, naturaliste, anticapitaliste, autogestionnaire. 

Nicolas de La Casinière - Reporterre 

Des messages et actions de solidarités reçus de loin :


de Colombie, des étudiant-e-s de la fac de Cali (Univalle) envoient leur solidarité à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes

de Florence, où un rassemblement devant l’institut français a eu lieu le 26 janvier
Çà a un peu plus d’allure qu’une pétition lancée par un préfet à grand coup de pub ! 


Dans les milles et unes choses qui se font ici, il y a des cartes, et celle-là est bien jolie

Des communiqués et appels à venir le 27 février :

Communiqué de la CNT 44 : http://ulnantes.cnt-f.org/

Un appel de bordelais-e-s à organiser des bus et remplir ceux partant de Bordeaux pour le 27 février

►Pour participer à l’organisation de cette mobilisation, rdv à l’AG du mouvement de mardi prochain et lors des différents rdv de commissions

Samedi 6 février

Notre-Dame-des-Landes: bienvenue chez les dingues

Les contradictions permanentes du gouvernement sur la construction de l’aéroport du Grand Ouest ont un effet délétère sur la vie politique locale. En rendant impossible l’échange d’arguments rationnels, elles détruisent les conditions du débat démocratique.

Il était une fois une peuplade étrange. Ils étaient parlementaires, ministres, chef du gouvernement et président de la République. Ils exerçaient le pouvoir au plus haut niveau et prenaient des décisions graves et historiques pour leur pays : partir en guerre contre des groupes armés dans des pays étrangers, instaurer l’état d’urgence, exonérer d’une partie de leurs impôts les grands groupes industriels en échange de créations d’emplois.

Mais ils n’arrivaient pas à savoir s’ils voulaient ou non construire un aéroport de province. 

Bienvenue dans la France de 2016.

Huit ans après la déclaration d’utilité publique du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à une trentaine de kilomètres de Nantes, en Loire-Atlantique ; 42 ans après la création d’une zone d’aménagement différé par arrêté préfectoral, on ne sait toujours pas si la plateforme aéroportuaire sortira du sol. Quelques semaines après la clôture de la COP21, le sommet sur le climat, le gouvernement de Manuel Valls se contredit à un rythme ahurissant sur le sujet. 

zad-2013

Dimanche 31 janvier, Ségolène Royal, ministre de l’écologie et des transports, doublement en charge du dossier, déclare lors de l’émission C Politique : « C’est un projet qui remonte à plus de 15 ans. Entretemps des choses ont changé. Il y a des légitimités qu’il faut peut-être revisiter. Il y avait beaucoup de confrontations, de tensions, de violences au motif qu’il y avait des solutions alternatives qui n’avaient pas été vues. C’est maintenant devenu un grand principe démocratique depuis les conférences environnementales, j’ai demandé à mon inspection générale de mettre à plat, de voir s’il y avait des projets alternatifs ou complémentaires. De toute façon la situation est bloquée. On ne fera pas d’évacuation par la force, ça je peux vous le dire. C’est impossible. Il n’y aura pas d’évacuation par la force. Ce n’est pas possible. On ne va pas finir dans une guerre civile à Notre-Dame-des-Landes. Il va falloir reconstruire intelligemment des solutions. Quelles sont les grandes stratégies aéroportuaires dans l’ouest de la France ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on peut faire ? Des aéroports qu’on peut mettre en réseau ? De toute façon, il n’y aura pas de travaux tant que les contentieux ne sont pas terminés. Il y a un contentieux européen. Les réponses ne sont pas totalement apportées par les collectivités locales qui doivent reprendre les schémas locaux. »

Le verbatim de cette déclaration est instructif. Les propos de Ségolène Royal sont complets, précis et déroulent un raisonnement logique. Ils diagnostiquent un blocage du dossier : impossible de construire l’aéroport tant que la ZAD est occupée par 200 à 300 personnes et que localement les manifestations réunissent plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ils formulent aussi une piste de sortie de crise : réexaminer les alternatives au chantier. L’expression de la ministre présente donc les apparences d’une position officielle du gouvernement.

En fait, pas du tout.

Interrogé dans la foulée sur la portée des annonces de Ségolène Royal, l’Élysée renvoie vers Matignon, qui refuse de « commenter » les déclarations de la ministre de l’écologie. Pourquoi ? La réponse arrive mardi 2 février, par l’intermédiaire de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, qui déclare devant le Sénat lors des questions au gouvernement – un lieu où la parole de l’exécutif l’engage : « Je peux vous le dire. L’automne prochain sera le moment décisif pour l’engagement effectif des travaux. Je suis heureux de vous apporter cette information, ou plus exactement, de vous la confirmer. Toutes les procédures nécessaires auront été mises en œuvre et l’ensemble des conditions seront satisfaites. »

De son côté, le ministère de l’écologie confirme le lancement de sa mission d’inspection, mais ne précise pas s’il compte réaliser de nouvelles auditions ou synthétiser les nombreux rapports existants. Un rapport doit être rendu d’ici deux mois. Mercredi 3 février, Ségolène Royal confirme ses propos lors de la matinale de France Inter. Qui croire ?

À Nantes et aux alentours, partisans et opposants du projet d’aéroport en sont réduits à regarder tourner la girouette gouvernementale, épuisés et de plus en plus exaspérés. La Région des Pays de la Loire, présidée par le Républicain Bruno Retailleau qui a conduit une partie de sa campagne électorale contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, lance une pétition pour l’expulsion immédiate de la zone (10 000 signatures affichées samedi midi). Manifestement, le dialogue institutionnel avec les représentants de l’État ne fonctionne plus. 
Publicité publiée dans les journaux du groupe Ouest France. 


La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, héritière politique de Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre de François Hollande, cosigne une lettre à l’Élysée avec Bruno Retailleau (LR) et le président socialiste du département, Philippe Grosvalet, le suppliant de « trancher le débat dans la clarté » en faveur de la construction de l’aéroport, pour en finir avec « les exactions » subies par les riverains de la ZAD – sous-entendu, du fait des militants anti-aéroports. À leurs yeux, l’aérogare est « un équipement essentiel, reconnu d’utilité publique, dont la réalisation vise à améliorer l’attractivité et la connexion européenne et internationale des territoires de l’Ouest de la France ».


La confusion politique est à son comble puisque droite et gauche en viennent à tenir le même discours, tandis que l’agressivité des échanges croît. Dans les journaux du groupe Ouest France, vendredi 5 février, la Région s’est offert un encart publicitaire proclamant : « Exigeons l’évacuation de la ZAD », et appelant à signer la pétition initiée par Bruno Retailleau. Résultat : l’intersyndicale des journaux de la Loire (CFDT Ouest France, SNJ/Ouest France, Le Courrier de l’Ouest, Le Maine Libre et Sud/Presse Océan) proteste publiquement contre ce « message clivant et provoquant sur le sujet délicat du projet d’aéroport ». Et dénonce « la confusion des genres, la mise en cause de l’indépendance des journalistes et le danger qu’elle leur fait désormais courir physiquement ». Selon eux, « l’amalgame et la confusion que provoque cette publication payante du conseil régional se confirment dès ce jour sur les réseaux sociaux et lors des appels téléphoniques dans les rédactions ». Petite victoire des journalistes : ils ont obtenu que le message du conseil régional soit présenté comme une « publicité » et non un « publi-communiqué ».

Sur place, l’affaire fait grand bruit et suscite des réactions en dehors des rédactions directement concernées. Le Club de la presse Nantes Atlantique a lui aussi pris la parole pour « réaffirmer son soutien aux journalistes des médias concernés » et dénoncer « les multiples pressions que ces journalistes subissent depuis beaucoup trop longtemps sur ce sujet, pressions qui ne font que montrer le peu d’attachement aux principes démocratiques de ceux qui en sont à l’origine ».

Bilan des courses : les relations entre élus locaux, médias et État sont exécrables, les occupants de la ZAD deviennent un point de fixation obsessionnelle des discours sécuritaires instrumentalisés par la droite et la gauche locale. Les familles dont la justice vient de décider l’expulsion de la ZAD vivent une catastrophe personnelle.

Et plus personne ne s’interroge sur le bien-fondé du projet d’aéroport, alors que c’était le sujet rêvé pour la France de l’après-COP21 : comment repenser un projet de développement local et d’attractivité territoriale, sans saccager une des plus grandes zones humides du pays avec une machine à émettre des gaz à effet de serre. Les atermoiements de la puissance publique ont un effet délétère sur la vie politique et militante locale. En rendant impossible l’échange serein d’arguments rationnels et contradictoires, ils détruisent les conditions du débat démocratique.

Jade Lindgaard - Médiapart 

Aujourd’hui, c’était Karnaval ! On a joyeusement voulu en faire profiter la ville de Rennes, qui a été un peu redécorée pour l’occasion. Un peu de couleur dans ce monde de béton ! Le communiqué du NPA raconte l’ambiance conviviale et festive du carnaval. 

Témoignage d'une opposante à l'aéroport à la manif carnaval de Rennes



Aujourd'hui, j'ai été MATRAQUEE !

Fin de défilé carnavalesque anti-aéroport et son monde à Rennes...
La foule se disperse. Nous en faisons partie. Nous marchons tranquillement, bras dessus-dessous, masques retirés, sur le trottoir d'une grande avenue, pour regagner notre voiture.

Tout à coup, les gens courent et nous doublent. Je ne peux pas courir, mais nous accélérons le pas. Nous devinons une charge policière


avec jets de lacrymos.

Tout droit : un barrage policier. A gauche : une petite rue. Nous laprenons. Les gens ne courent plus. Nous avons ralenti notre pas. Peut-être cinq mètres de parcourus et je reçois un (des ?) coup(s) dans le dos. Puis les coups pleuvent. Toujours par derrière, mais sur les cuisses cette fois. Je continue à marcher ? je suis arrêtée ? je ne sais pas. Je sens juste les coups acharnés qui continuent encore et encore. La douleur est là. J'ai terriblement mal. Je ne dis rien ? je ne sais pas. J'entends seulement Alain qui crie, qui crie "arrêtez ! arrêtez !". Il ne me lâche pas. Je reste accroché à son bras. Je ne me retourne pas. Je n'ai pas vu le policier agresseur. Voulait-il me mettre au sol ? : je ne suis pas tombée. Peut-être la raison de son défouloir sur mes cuisses.

Et puis, çà s'est arrêté. Trois à quatre mètres parcourus et une terrasse de café, pleine. Les gens ont vu ? On veut me faire asseoir. J'en suis incapable. J'ai mal. Je suis debout. Je peux parler, mais difficilement. C'est l'émotion, l'incompréhension de ce qu'il vient de m'arriver...
La route a été longue pour regagner notre voiture puis notre domicile. J'ai pu joindre au téléphone quelques proches pour les nouvelles : un camarade a eu moins de chance que moi : matraqué à la tête, il était aux urgences...
Je ne veux pas être une martyre : je témoigne et dénonce que je suis une victime.
VICTIME DE VIOLENCES POLICIERES,
VICTIME DE L'ETAT POLICIER,
VICTIME DE L'ETAT QUI REPRIME AVEC SA POLICE ET SON IN-JUSTICE.
JE DENONCE CET ETAT D'URGENCE qui sous prétexte sécuritaire terroriste, veut museler toute contestation de rue, quelle soit environnementale, sociale, économique...
Ils ne nous muselleront pas ! la rue est à nous ! NOUS CONTINUONS !
J'ai mal mais je vais bien et si mon corps met quelques jours à se remettre : je reste debout et je ne lâche rien ! RESISTANCE !


Transmis par PP

Et pendant ce temps, ça se courtise et ça se pavanne dans les couloirs de Versailles-Matignon. Il est question de jouer aux chaises musicales prochainement : http://www.ouest-france.fr/politique/gouvernement/remaniement/remaniement-apres-le-refus-de-hulot-tout- reste-ouvert-4018003.

Et [Retailleau de gesticuler en brandissant sa - couteuse - pétition ->http://www.paysdelaloire.fr/accueil/] (la page d’accueil du site des PDL, pas moins !) que sa copine maire de Nantes refuse de signer. Devant cette campagne anti-ZAD, même Libé se moque du "petit roitelet" et de ses inaudibles menaces : "Plus de trois ans après, rien n’a vraiment changé. Dans les manifestations publiques comme sur les réseaux sociaux, les opposants au projet restent clairement plus audibles que les pro-aéroport.".

Communiqué du CéDpa

Le CéDpa qui est très soucieux de la bonne utilisation de l'argent public en cette période difficile et qui s'est réjoui de faire rentrer 876 599 € d'avances illégales consenties à AGO dans les caisses des collectivités locales s'étonne de la décision du Président de la Région de lancer une campagne publicitaire, payée par le contribuable, pour demander l'évacuation de la ZAD. Est-ce bien dans les compétences de la Région ? Est-ce une utilisation normale et régulière de l'argent public ? Le CéDpa demande à M.le Préfet de bien vouloir exercer son contrôle de légalité. Et rappelle à M.Retailleau qu'il serait plus utile de regarder enfin le fond du dossier, du point de vue économique et financier ce qui devrait être la première préoccupation d'un élu responsable.

Vous pouvez agir vous aussi ! Le CéDpa invite les élu-e-s et les citoyen-ne-s à interroger Monsieur le Préfet de Région sur la légalité de la campagne de communication de Bruno Retailleau, en utilisant si besoin la base du courrier de ce lien : http://aeroportnddl.fr/articles.php?lng=fr&pg=762


Du côté de chez Bolloré, on cherche à censurer la presse,

►tandis que le PS se fait beau pour 2017 et tente de rallier les écolos en déplaçant ses universités d’été... à Nantes


Infos du 8 au 14 février 


Lundi 8 février

Aujourd’hui à Rennes, 3 personnes doivent passer en comparution immédiate suite à la manifestation de samedi.

A Mr Retailleau : nous exigeons le maintien de la ZAD http://www.change.org/p/bruno-retailleau-exigeons-le-maintien-de-la-zad
On reçoit un tas de mails de gens qui sont complètement outrés du choix des rédactions de certains journaux locaux, d’accepter la diffusion des "publicité" payées par la région pour demander l’évacuation de la zad..

►!!! Surprise !!! ce matin il fait un vent à décorner les présidents de région !! hélas ce n’est plus visible actuellement mais le group opGPII nous a fait part de son "hacktion" nocturne : 



Le site du conseil régional a été quelque peu retourné, pour l’instant il fait clairement ..la gueule 


14H30 : Voilà, déjà les médias reprennent les communiqués du conseil régional préférant s’appuyer sur les dires et la mauvaise foi d’un mythomane multirécidivite qui déjà tente de se justifier d’avoir sous la main quelques petites signatures papiers à rajouter à sa pétition bidon, le temps que l’huissier arrive.


15H00 :                 //scoop : l’univers de Retailleau " s’effondre"

Ah enfin un geste la part du président de région qui commence à reconnaître ses fautes. Il semble que dans un accès de bon sens, Retailleau pourrait changer d’avis. Voici les mots qu’ils nous a confié et qu’ils souhaitent adresser à celles et ceux qu’il a blessé :

Mes chers concitoyens,

Aujourd’hui, après quelques semaines de mandature à la tête du conseil régional et au service du public, je vous dois un aveu. Je vous ai menti, j’ai tenté de vous manipuler, et pire, je viens juste de commettre une escroquerie en usant et abusant des moyens mis à ma disposition par la collectivité. Depuis plusieurs semaines déjà, j’ai relayé et inventé de nombreux mensonges, de nombreuses rumeurs au sujet de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes. Je savais ce que je faisais : en stigmatisant ce mouvement de résistance puissant et inspirant, j’ai juste voulu allumer un conflit, pour apparaître comme l’homme fort et volontaire à même de le prendre en charge. Tout entier guidé par mon ambition personnelle, ...

Les curieux calculs de l’Etat pour justifier l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Selon l’aviation civile, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ferait économiser 911 millions d’euros à ses passagers. Selon les élus opposés au projet, cette estimation est une imposture.

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) est à l’origine du plus improbable des feuilletons, conjuguant opacité administrative et élucubrations arithmétiques. Il concerne le calcul des coûts et des avantages générés par le projet d’aéroport à Notre-Dame-des- Landes. Depuis dix ans, l’État affirme que la construction d’un aéroport dans la campagne périphérique de Nantes rapporterait bien plus d’argent qu’il n’en coûterait.

A priori surprenante, cette affirmation est quantifiée dans le dossier d’enquête publique datant de 2006, sur la base notamment d’une estimation réalisée par le bureau d’études JLR Conseils. Selon cette étude socioéconomique, le gain de temps de trajet pour les usagers qui voyageraient à partir de Notre-Dame-des-Landes équivaut à un bénéfice de 911 millions d’euros. La somme est si importante qu’elle écrase la contestation et est brandie depuis des années par les partisans du projet pour en justifier la pertinence. 

Les calculs de la DGAC sur Notre-Dame-des-Landes selon les opposants au projet. 

Le problème, c’est que jusqu’à présent, personne n’avait réussi à savoir comment le bureau d’études s’y était pris pour obtenir ce chiffre. Le collectif des élus contre l’aéroport, le CéDpa, a saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir les détails du calcul. La CADA lui a donné raison, le 30 juillet 2015. Après des mois d’attente, plusieurs échanges de lettres avec le cabinet de Ségolène Royal, le dépôt d’un recours devant le tribunal administratif et deux envois du ministère de l’écologie, les requérants ont fini par recevoir plusieurs documents relatifs au calcul.

Selon le CéDpa, ils sont truffés d’incohérences, d’erreurs et de contradictions, à tel point que pour Françoise Verchère, sa présidente, il s’agit d’un « magnifique montage » et de « science-fiction aéronautique ». Selon la DGAC, le trafic sur Nantes sera plafonné pour réduire les nuisances sonores (56 000 mouvements commerciaux en 2019, un chiffre très sous-estimé selon l’atelier citoyen qui a contre-expertisé le dossier de déclaration d’utilité publique). Les passagers qui ne pourront plus décoller de Nantes se reporteront sur les autres aéroports de la région. Cette perte de temps a un coût, calculé en temps aérien virtuel supplémentaire. 


À l’inverse, si l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se construit, le passager qui aurait dû sinon prendre l’avion par exemple à La Rochelle, économisera 2 h 30 d’avion, soit l’équivalent de 150 euros. Chaque aérogare se trouve ainsi affectée d’un coefficient de handicap. « Comment ont-ils calculé ces handicaps ? D’où viennent-ils ? La DGAC ne l’a jamais expliqué et cela ne figure pas dans l’enquête publique. C’est très choquant », réagit Françoise Verchère.

En multipliant le nombre de passagers estimés dans les décennies à venir (jusqu’en 2042) par l’argent ainsi « économisé », on obtient 911 millions d’euros. Une logique soutient ce raisonnement, mais sur la base de chiffres hypothétiques et donc contestables. Pour le CéDpa, c’est tout simplement « une imposture ».
« Le report vers des aéroports régionaux est totalement théorique et le mode de calcul du gain aérien très étonnant, analyse Françoise Verchère. On comprend mieux que, depuis le début, la DGAC n'ait pas clairement expliqué cette hypothèse. Elle relève de la science- fiction, ne sert qu’à obtenir au final un "gain de temps de trajet" suffisamment élevé pour justifier le projet d’aéroport de Notre-Dame- des-Landes. On nage en plein délire ! »

Le mystère des 911 millions d’euros n’est pas pour autant résolu. Selon la DGAC, le total des bénéfices du gain de temps « air » atteint 700 millions d’euros. L’économie en temps de train pour aller et partir de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes se chiffrerait en sus à 200 millions d’euros. Pourquoi ? Sur la base de quel calcul ? Rien ne l’explique dans les documents communiqués par l’administration. Contactée par Mediapart, la DGAC n’a pas réagi à ces critiques. 


Jade Lindgaard - Médiapart 


La stupéfiante arnaque de l’Etat pour faire croire à l’intérêt économique de
Notre-Dame-des-Landes 



Depuis des années, une bataille discrète se poursuit autour de l’intérêt économique de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Selon les chiffres posés par l’Etat dans l’enquête publique de 2006, le projet serait très rentable. Sauf que ces chiffres sont manipulés, comme le révèlent aujourd’hui Reporterre et les élus opposés au projet.

Depuis 2011, les élus opposés au projet d’aéroport réclamaient que la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) leur fournissent les bases de données qui avaient servi à calculer l’avantage économique du projet. Dans l’enquête d’utilité publique de 2006, il était affirmé que le nouvel aéroport générerait un avantage économique de 911 millions d’euros, ce qui le rendrait donc avantageux au regard d’un coût de construction affiché à moins de 600 millions d’euros.

Ce chiffre de 911 millions avait été calculé par le cabinet JLR Conseil. Mais, en 2011, une contre-expertise menée par le cabinet néerlandais CE Delft, à la demande des élus opposés au projet, a remis en cause ce chiffre.

Pour comprendre la divergence, il faudrait connaître la matrice de données sur laquelle JLR Conseil avait fondé ses calculs. Mais la DGAC se refuse obstinément à la communiquer. Les opposants ont reçu des centaines de pages de rapports divers, mais jamais la matrice qu’ils réclamaient, malgré un avis favorable de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA). L’enjeu est pourtant crucial, puisqu’il s’agit d’évaluer l’intérêt économique du projet d’aéroport. En situation de difficulté économique et d’endettement public, il n’est plus possible de gaspiller les ressources.

Le lendemain de la publication de l’article de Reporterre sur ce sujet, la DGAC a transmis en janvier un nouveau document au CéDpa. Nous nous sommes procurés ce dossier de 13 pages intitulé Précisions et explications sur le dossier de 2006 et daté de 2013. Le CéDpa (Collectif des élus opposés au projet de Notre Dame des Landes le dévoile lundi 8 février à Nantes lors d’une conférence de presse.

Ce document ne contient toujours pas la base de données demandée par le CéDpa. En revanche, il comporte des tableaux chiffrés qui n’avaient jamais été divulgués jusqu’ici. Grâce à ces nouvelles données, il devient possible de comprendre le calcul qui a mené aux 911 millions d’euros d’avantage économique, et à la déclaration d’utilité publique du projet.

Télécharger la note de la DGAC :

DGAC - Note d’explication sur le dossier F - 2013

Ce qui apparait à une lecture attentive est... que la méthode de calcul est aberrante. L’explication est un peu compliquée, mais cela vaut la peine de s’accrocher.

Petit préambule pour bien comprendre. Pour calculer le gain économique d’un grand projet, les experts estiment le temps que la nouvelle infrastructure pourrait faire gagner aux voyageurs. Les trajets « économisés » sont ensuite convertis en euros, d’après des ratios très précis recensés dans un document appelé Instruction cadre relative aux méthodes d’évaluation économique des grands projet d’infrastructure de transport. Dernière précision, très importante : les trajets économisés sont valorisés différemment selon le mode de transport (voiture, train ou avion). Sachant qu’un « gain de temps air » vaut plus cher qu’un gain de temps voiture ou train.

Revenons à la note de la DGAC. Dans le tableau de la page 11, à la troisième ligne, on apprend que le « gain de temps air » représente, tenez-vous bien, 699 millions d’euros. En d’autres termes, si l’aéroport du Grand ouest ne voyait jamais le jour, les usagers rejoindraient d’autres aéroports par avion, pour un montant de 699 millions d’euros estimé par la DGAC.

Comment est-ce possible, sachant qu’il existe déjà un aéroport dans l’agglomération nantaise ?

L’explication pourrait être que l’étude de JLR Conseil a considéré que l’aéroport Nantes Atlantique allait arriver à saturation en 2019. L’excédent de passagers devrait donc se rabattre sur les autres aéroports. Mais comment se rendre dans ces aéroports voisins par les airs si l’aéroport nantais est saturé ? Et puis surtout, comment peut-on arriver à un montant de 699 millions d’euros avec ces seuls déplacements ? Quelque chose ne va pas. 

L’aéroport de Nantes Atlantique en octobre 2015 : la saturation n’est pas pour demain 
L’explication se trouve dans un autre document. Un gros dossier présenté comme l’étude initiale de JLR Conseil et transmis au CéDpa le 26 novembre dernier. L’information se trouve à la page 38 du-sous dossier « Rentabilité économique et financière de 2006 ».

Télécharger la page 38 du sous-dossier de 2006 : 


Il y est expliqué que le manque d’offre et de services des aéroports régionaux est compensé par du « temps aérien », de 1 h 30 à 2 h 30. 


Ainsi, un Nantais qui se rendrait à Brest pour prendre son avion, car il n’aurait pas trouvé de billet au départ de Nantes, serait affecté d’un temps de parcours « air » de 1 h 30... en plus du temps qu’il doit effectuer par la route ou par le train pour rejoindre le chef-lieu du Finistère. Pour Rennes, la « pénalité » s’élève 2 heures. Tandis que Dinard et La Rochelle, qui offrent le moins de vols, ont droit à 2 h 30 de pénalité. D’où sortent ces chiffres ? Impossible de le savoir.

Le dernier document communiqué par la DGAC détaille, page 8, le nombre de passagers fictifs concernés par ces changements d’aéroport. L’information est tronquée puisque les estimations vont jusqu’en 2027, alors que l’étude de JLR Conseil s’est basée sur une période allant jusqu’à 2042. Mais il est possible d’extrapoler la tendance des données utilisées par le cabinet entre 2027 et 2042, car l’évolution de la fréquentation entre 2019 et 2027, inscrite sur le document, est régulière.

Un calcul... tombé du ciel

Le CéDpa s’est livré à l’exercice. Nous avons pu consulter le détail des calculs. Résultat, sur les 911 millions d’euros d’avantages économiques du projet, cette compensation par « gain de temps air » représente... entre 530 et 570 millions d’euros. C’est à en tomber à la renverse. Cette technique tombée du ciel permet à elle seule de légitimer la construction de l’aéroport, puisque le coût estimé du chantier est de 556 millions d’euros.

La culbute va même plus loin. En effet, les voyageurs fictifs utilisés dans le calcul n’auraient en fait aucune raison de se rendre dans les autres aéroports. L’étude de JLR Conseil est fondée sur le postulat que l’aéroport Nantes Atlantique ne pourra accueillir plus de 56.000 mouvements commerciaux (décollages et atterrissages) chaque année, pour ne pas dépasser les normes liées au bruit des avions.

Mais une contre-expertise menée en 2013 par le cabinet Adecs Airinfra a montré que l’aéroport existant pourrait en fait monter à 80.000 mouvements. Et, en tenant compte de l’évolution technologique des appareils, ce plafond s’élève à 115.000 mouvements.

En 2015, 49 250 avions ont atterri ou décollé sur la piste de l’aéroport nantais. Traduction, les passagers sont bien loin de devoir se rabattre sur d’autres aéroports !

« Cette méthode de calcul est une arnaque, estime Françoise Verchère, co-présidente du CéDpa. C’est pour cette raison qu’on nous a transmis les documents au compte gouttes. Pour moi, il y a eu une volonté de cacher ces informations. »

ll est plus que temps de reprendre sereinement, cartes sur table, en débattant ouvertement, le dossier économique de l’aéroport de Notre- Dame-des-Landes.

LA DGAC NE SAIT PAS FAIRE UNE ADDITION !

Le document transmis par la DGAC le 13 janvier dernier est truffé d’erreurs. Deux exemples : page 7, il est indiqué qu’en 2019, il y aura 3,7 millions d’atterrissages et décollages à l’aéroport Nantes Atlantique - ce qui est une grossière confusion avec un nombre possible de passagers ! Encore plus gênant, le tableau chiffré illustrant la balance des coûts et avantages pour l’année 2012 comporte des erreurs d’addition ! 



Le total de la colonne de gauche est de - 2.959.141 et non de +. 
Celui de la colonne de droite est de - 482.137 et non de +. 
Peut-on faire confiance à des "experts" qui ne savent pas faire une addition, ou du moins relire attentivement un texte de treize pages ?

LE FEUILLETON DU MYSTERE DES 911 MILLIONS :

dec 2012 l’Etat a manipulé les chiffres. Voici comment fev 2013 : Les explications tarabiscotées de la DGAC mars 2013 : Demande des vrais documents à la DGAC

janv 2016 La DGAC ne donne pas les bons documents 

Mardi 9 février

Tiffany Blandin - Reporterre 

Pour faire un point et contrer la propagande des médias bourgeois à propos du Karnaval du 6 février à Rennes

D'abord, pas de "saccage" du centre-ville : Seulement quelques banques, assurances et agences d'intérim ont été abimées (ils sont assurés pour ça en plus, alors pas de quoi pleurer!). Vous remarquerez, comme pour le 22 février 2015 à Nantes, que les photo de presse montrent toujours les vitrines cassées en plan serré. Jamais de rue entière "dévastée" sur les photos et vidéos de presse, car, à chaque fois, on observerait une rue quasi-intacte, à part quelques attaques ciblées.

L'article "à chaud" le plus fidèle que j'ai trouvé est celui de RTL.be : 
http://www.rtl.be/info/monde/

Ensuite, le carnaval était un succès : Beaucoup de diversité chez les personnes présentes (enfants, costumes divers et colorés,...) et de nombreux sourires. Des enfants jetaient de la farine et les grands, de la peinture sur les symboles du capitalisme et de la précarisation de la population, dans une ambiance festive. Les chars et la batucada étaient au rendez-vous.

Seul-e-s quelques un-e-s n'avaient pas compris le message et étaient "déguisés" de casques, habits noirs et marteaux. Certain-e-s ont essayé de les dissuader, mais en vain. Il est vrai que le message ne correspondait pas à ce type d'action et, vu les forces policières présentes, ces radicaux ont mis en danger les enfants et les personnes venues parce que l'appel était pacifiste et festif. En effet, au bout de 15-30 min de cortège, on savait qu'on allait se faire gazer...

Comme le 22 février dernier à Nantes, la présence massive de flics autour du banquet et sur le cortège n'a eu que l'effet d'exacerber la frustration et la colère contre la répression. Bien sur que des flics placés sur le cortège recevraient de la peinture, répondraient par lacrymo et mattraques. Bien sur que ce type de réponse en appelle une autre...

Enfin, ce qui a été le plus surprenant, voire hallucinant, a été de voir le gazage massif du centre-ville en dépit du grand nombre de passant-e-s et de promeneurs, ne sachant même pas ce qu'est la lacrymo et donc ne cherchant même pas à fuir devant les gaz...

COMPLEMENT D'INFO glanés sur internet :
- Compilation de photos :
http://www.dailymotion.com/
- Vidéo de "Taranis news" (6min30): https://www.youtube.com/watch?
- Vidéo + complête (11min): https://youtu.be/T4Uwq1w6gPk
- Les flics (de la BAC) qui cassent une vitrine : https://www.youtube.com/watch?
- Répression, le bilan des interpellation (prison ferme pour quelques vitrines cassées...): http://www.ouest-france.fr/

PP

►Info répression : les 3 personnes passées en comparution immédiate hier à Rennes suite au Karnaval ont pris respectivement 2, 2 et 7 mois ferme avec mandat de dépôt. Elles ont donc été emmener directement en prison à la suite du procès... Elles seraient à la taule de Vézin-le coquet, proche de Rennes.

Mercredi 10 février

12h00 : des nouvelles de Copain : une centaine de personnes occupent le Conseil Général : (...) Nous occupons le Conseil Départemental de Loire Atlantique depuis 11h30 ce matin accompagnés d’une vingtaine de moutons vigilants. Nous tenons à affirmer aujourd’hui, par cette action, que tenter d’expulser les paysans historiques de la Zad déclencherait immédiatement l’engagement, partout en France, de nos tracteurs vigilants et de nos troupeaux solidaires. Aujourd’hui, ils sont les emblèmes de nos engagements, les expulser serait nous expulser tous. la suite de leur communiqué ici 

et un article dans Ouest france 



13h00 : ils sont toujours sur place et seraient 200 maintenant, cf l’article dans le nouvel obs

14h00: ils quittent la place après avoir été reçu par deux vices présidents.

Vendredi 12 février 


Notre-Dame-des-Landes: la fausse solution du référendum local

François Hollande annonce un référendum local « pour savoir ce que veut la population » sur le projet contesté d'aéroport. Mais il est juridiquement impossible de revenir localement sur une décision nationale. Opposants et partisans des travaux se montrent circonspects.

Sortir du bourbier de Notre-Dame-des-Landes : c’était l’un des enjeux du retour au gouvernement des écologistes. Comment résoudre ce qui est devenu le conflit environnemental le plus obstiné et le plus mobilisateur du quinquennat de François Hollande ? Jeudi soir, le chef de l’État a annoncé l’organisation d’un référendum local « pour savoir ce que veut la population » d’ici octobre. Dans une apparente contradiction, il a affirmé que « les travaux doivent commencer en octobre » et en même temps que si la réponse au référendum est non, « l’État en tirera les conséquences ». À l’inverse, si c’est oui, la construction d’un nouvel aéroport dans la campagne nantaise ne pourra plus être contestée. « À un moment, il faut prendre une décision », a-t-il expliqué.

L’Élysée n’a apporté aucune précision sur les conditions de tenue de ce référendum jeudi soir. Quel périmètre géographique : le département de Loire-Atlantique, premier concerné ? Les régions Pays de la Loire et Bretagne, qui financent toutes les deux le projet ? Les cinq départements de la zone de chalandise (Morbihan, Ille-et-Vilaine, Vendée, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique) ? Et quelle question poser aux électeurs ? Or la réponse à la consultation dépendra de la méthode de son organisation. 

Départ de manifestation à Notre-Dame-des-Landes, au petit matin du 9 janvier 2016 (JL). 
Présidente du Comité des élus contre l’aéroport, et ancienne conseillère générale de Loire-Atlantique, Françoise Verchère se dit « atterrée » par l’annonce du référendum local. « C’est le prototype de la fausse bonne idée. Si on organisait un référendum aujourd’hui, il tournerait à "pour ou contre la ZAD" ». Entendus par Alain Richard lors de sa mission sur la modernisation de la démocratie participative en 2015, à la suite de la mort de Rémi Fraisse lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens, des associations d’opposants aux « grands projet inutiles et imposés » s’étaient dites « circonspectes » sur l’idée d’un référendum.

« Le périmètre, la formulation de la question (pour ou contre un projet ou bien un choix entre plusieurs solutions ?), le temps de l'information de la population, les moyens matériels et financiers donnés aux parties présentes, tout peut être sujet à débat... et à manipulation », ont-elles écrit dans leur plateforme. À leurs yeux, « la France n'a pas la culture de la "votation citoyenne" contrairement à la Suisse. Dès lors proposer un référendum in fine n’est-ce pas surtout révélateur d'un sérieux déficit de concertation et de débat en amont ? ».

Depuis la déclaration d’utilité publique du projet d’aéroport en 2008, de nombreuses failles du dossier ont été révélées par des opposants : oubli de nombreuses espèces protégées sur les 1 200 hectares de la zone d’aménagement différé (documenté par les naturalistes en lutte), douteux calculs de la DGAC sur les avantages financiers générés par le nouvel aérogare, contradiction avec les objectifs d’action contre le dérèglement climatique actés par la loi de transition énergétique et l’accord de Paris sur le climat. Ségolène Royal vient de commander une mission d’expertise sur le sujet, chargée pour la première fois d’étudier la faisabilité d’une amélioration de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique. Pour Françoise Verchère, « que l’exécutif ne soit pas capable de comprendre qu’à un moment il faut arrêter ce projet démontre une dérive intellectuelle ».

Depuis 2003, la loi permet d’organiser des référendums locaux à caractère décisionnel. Mais « il est juridiquement impossible de demander à des populations locales de prendre des décisions sur des mesures de niveau national », explique l’avocat Arnaud Gossement, spécialiste en droit environnemental. Or la déclaration d’utilité publique de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est émise par l’État. Elle ne peut donc être remise en cause par un vote local.

« C’est une foire d’empoigne »

L’autre option envisageable est le recours à une consultation locale, permise par le code général des collectivités locales. Mais elle ne peut recueillir qu’un avis consultatif – l’ancien ministre de l’écologie Philippe Martin a ainsi organisé une consultation dans le Gers sur les OGM. Là encore, le résultat d’une telle consultation dépendrait en grande partie de son niveau d’organisation territoriale. Plus on s’éloigne de Notre-Dame-des-Landes, plus les arguments économiques en faveur du nouvel aéroport pourraient remporter d’adhésion. Les socialistes locaux disent avoir organisé une enquête d’opinion sur le projet d’aéroport, en Loire-Atlantique, au résultat favorable au chantier. Mais le sondage n’a jamais été rendu public.

En faveur du projet, les collectivités territoriales seraient-elles les mieux placées pour organiser cette consultation ? Avec quelle garantie de neutralité dans l’information du public ? Et qui rédigera le vœu soumis au vote des citoyens ? Par ailleurs, si les électeurs votaient contre le projet, cela ne suffirait pas à remettre en cause le contrat de concession remporté par Aéroport du Grand Ouest, filiale du groupe Vinci. « C’est une foire d’empoigne » qui pourrait durer des mois, résume Arnaud Gossement, qui juge a priori l’échéance d’octobre difficile à tenir.

C’est au contraire « un signal positif d’apaisement » selon le sénateur EELV Ronan Dantec, qui milite depuis des mois pour la tenue d’un référendum local. « Mais il faut des conditions : respecter les règles du jeu, la neutralité de l’usage de l’argent public dans l’information des citoyens, la contre-expertise que les opposants réclament et en confier l’organisation à la Commission nationale du débat public ». Pour échapper à l’impossibilité de re-décider localement d’une décision nationale, il compte sur un projet d’ordonnance du cabinet d’Emmanuel Macron permettant à l’État de consulter les citoyens locaux. Mais dans son état actuel d’écriture, il ne concerne que les projets non encore décidés. Il faudrait donc en revoir l’écriture pour qu’il s’applique au dossier de l’Aéroport du Grand Ouest. Il doit être présenté au Conseil national de la transition écologique le 16 février.

Une autre option consisterait à organiser une conférence de consensus, avait défendu en 2014 Matthieu Orphelin, alors vice-président de la région Pays de la Loire : « Ces processus sont adaptés pour produire un avis collectif sur des sujets très controversés. La méthode a fait ses preuves à l’étranger et est même utilisée en France sur les sujets médicaux. » Ce serait une manière de mettre en œuvre les principes de démocratie participative chère à la ministre de l’environnement (tel que son ministère a été renommé lors de ce remaniement), Ségolène Royal.

Pour Bruneau Retailleau, président (Les Républicains) de la région Pays de la Loire : « Alors que toutes les procédures ont été scrupuleusement respectées et que la justice s'est prononcée favorablement sur le transfert de l'aéroport, à travers plus de 150 décisions, le président de la République renonce à décider. » Il dénonce « un marchandage » pour l'entrée des écologistes au gouvernement. Délégué général des Ailes pour l’Ouest, association des pro-aéroports, Marc Bouchery préfère attendre de connaître « le périmètre, la question et le porteur » du référendum mais se dit « serein sur la démarche ».

Les élus socialistes locaux, favorables à l’aéroport, réservent un accueil mitigé à l’annonce de François Hollande : « Nous prenons acte de la décision du président de la République de soumettre à un référendum le projet de transfert de l'aéroport de Notre-Dame-des- Landes. Ce n'était pas notre option, écrivent Philippe Grosvalet (président du conseil départemental), Johanna Rolland (maire de Nantes) et David Samzun (maire de Saint-Nazaire). Nous avons toujours clairement indiqué notre position. Ce transfert est une chance et une opportunité pour l'attractivité et le développement de la métropole nantaise, la Loire-Atlantique, la région Pays de la Loire et tout le Grand-Ouest. »

De son côté, la fondation Nicols Hulot (FNH) se dit « prudente » : « les modalités du référendum devront obligatoirement être définies en accord avec l'ensemble des parties prenantes. La FNH souhaite notamment l’implication des régions Bretagne et Pays de la Loire et la mise à disposition auprès du public d’une nouvelle étude sérieuse des alternatives possibles. Sans un consensus sur son périmètre, sur la question posée et le contenu du dossier d'information, l'exercice souffrira des mêmes problèmes de légitimité que le projet existant. » Tout juste nommé au ministère de l'Aménagement du territoire, Jean-Michel Baylet a déclaré « je pense que ce projet est utile à cette région et même utile à la France car pas trop loin de Paris quand même, et que nous avons besoin d'un nouvel aéroport. »
Encore une fois, l’exécutif échouHautes Alpese à trancher dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes et tente une opération de déminage risquée car entachée de soupçons de partialité et de manipulations. Pendant ce temps, les exploitants de quatre fermes et les habitants de trois logements situés en divers points de la ZAD sont sous le coup d’une décision d’expulsion. Ils doivent quitter leur lieu de vie d’ici mars. Une nouvelle manifestation d’opposition à l’aéroport est prévue le 27 février.

Jade Lindgaard - Médiapart 

Les conditions dont dépend la validité du référendum local sur Notre-Dame-des-Landes 


François Hollande a annoncé « un référendum local » sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Pour que ce référendum soit valable, jugent les acteurs, il faut qu’un débat équitable soit organisé, que les habitants des régions Bretagne et Pays de la Loire soient consultés, et que les informations et études sur la table soient exactes.

Dans la soirée du jeudi 11 février, sur le plateau télévisé de TF1 et France 2, François Hollande a annoncé qu’un référendum local serait organisé au sujet du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Le chef de l’Etat a reconnu qu’il y avait un blocage sur ce dossier. « A un moment, il faut prendre une décision et nous savons que les travaux doivent commencer au mois d’octobre, a-t-il expliqué. D’ici le mois d’octobre, je demande au gouvernement, avec les élus locaux, d’organiser un référendum local pour que l’on sache exactement ce que veut la population. »

« Si c’est oui et que la population veut cet aéroport, alors tout le monde devra accepter cette décision. Et si c’est non (...) l’Etat en tirera les conséquences », a-t-il ajouté. 


Les premières réactions des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont mitigées. « Nous n’avons pas à nous poser la question d’être pour ou contre le référendum dans la mesure où le président de la République va le faire de toute façon », indique à Reporterre Julien Durand, porte-parole de l’Acipa, principale association d’opposants au projet d’aéroport. Il conteste pourtant un « référendum sur un projet illégal du point de vue de la loi sur l’eau et de la biodiversité » qui arrive « alors que le processus est déjà trop avancé. Cela va créer un choc avec les procédures judiciaires déjà en cours. Il faut maintenant attendre que les recours soient épuisés ».

La priorité, pour son association est de poursuivre « le plus loin possible » la nouvelle étude annoncée par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, qui reste à son poste : « Les travaux ont commencé il y a une quinzaine de jours avec le ministère et doivent être rendus le 30 mars. L’étude fera l’inventaire des aéroports du Grand Ouest et Nantes-Atlantique et évoquera la possibilité d’une mise en réseau. »

Néanmoins, M. Durand s’interroge sur les modalités d’organisation de la consultation : « Comment va se faire le processus ? Sera-t-il imposé ou discuté démocratiquement ? On se posera ensuite la question du périmètre et ensuite surtout la question. Elle doit être élaborée collectivement pour être crédible et ne doit pas être ambiguë. » Pour l’opposant, il est clair que le périmètre du référendum doit intégrer la Bretagne, « contributrice au syndicat mixte, qui s’est entendue avec les Pays-de-Loire sur ce projet. Limiter la consultation aux Pays-de-Loire ne serait pas démocratique et fausserait le débat, parce qu’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des- Landes aurait un impact sur les aéroports et les emplois bretons ».

Denis Voisin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, accueille cette annonce « avec une grande prudence », dit-il à Reporterre : « Quel périmètre, quelle question et quelle information pour ce référendum ? Il doit être construit dans un esprit de consensus avec toutes les parties prenantes, sinon la consultation souffrira des mêmes problèmes de légitimité du projet. » La Fondation espère un référendum qui intègre « au minimum les régions Pays-de-la-Loire et Bretagne, avec une question qui intègre les alternatives et une nouvelle étude sur les impacts réels du projet ».

« Malheureusement, la biodiversité ne vote pas »

Pour Julien Bayou, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts, « l’aéroport de Loire-Atlantique n’est absolument pas saturé, le sacrifice des terres agricoles et des zones humides seraient irréversible, et ça, ce n’est pas possible. Mais malheureusement, la biodiversité ne vote pas. »

« La consultation doit remplir certaines conditions », précise le porte-parole en se référant au référendum local sur la construction d’une nouvelle gare organisé en 2011 à Stuttgart : « Un médiateur était en charge de collecter les arguments et de réaliser un livret pour aider les habitants à avoir un vote éclairé. C’est une condition primordiale. On ne pourra pas parler de référendum si seuls la maire de Nantes et le Conseil régional des Pays-de-la-Loire présentent leurs arguments. »

Le périmètre doit être élargi, estime M. Bayou : « Le bassin, qui risque d’être inondé si la zone humide était détruite », et « la Bretagne intérieure, qui serait déséquilibrée alors qu’elle souffre déjà de problèmes d’accessibilité et d’abandon des services publics » doivent être intégrés.

Le porte-parole d’EELV se réjouit cependant de cette consultation qui « ouvre une brèche. C’est quand même malheureux qu’il ait fallu 50 ans et la mort de Rémi Fraisse pour que l’Etat reconnaisse que son projet n’est pas utile, ne se justifie pas et est imposé. L’Etat, les Ponts et Chaussées, cette oligarchie technocratique tombe un peu de son piédestal. Mais pour cela, il ne faut pas que cette consultation soit un artifice supplémentaire pour vendre plus facilement le projet ».

Du côté des partisans du projet d’aéroport, l’idée du référendum n’est pas favorablement accueillie. Pour Bruno Retailleau, président du conseil régional, « l’annonce de ce référendum est caractéristique de la méthode Hollande. 
D’abord, alors que toutes les procédures ont été scrupuleusement respectées et que la justice s’est prononcée favorablement sur le transfert de l’aéroport, à travers plus de 150 décisions, le Président de la République renonce à décider. Ensuite, il est évident que ce référendum est le prix d’un marchandage pour l’entrée des écologistes au Gouvernement, comme l’a déclaré Emmanuelle Cosse. J’espère que l’impopularité de Francois Hollande ne pèsera pas dans la décision des citoyens et ne compromettra pas un projet essentiel au développement des Pays de la Loire et de la Bretagne. »

Pour Jean-François Gendron, président de la Chambre de commerce de Loire-Atlantique : l’organisation d’un référendum « n’apporte aucune solution. C’est un moyen détourné pour ralentir une fois de plus le projet. Aujourd’hui, il suffit d’appliquer la loi et les décisions de justice qui ont été rendues. Au lieu de ça, le gouvernement cherche le moyen de ne pas avoir le courage d’appliquer les décisions prises. Un tour de passe-passe supplémentaire. » Quant à Alain Mustière, président des Ailes pour l’Ouest (défenseur du projet), il juge « étonnant que le Président de la République propose un référendum à ce moment de la procédure. Pourquoi ne pas avoir consulté plus tôt ? C’est tardif et étonnant. Attendons d’en savoir plus sur les modalités : qui pose la question, à qui, sur quel territoire ? »

« La démocratie locale, ça s’organise »

C’est bien sur les modalités d’organisation du référendum que se joue sa validité. Pour Yannick Jadot, eurodéputé écologiste pour la région Grand ouest, "le référendum pourrait tourner à la mascarade, et être manipulé. La démocratie locale, ça s’organise : il faut savoir sur quel périmètre les citoyens sont consultés ; quelle est la question posée ; que l’information des électeurs soit équilibrée ; et que le débat public soit équitable et bien organisé". Le député européen élu dans le Grand Ouest pose d’autres conditions : pour la bonne information des citoyens, "il faut refaire une évaluation coûts-bénéfices du projet, puisque l’on sait maintenant que l’étude actuelle est bidonnée. De même, il faut mettre dans le débat l’étude alternative sur l’optimisation de l’aéroport existant de Nantes- Altantique. Et aussi un schéma régional des transports sur l’ensemble de la région Grand ouest, par exemple sur la répartition des charters."

Citoyens de Bretagne et des Pays de La Loire voteront-ils ? Quelle question sera posée ? Quelles informations seront proposées ? Le débat sera-t-il organisé équitablement ? Des réponses à ces questions découlera la légitimité du référendum proposé. Selon Yannick Jadot, "la Commission nationale du débat public doit s’emparer de ce débat et garantir que les études sont menées dans les bonnes conditions."

Hervé Kempf et Emilie Massemin - Reporterre

Notre Dame des Landes - Un référendum : pour qui, comment, pourquoi ?

Communiqué de presse de l'ACIPA - Notre Dame des Landes, le 12 février 2016

L’ACIPA a bien entendu les paroles de François Hollande s’adressant aux Français ce jeudi 11 février et annonçant la tenue d’un référendum local sur la question du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Dans la même intervention, il a aussi rappelé par 2 fois que les travaux pourraient débuter à l’automne 2016.

Notre position n’a pas changé pour autant ; nous demandons toujours à François Hollande de confirmer qu’aucune expulsion n’aura lieu tant que les recours juridiques nationaux et européens ne seront pas épuisés. Nous avons bien entendu M. Hollande réaffirmer que ces recours n’étaient pas épuisés mais pas un mot sur les expulsions programmées ! Nous lui renouvelons également notre demande de rencontre.

Quant au référendum local annoncé, nous nous posons beaucoup de questions :

• Qui a légitimité à organiser un référendum sur un projet d’État dont la Déclaration d’Utilité Publique a déjà été publiée ?

• Qui décidera de son périmètre ?

• Qui décidera de la question qui sera posée ?

• L’information pourra-t-elle être impartiale et complète ? avec quels moyens ?

• Les questions de fond de ce dossier basé sur des manipulations et mensonges pourront-elles être présentées à la population ? etc....

Nous constatons également que Ségolène Royal a été reconduite dans ses fonctions. 
Depuis notre rencontre au Ministère de l’Écologie le 22 janvier dernier, nous travaillons avec elle et ses services, sur la remise à plat du dossier (étude des alternatives à l’aéroport à Notre Dame des Landes, dont la mise en réseau des aéroports existants). Ce gros travail a été lancé avec l’aval du Président de la République. Il nous apparaît donc urgent d’attendre les conclusions de ce travail commun qui doivent être rendues le 31 mars.

En attendant, notre détermination reste intacte et nous appelons à une mobilisation massive le 27 février prochain à Notre Dame des Landes pour l'abandon du projet d'aéroport !

NOUVEAU TEMPS FORT POUR L'ABANDON DU PROJET ! 


Communiqué du COMITE ZAD de RENNES suite au carnaval du 6 février

A tous les groupes qui ont organisé cet événement,
à tou.te.s celles et ceux qui y ont participé,
à tou.te.s celles et ceux qui souhaitent nous rejoindre


Nous souhaitons revenir sur la journée de samedi.

La construction et la préparation de cette journée était largement ouverte et nous soulignons la multiplicité des groupes qui ont contribué à cette élaboration collective.

Nous nous réjouissons d’avoir porté la lutte de la ZAD en ville de façon festive mais néanmoins déterminée, afin de signifier au gouvernement que plus il s’entêtera à poursuivre ses absurdes desseins, plus large sera la résistance ?. Il s’agit d’appuyer autant sur la dimension de la lutte anti aéroport que sur ce que la ZAD représente pour nous en terme de perspectives émancipatrices.

Un banquet organisé en collaboration avec COPAIN 35 était en partie alimenté par des produits de la ZAD. Pour la suite nous avions prévu un défilé carnavalesque ponctué de jeux et d’actions symboliques scénographiées ;
A en juger par le nombre de participants (un bon millier au départ du carnaval), la façon dont il se sont pris au jeu (par leurs déguisements, leur enthousiasme, ...) et les applaudissements lors du banquet, cette journée du samedi, a été une réussite.

Ceci n’était pas gagné d’avance. La présence de deux cordons de policiers sur-équipés à 20m à peine des tables où nous mangions installait d’emblée un climat très hostile. A l’heure de l’état d’urgence, leur dispositif interdisant l’accès à l’hyper-centre et leur posture menaçante étaient une tentative de plus de museler toute expression politique. Félicitons nous d’avoir tenu ce RDV.

Nous ne sommes pas dupes, quelque soit la façon dont se serait déroulé le carnaval, les dites « forces de l’ordre » semblaient bien avoir pour objectif de le mener à la fin que nous lui connaissons.
Comme se fut relayé par France-info dans l’heure qui a suivi ; la police ayant été atteinte par des œufs de peinture répliqua aussitôt par des tirs massifs de gaz visant sans distinction les manifestants et les passants. Nous tenons à rajouter à ces observations la férocité de l’intervention policière dont ont été les uns la cible, les autres les témoins ; bastonnades de personnes isolées et au sol, tirs de flash-ball en rafales, charges ultra-violentes sur des manifestants en fuite parmi lesquels on note la présence d’enfants, chants guerriers lors de ces charges... Ils semblaient vouloir répandre une peur à même de passer à quiconque l’envie de se rendre à une manifestation. C’est le même effet qui est recherché avec l’interpellation, la comparution immédiate et l’incarcération de 3 participants à cette journée (allant jusqu’à 7 mois fermes et ce non pas pour dégradation mais pour outrage à agent et rébellion !)


« 80 tirs de gaz lacrymogène, 30 tirs de flash-ball, aucun blessé du côté des manifestants... » cette déclaration du préfet nous aurait bien fait rire si nous n’avions pas eu connaissance de nombreuses blessures (contusions multiples et un crâne ouvert) sur les corps des camarades et des passants.

Face à tout ce qui nous sépare, nous esseule, entrave nos élans de vie et de partage et notamment face à cette répression de toute voix dissidente, nous partageons la colère qui fait que, parfois, la vitrine de ce monde vole en éclat. Il nous semble cependant qu’un tel seuil d’intensité n’était pas approprié dans la situation actuelle de la lutte que nous connaissons, en particulier à l’échelle locale.

Il est primordial de reprendre le processus d’élaboration collective que nous tentons de mettre en place et de le pousser le plus loin possible.
Partageons nos lectures de la situation, donnons nous des perspectives.
Cette lutte, nous allons la poursuivre, nous allons la porter, encore, à Rennes. Nous continuerons d’en inventer les formes, et nous la gagnerons !


Samedi 13 février

►Antirép : aujourd’hui à l’Elabo, à Rennes une journée contre la répression et les violences policières, en soutien aux personnes incarcérées le 6 février.
Une adresse mail est mise en place pour récolter les récits de victimes ou témoins de violences policières ce 6 février : temoin6fevrier@riseup.net

Pas mal de lectures à propos des remaniements, reniements, et autres référendums : en voilà une petite sélection : quelques textes de Fabrice Nicolino, des analyses juridiques et aussi là ou là, ce qui se raconte dans la presse : l’avis du président de région, l’avis du ministre de l’aménagement du territoire, du côté d’eelv...

Lundi 15 février

Un bien joli matin de février ici, blanc et ensoleillé, rythmé par l’arrivée d’une floppée d’étourneaux.

Pour bien commencer la journée, le fou rire du jour : "Ironie de l’affaire : si ce scénario est arrêté, Bruno Retailleau, patron des Pays de la Loire domicilié en Vendée, n’aura pas le droit de vote. ". Mais plutôt qu’un referendum, on va visiblement finir avec un sondage façon ipsos...

On continue de bien rigoler avec l’analyse de Palestine-solidarité, et on est bien d’accord que le théâtre des Guignols gouvernementaux a de beaux mois devant lui... Et on suggère au gouvernement de réviser son droit avant de faire des annonces foireuses et de devoir modifier les textes de lois. (c’est sûr que c’est facile d’être dans la légalité quand on accorde la loi à son propre diapason...)

On finit en beauté, toujours dans l’hilarité générale : "Les semaines à venir devraient être très divertissantes pour tous ceux qui aiment le spectacle d’un corps social en putréfaction."

Rappel : demain soir, AG du mouvement 20h30 à la Vacherit

Infos du 15 au 21 février

Mardi 16 février

Sur un air bien connu et réalisée par des paysans de la zad : https://www.youtube.com/watch?

Jeudi 18 février

Sondage - Faut-il construire l'aéroport Notre-Dame-des-Landes près de Nantes ?

Oui (32.756 votants) : 41.8% - Non (45.533 votants) : 58.2% Qu’est ce qu’on se marre quand même !

►Le défi de Valls à la Zad et au monde !
Le Point.fr

Après l’annonce du référendum sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Manuel Valls lance un défi à la ZAD et au monde : Le discours du premier ministre https://www.youtube.com/watch?v=bW5ZGgdDhs0
La réponse depuis la zad de notre dame des Landes https://www.youtube.com/watch?v=2B_CbKLzINs
Ce ne sera pas la première connerie qu’il dit et en même temps il les a pas mal accumulé ces derniers temps.

comme par exemple, que faire l’aéroport de NDDL c’était un projet écologique, parce que là ça craint trop Nantes Atlantique par rapport au lac de Granlieu, comme le montre cet article du Canard, coin coin : 
https://pbs.twimg.com/media/CbgfY6sXIAEQyCo.jpg

mais ce qu’on préfère ce sont les bonnes surprises :
CGT VINCI :
pour qui n’aurait pas encore découvert cette information, oui vous avez bien lu ! La CGT Vinci est contre la construction de l'aéroport de NDDL

Le lien vers Reporterre vous en dira plus :
http://www.reporterre.net/Vous-etes-salarie-de-Vinci-pourquoi-etes-vous-contre-le-projet-d- aeroport-de

Une délégation de la CGT Vinci a demandé à être reçue sur la ZAD de Notre Dame des Landes en fin de semaine dernière. Étaient présentes : des personnes du collectif CGT44, de la ZAD, de COPAIN, du CéDPA, de l’ACIPA.

Pour rappel : http://www.huffingtonpost.fr/2015/04/25/mondial-2022-qatar-vinci-travail-force-enquete-france_n_7141730.html 

Notre-Dame-des-Landes : Manuel Valls a menti 


M. Valls a affirmé que le projet d’aéroport était « bon pour l’environnement » en raison de l’impact actuel de l’aéroport de Nantes sur « le réservoir à oiseaux » de Grand Lieu. Il a en fait caché une lettre de ses services disant l’inverse, dont la teneur a été révélée par Le Canard enchaîné et que Reporterre propose en téléchargement.

Le 15 octobre dernier, Manuel Valls affirmait au Sénat que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes était bon pour l’environnement : « Il est bon pour l’environnement, parce que l’actuel aéroport de Nantes est au contact de trois réserves Natura 2000, dont le réservoir à oiseaux du lac de Grand Lieu ».

Le Premier ministre a menti : il ne pouvait ignorer en effet l’avis du directeur régional de l’environnement, écrit en septembre 2014, disant exactement l’inverse. Pire, M. Valls et les services de l’État ont tenu caché ce document, dont la teneur a été révélée par Le Canard enchaîné le 18 février, et que Reporterre vous propose en lecture complète ci-dessous.

Cette lettre a été écrite par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement des Pays de la Loire, le 9 septembre 2014, au préfet de la région. 


Le directeur y explique que l’aménagement de l’aéroport existant à Nantes n’aurait pas d’impact négatif sur la réserve naturelle de Grand Lieu, située à côté de la ville. 

La réserve naturelle de Grand Lieu est située au sud-ouest de Nantes 
« Le trafic aérien actuel n’a pas d’impact négatif sur les oiseaux du lac », écrit-il. « La faune de la réserve a intégré cette activité continue et routinière comme un élément à part entière de l’environnement du lac. » Et d’expliquer : « La variété de cette activité [aérienne] engendrée par l’aménagement de Nantes-Atlantique ne sera pas perceptible par la faune du lac et ne générera pas de perturbation. »

À propos de l’allongement des pistes, le directeur observe : « L’allongement de la piste impactera les zones humides situées au bout de la piste actuelle (prairies, ruisseau). Cet impact sera cependant très minime en comparaison de ceux issus de l’urbanisation prévisible des zones humides aujourd’hui préservées. » En cas de création de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il y aurait en effet urbanisation aux abords de la réserve naturelle de Grand Lieu.

Le directeur conclut : l’aménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantique, par l’allongement de sa piste « garantit la préservation des zones humides de la ceinture verte générée par l’aéroport, qui participent à l’équilibre écologique de la réserve face à l’urbanisation de l’agglomération nantaise »
Télécharger la lettre de la DREAL :

Ce n’est pas la première fois que M. Valls et les services de l’État mentent sur ce dossier. En ce qui concerne l’évaluation économique du projet d’aéroport, les documents sont en effet cachés et falsifiés, comme l’a montré Reporterre et le Collectif des élus doutant de la pertinence du projet d’aéroport.

Hervé Kempf - Reporterre 

Face au jeu de dupe de la consultation publique, continuons à construire un avenir sans aéroport - continuons la lutte !

http://zad.nadir.org/spip.php?article3616

Vendredi 19 février

Vous avez lu « le canard enchaîné » de cette semaine ? Il semblerait que la préfecture et l’état cachaient bien leur dossier d’études écologiques affirmant que déplacer l’aéroport de Nantes-Atlantique serait une catastrophe pour la faune autour du lac de Grand Lieu... la vie en parle, ouest-france aussi.
Et puis un petit article avec Valls qui se déchaîne, heureusement qu’on l’a pour nous dire clairement comment ça marche les décisions politiques : Valls : "si on empêche la consultation", "les travaux démarreront" à Notre-Dame des Landes


Samedi 20 février

Aujourd’hui sur la zad, plusieurs comités de l’ouest se sont retrouvés à la Wardine pour échanger des infos, s’organiser. 

A Nantes, c’était manif contre l’Etat d’urgence et en soutien à la lutte de NDDL

Tu veux ou tu veux pas est manifestement la grande question.

Finalement, tout le monde en veut, et il y avait aujourd’hui une manif pour un aéroport international à la Baule 


►Défendre la ZAD le 27/02 : vidéo

De multiples personnes appellent en vidéo, depuis la zad, à venir manifester le 27 février et expliquent leur raison de se mobiliser à ce moment-là.
Il y aussi un appel à en faire autant 

Dimanche 21 février

Un appel contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Naomi Klein, Jean Jouzel, Virginie Despentes, Pierre Rabhi, Erri de Luca : une quarantaine de personnalités appellent le gouvernement à ne pas construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes au nom de la protection du climat et du respect des engagements de la COP21. Mediapart publie leur texte.

La France, organisatrice de la COP21 et garante du respect de l’accord de Paris pour agir contre le dérèglement du climat, ne peut pas construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. C’est le message qu’une quarantaine de personnalités internationales envoient à François Hollande dans un appel que Mediapart publie, à quelques jours d’une nouvelle manifestation sur la zone d’aménagement différé (ZAD), devenue « zone à défendre » pour les 200 à 300 personnes qui l’occupent. « L’engagement pris dans l’accord de Paris n’est pas compatible avec la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes sur près de 1 200 hectares de terres agricoles et de milieux naturels (qu’habitent de nombreuses espèces protégées), qui générerait un surcroît d’émissions par l’aviation, le bétonnage d'une des plus grandes zones humides du pays, et la destruction de fermes paysannes », écrivent-elles.

L’appel est à lire en accès libre dans le Club et peut être signé en cliquant ici.
Parmi les signataires de l’appel se trouvent des chercheurs, des écrivains et des militants. Le climatologue Jean Jouzel dit signer « au nom de l’argument climatique : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est un symbole important dans le contexte de la COP21. Je ne suis pas hostile à l’aérien en tant que tel mais son augmentation sans limite commence à poser des problèmes. L’aérien et le transport maritime sont exonérés de limites à leurs émissions dans l’accord de Paris, c’est un peu exaspérant ». L’écrivaine Virginie Despentes apporte aussi son soutien à l’appel : « On ne peut pas à la fois prétendre prendre au sérieux la menace imminente du changement climatique et continuer à bétonner à tout-va pour faire décoller des avions. Cet état d’urgence-là est indiscutable. Il faut que le gouvernement cesse de faire le pitre avec des choses aussi graves. Tout le reste, ça passera, c’est de l’histoire comme on la connaît. Une catastrophe climatique, non. »

Elle dit aussi signer « en soutien symbolique aux activistes de Notre-Dame-des-Landes. Leur forme d’action politique est pour moi la seule qui vaille la peine : ils inventent, depuis presque sept ans, une autre façon de vivre ensemble. Ils mènent une expérience alternative à l’ultralibéralisme, et c’est une aventure qui nous concerne tous – même ceux qui, comme moi, ne sont pas radicaux dans leur propre pratique. Du moment que le gouvernement a cru bon d’appeler “César” l’opération menée en 2012 censée déloger les résistants, le gouvernement a fait de Notre-Dame-des-Landes un nouveau village d’Astérix. Le village a résisté. C’était assez miraculeux. Le village résiste encore. C’est incroyable. Et c’est une des rares bonnes nouvelles politiques de cette décennie ».

La journaliste canadienne Naomi Klein, l’activiste américain Bill Mc Kibben, fondateur de 350.org, l’écrivain italien Erri de Luca, engagé contre le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin, le philosophe italien Giorgio Agamben, le théoricien révolutionnaire John Holloway ont aussi souhaité signer l’appel, signe de l’internationalisation du soutien aux opposants.

Parmi les soutiens, on note aussi la présence d’écologues reconnus comme Denis Couvet et Pierre-Henri Gouyon, professeurs au Muséum d’histoire naturelle, ainsi que la philosophe Virginie Maris, membre du conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité auprès de la ministre de l’écologie. Pierre Rabhi, figure tutélaire de nombreux collectifs d’alternatives citoyennes, ainsi que Cyril Dion, le coréalisateur du film Demain qui remporte un grand succès en salles, apportent également leur signature.

Sans prendre position sur la consultation locale annoncée par François Hollande – le projet d’appel a commencé à circuler quelques semaines plus tôt –, les signataires soulignent que « le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes suscite l’opposition résolue et concertée d'agricultrices et d’agriculteurs, d’associations de protection de l'environnement, d’élu.e.s, d’habitant.e.s de la région, de riverain.e.s, de syndicalistes, ainsi que de nombreuses personnes à travers la France. Sur place, les opposant.e.s au projet d’aéroport mènent des expériences riches en enseignements, dans le domaine de l’agroécologie, de la permaculture, de l’habitat léger, etc. ». À leurs yeux, la décision de construire ou pas l’aéroport du Grand Ouest ne concerne pas que les riverains de la zone : « Renoncer à un projet émetteur de gaz à effet de serre contribue également à préserver notre avenir à tou.te.s. » C’est l’une des caractéristiques du changement climatique : peu importe d’où proviennent les émissions de gaz à effet de serre, elles dérèglent le climat de tous les habitants de la planète. Contre le projet d’oléoduc Keystone XL aux États-Unis ou pour la fermeture des centrales de lignite allemandes, les mobilisations se sont internationalisées pour cette raison : les projets d’aménagement locaux ont un impact global.

Il est difficile d’estimer le bilan carbone du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes car il reposerait sur un empilement d’hypothèses (volume du trafic, consommation de carburants des appareils, destinations des passagers...). Mais les chiffres d’émissions de CO2 de l’aviation sont disponibles. Et ils sont très inquiétants : elles représentent environ 3 % des rejets mondiaux de dioxyde de
carbone mais progressent à une vitesse vertigineuse. En France, les émissions liées à l’aviation ont augmenté de 65 % alors que sur le territoire national, tous secteurs confondus, elles ont baissé de 10 % entre 1990 et 2010. Or le projet d’aéroport à Notre-Dame-des- Landes est destiné à accroître le trafic aérien local – il entraînerait aussi une hausse du trafic routier, lui aussi très émetteur de gaz à effet de serre. Aux émissions de CO2 liées à son exploitation, il faut ajouter celles de sa construction ainsi que de la fabrication et de
l’acheminement des matériaux nécessaires à son édification. D’après l’atelier citoyen organisé l’année dernière par des opposants au projet pour contre-expertiser les chiffres officiels, les ressources nécessaires à la construction d'une nouvelle aérogare équivaudraient à 50 ans de sa consommation énergétique et à 110 ans de ses émissions de gaz à effet de serre.

Dans son état « naturel », le sol est un capteur de CO2, alors que recouvert de béton ou de ciment, il perd sa capacité de stockage.

Mediapart avait révélé l’année dernière que le bétonnage du territoire français émet chaque année 100 millions de tonnes de CO2. Cela
représente 20 % de toutes les émissions de gaz carbonique du pays. C’est gigantesque. C’est presque autant que tous les rejets annuels des transports en France. L’équivalent d’un département disparaît tous les dix ans sous le béton. La destruction des zones humides est particulièrement grave en situation de dérèglement climatique car elles sont essentielles à la préservation des ressources en eau. Or la ZAD de Notre-Dame-des-Landes couvre l’une des plus grandes zones humides du pays.

Le drame, c’est que les critères d’émission de CO2 ne contraignent pas les décisions d’aménagement du territoire. D’ailleurs, quel
argument les contraint vraiment ? Les préfets sont les autorités décisionnaires et le relais du soutien politique à ces projets. Ils signent les avis des autorités environnementales et délivrent les autorisations de travaux. L’État est juge et partie. Dans le dossier de Notre- Dame-des-Landes, il a fait preuve de mauvaise foi. Il a ignoré une note de ses propres services sur le faible impact environnemental de l’actuel aéroport nantais, comme l’a révélé Le Canard enchaîné. Il occulte la méthode de son calcul sur les avantages économiques d'une nouvelle aérogare à Notre-Dame-des-Landes. La mise à disposition du public d’informations complètes, non biaisées et compréhensibles, sera une condition clef pour que le référendum sur l’aéroport, s’il se tient, ait du sens.

Jade Lindgaard - Médiapart

Infos du 22 au 29 février

Lundi 22 février

Et la semaine commence bien : A peine 7H30 et déjà une première action : la zad est partout même dans le tramtrain

Une quarantaine de personnes de comités de soutien NDDL de la region Nantaise occupent le tram-train Chateaubriand-Nantes, le temps d’un aller retour. 
Ils exigent que Bruno Retaillleau leur rende les 60.000 euros d’argent public qu’il a utilisé pour sa propagande anti-zad et qu’il arrête immédiatement cette campagne de diffamation et ses menaces d’expulsion.


Dans une ambiance familiale, ils ont redécoré le tramtrain avec des affiches et offrent le petit déjeuner aux voyageurs, les invitant à rejoindre la manifestation du 27 février ainsi que les rassemblements de soutien pour les procès du 23 et 24 février qui auront lieu à Nantes.

la zad est partout même dans le tramtrain 



Mardi 23 février

►Un député UDI larmoyant dans Presse Océan s’interroge : "à Notre-Dame-des-Landes, territoire investi depuis plusieurs années par des opposants qui vont jusqu’à en interdire l’accès (y compris à des gendarmes et des juges), que reste-t-il de « l’État de droit » ?

►A l’heure où l’état d’urgence s’institutionnalise on ne peut que constater l’intelligence collective dont nous faisons preuve sur la zad en essayant de se passer de juges et de flics !!! Les deux font bien la paire comme on peut le constater devant le tribunal de Nantes : 



►On attend des nouvelles des camarades de COPAIN jugé.es pour de prétendues violences contre des policiers qui les empêchaient de rentrer chez eux après une action.

Quatre à six mois de prison avec sursis ont été requis mardi à l’encontre de trois agriculteurs de COPAIN accusés d’avoir forcé un barrage de gendarmes le 11 janvier dernier. Rendez vous le 7 mars pour le rendu. Un rassemblement de soutien, toute l’après midi, s’est tenu devant le tribunal en solidarité.

►On a reçu un communiqué de soutien de la Fédération Anarchiste,
" (...) Nous devons montrer à tous les pro-aéroport, dans les institutions et dans les conseils d’administration, que nous sommes nombreuses et nombreux et prêt-e-s à nous organiser afin d’empêcher toute évacuation de la ZAD. La Fédération Anarchiste, dont certains groupes et militant-e-s sont impliqué-e-s dans les collectifs locaux, soutient cet appel (à mobilisation) et participera à la mobilisation. Rendez-vous sur la ZAD de NDDL le 27 février, afin d’enterrer définitivement tout projet d’aéroport et d’évacuation de la ZAD !"


►Contre les tentatives de nous isoler, contre les propos mensongers qui laissent croire que la zad ne bénéficie pas du soutien de voisin.es, une cinquantaine d’habitant.es de bourgs alentours tenaient une conférence de presse à Notre-Dame-des-Landes. Illes ont affirmer leur soutien à la zad, "outrés par la propagande quasi quotidienne des « va-t’en guerre » qui se permettent en plus de parler en notre nom". 

Des voisin.es de la zad s’expriment

NOUS, RESIDENTS, VOISINS DE LA ZAD

Sommes outrés par la propagande quasi quotidienne des « va-t’en guerre » qui se permettent en plus de parler en notre nom : « les habitants excédés » disent-ils.

Cela suffit ! Nous ne voulons plus être spectateurs des mises en scène anti-ZAD de Mr Retailleau et du couple Lamisse qui d’ailleurs n’habite plus là depuis des années, ni des mensonges grossiers de Mr Valls et consorts sur les soi-disant activistes ultra violents qui rackettent volent et détruisent.

Nous ne bénéficions pas des 60 000 euros d’encart publicitaire payé par le conseil régional mais nous pouvons néanmoins témoigner de notre réalité d’habitants. Déambulations champêtres ponctuées de rencontres enrichissantes, petit café offert ou simple bonjour, on se sent chez nous et en sécurité sur la ZAD.

Pour beaucoup d’entre nous c’est l’occasion de redécouvrir notre bocage et sa richesse, de renouer avec un territoire et ses habitants.

La ZAD ce n’est pas une forteresse isolée mais au contraire un lieu foisonnant où se construisent des projets de vie basés sur l’échange solidaire et les valeurs humanistes. En ce sens, pour nous, la ZAD fait partie de la dynamique et de la vie de nos communes.

A ce titre nous sommes heureux d’accéder aux productions faites sur place : pain, légumes, fromages, lait ; d’accéder aux projets culturels qui y germent, aux rencontres où l’on réfléchit sur l’avenir de notre territoire avec ceux qui y vivent et qui luttent pour le préserver.

Pour nous il est urgent de dénoncer les stigmatisations orchestrées par ceux qui veulent nous diviser et décrédibiliser notre lutte.

Sachez que nous « des habitants indignés » nous serons aux côtés de tous ceux que l’on veut expulser de la ZAD. C’est pourquoi le 27 février nous serons présents dans la mobilisation contre l’aéroport et contre toutes les expulsions.
en vidéo : http://www.telenantes.com/actualite/article/nddl-ces-riverains-qui-soutiennent-les-zadistes

► Un texte frétillant qui part d’un récit d’assemblée à nddl dans le dernier cqfd "l’assemblée des salamandres" 
http://cqfd-journal.org/Notre-Dame-des-Landes-L-assemblee 

►Un vraiment très chouette petit reportage (et texte) à propos du week-end d’appel d ’offres sur la télé libre
http://latelelibre.fr/reportages/les-insoumis/

►Les amitiés politiques, notamment sur les zads dans les nouvelles vagues : http://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-vagues/les-amis-15-ami-entends-tu

►Un duel pour ou contre l’aéroport dans le grain à moudre : http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/calais-notre-dame-des-landes-les-nouveaux-lieux-du-politique

►Calais, Notre-Dame-des-Landes : les nouveaux lieux du politique ? http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/calais-notre-dame-des-landes-les-nouveaux-lieux-du-politique

Mercredi 24 février

Les Escargots inculpé-es ont été condamné à un retrait de 6 points sur le permis de conduire, assorti de 200€ d’amende avec sursis. En revanche la personne inculpée pour rébellion a été relaxée. La confiscation des véhicule a été jugée contraire à la procédure et donc invalidée. Malheureusement, les Escargots vont devoir avancer les frais de fourrière. Frais qui leurs seront remboursés par la suite, sûrement après moultes procédures chronophages...

Jeudi 25 février

►La justice plus sévère contre les opposants paisibles à l’aéroport que contre les taxis ou la FNSEA :
http://www.reporterre.net/La-justice-plus-severe-contre-les-opposants-paisibles-a-l-aeroport-que-contre

►Ça commence à s’agiter un peu partout pour les derniers préparatifs de la manif : les éplucheur-euse-s de légumes, les dessinateur- trice-s de banderoles, les déplaceur-euse-s de trucs et de machins et tou-te-s les autres !

Vendredi 26 février

Notre-Dame-des-Landes: mobilisation malgré l’imbroglio du référendum

Delphine Batho, Aurélie Filippetti, Nicolas Hulot et Corinne Lepage appellent François Hollande à ne pas construire l’aéroport. Un rassemblement contre le projet doit se tenir samedi, alors que le référendum local tourne à l’imbroglio.

Et maintenant, au tour des politiques d’appeler François Hollande à ne pas construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Trois anciennes ministres de François Hollande, aujourd’hui députées : Delphine Batho, Aurélie Filippetti et Cécile Duflot, ont signé l’appel contre le projet d’aéroport du Grand Ouest, publié par Mediapart le 21 février. À leur côté, on retrouve aussi l’ex-envoyé spécial de l’Élysée sur le climat, Nicolas Hulot ; Corinne Lepage, présidente du Rassemblement citoyen ; la députée socialiste du Doubs Barbara Romagnan ; la parlementaire ex-Europe Écologie-Les Verts (EELV) Isabelle Attard ; Olivier Besancenot, et les eurodéputés écologistes José Bové, Karima Delli, Pascal Durand, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, ainsi que plusieurs responsables du Parti de gauche (Corinne Morel Darleux, Martine Billard, Éric Coquerel, Danielle Simonnet). Jeudi midi, l’appel avait recueilli 15 000 signatures (cliquer ici pour lire et signer l’appel). « Le lien est clair entre les engagements de la COP21 et le refus des grandes infrastructures d’extraction et de combustion des énergies fossiles », explique Nicolas Haeringer de 350.org, un mouvement mondial sur le climat, co-initiateur de l’appel.

C’est l’un des mots d’ordre du rassemblement pour l’abandon du projet qui doit se tenir samedi 27 février sur la zone d’aménagement différé (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, malgré l’annonce par François Hollande d’une consultation locale. « Nous n’avons pas aujourd’hui de position complète et définitive sur le référendum », explique Geneviève Coiffard, une opposante locale, membre de la coordination contre le projet, qui ajoute qu’à titre personnel, elle considère que c’est « une arnaque » : « Il y a un vrai problème de démocratie. Pour pouvoir répondre à une question par oui ou non, il faut des éléments d’information. Or ils nous sont refusés depuis la déclaration d’utilité publique de 2008. »

Les organisateurs de la manifestation de ce week-end attendent entre 15 et 40 000 personnes sur place. Elles occuperont le futur trajet du barreau routier qui devra relier les voies rapides Nantes-Rennes et Nantes-Vannes si l’aérogare sort de terre. C’est là que les travaux doivent démarrer. « On veut prouver notre capacité de blocage en cas d’attaque de la ZAD et de début des travaux, explique Geneviève Coiffard. C’est une démonstration de force. Le rapport de force existe. » Pour Mikel Hiribarren, de la Confédération paysanne, « il faut plus que jamais défendre les terres contre l’artificialisation. Nous appelons tous les paysans à venir à Notre-Dame-des-Landes, en particulier le 27 février, jour d’ouverture du Salon de l’agriculture, vitrine d’une agriculture excessivement moderniste et productiviste ». En janvier, la justice a condamné à l’expulsion les habitants historiques de la ZAD, dont les exploitants de quatre fermes. Le jugement peut être exécuté à partir du mois de mars.

Ce sera le premier rendez-vous militant à portée nationale depuis l’annonce du référendum local par François Hollande. Quinze jours plus tard, la déclaration du chef de l’État tourne à l’imbroglio. En l’état du droit, il n’est pas possible de demander à des populations locales de prendre une décision sur un projet national. Or le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été validé par l’État, par le biais de sa déclaration d’utilité publique. Il est considéré comme d’« intérêt national ». La loi Macron autorise le gouvernement à prendre des ordonnances sur toutes les mesures « visant à accélérer l’instruction et la prise des décisions relatives aux projets de construction et d’aménagement ». Mais elles ne peuvent pas concerner des projets déjà décidés. Un temps envisagée, cette solution juridique n’est donc pas viable.

Autre solution : passer par une loi. Mais là aussi, le champ des possibles se réduit comme peau de chagrin. Bientôt examinée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, la loi sur la biodiversité ne peut pas servir de véhicule législatif : au nom du « phénomène de l’entonnoir », il n’est pas possible d’y ajouter un article sur un sujet absent en première lecture. Il serait considéré comme un cavalier législatif et serait vraisemblablement censuré par le Conseil constitutionnel. Reste l’hypothèse de profiter de la proposition de loi de la députée (PS) Sabine Buis sur le dialogue environnemental, tout juste déposée, qui propose de créer une haute autorité de la participation du public. « Elle pourrait jouer un rôle de médiation dans le cas de Notre-Dame-des-Landes, que pourrait tenir la Commission nationale du débat public », explique l’élue. Sauf que... non. Le chef du groupe socialiste à l’Assemblée, Bruno Le Roux, explique à l’AFP que ce n’était pas « l’objectif » du texte et qu’il ne pourrait pas être adopté dans les délais. Quant à écrire et déposer un nouveau projet de loi « spécial référendum », c’est juridiquement possible. Mais difficilement compatible avec les ordres du jour saturés du Parlement, qui va se consacrer en priorité à finir de voter les lois en cours d’examen (prostitution, immigration...).

« Ils peuvent organiser une consultation informelle, mais elle aurait autant de valeur juridique qu’un sondage », analyse Arnaud Gossement, avocat spécialisé en droit de l’environnement. Et quelle serait sa légitimité ? Qui voudrait l’organiser, alors que la région Pays de la Loire, présidée par Bruno Retailleau (LR), a déclaré ne pas vouloir le faire ? Matignon plaide pour un périmètre restreint au département de Loire-Atlantique, qui a le double avantage d’être dirigé par un socialiste et d’avoir donné un sondage favorable à la construction de l’aéroport. Mais qui voudra y participer dans ces conditions ? Très favorable à l’organisation de ce référendum, qu’il a personnellement défendu auprès de François Hollande, le sénateur ELLV Ronan Dantec continue à croire à une forme de consultation et souhaite qu’il concerne les départements intéressés (Morbihan, Ille-et-Vilaine, Vendée, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique). Mais même cette hypothèse promet d’être délicate à mettre en œuvre : il est trop tard pour organiser un débat public. « Il y a déjà eu quinze ans de contre-expertise citoyenne », rappelle Geneviève Coiffard. Sur place, les positions sont si clivées, depuis si longtemps, qu’elles ne pourront plus beaucoup évoluer. C’est bien un mécanisme de décision qu’il faut trouver. Problème : comment le rendre opérationnel s’il n’a pas de valeur juridique ?

Comble de malchance : une législative partielle doit se tenir, sans doute courant avril, pour pourvoir le siège de Jean-Marc Ayrault, entré au gouvernement. Et le congrès du PS se tient cette année exceptionnellement à Nantes fin août. Ces deux échéances promettent de raviver les tensions entre le parti socialiste et les anti-aéroport. La gauche locale n’a pas fini de se déchirer sur ce dossier.

Jade Lindgaard Médiapart 

Samedi, à Notre-Dame-des-Landes, un grand rassemblement pour prouver que « le rapport de force existe »

Samedi 27 février, les opposants à l’aéroport vont bloquer des voies rapides à proximité de la Zad et participer à une grande soirée festive. De nombreuses organisations seront présentes, comme la Confédération paysanne, le Réseau action climat, 350.org... Une pétition de citoyens et d’intellectuels opposés au projet a déjà recueilli 15.000 signatures.

Les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes organisent une grande mobilisation pour l’abandon du projet, samedi 27 février, de 11 h à 18 h, sur la RN 165 à proximité du Temple-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Elle prendra la forme de deux cortèges aux endroits où « les travaux doivent débuter », a expliqué Geneviève Coiffard, d’Attac, lors d’un point presse, jeudi 25 février. « J’espère que nous nous compterons en dizaines de milliers de personnes. »

Côté ouest, un cortège de piétons et de vélos partira à 11 h de la zone des Quatre-Nations, à Vigneux-de-Bretagne, et parcourra cinq kilomètres sur la RN 165 jusqu’à Temple-de-Bretagne. Côté est, à 11 h, une file de tracteurs et de vélos quittera la zone de l’Érette, à Héric, et occupera la RN 137 pendant une heure environ. « L’objectif est de prouver notre capacité de blocage, a annoncé Mme Coiffard. Cela fait des années que nous affirmons que, en cas d’attaque de la Zad et de début des travaux, nous avons la capacité, avec nos 200 comités, de bloquer toute la rocade de Nantes et plein d’autres points. Le rapport de force existe et nous allons le prouver. » 

Carte de la mobilisation de samedi. 
Vers 13 h, les tracteurs et les vélos rejoindront le défilé piéton au niveau de l’échangeur du Temple. Des prises de parole se succéderont entre 13 h et 15 h. L’après-midi sera consacrée à la construction d’une tour de surveillance près du Temple « pour améliorer la vigilance et repérer tout début de travaux », a précisé Mme Coiffard. À 18 h débutera une grande fête à La Pointe, une ferme occupée puis expulsée en 2012 lors de l’opération César. Au programme de ce FestiZad : prises de parole, concerts ambulants, peintures géantes sur la RN 165, fest-noz, exposition et cantine.

« Il y a plus d’aéroports en France qu’en Grande-Bretagne et en Allemagne réunies »

Des agriculteurs de la Confédération paysanne viendront grossir les rangs des manifestants. « La Confédération paysanne est très concernée par ce dossier, depuis le début, parce qu’il s’agit de terres agricoles qui risquent d’être artificialisées, a déclaré Bernard Breton, du syndicat agricole. Nous soutenons les quatre fermes menacées d’expulsion et les initiatives agricoles qui ont émergé depuis longtemps sur la Zad. Les jeunes qui tentent de se nourrir sur ces terres gelées sont porteurs d’espoir pour un secteur en crise. » La mobilisation de samedi est d’autant plus symbolique qu’elle aura lieu le jour de l’ouverture, à Paris, du Salon de l’agriculture, « vitrine de l’agriculture productiviste ».

Pour Lorelei Limousin, du Réseau action climat, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est contradictoire avec les engagements pris par la France lors de la COP 21, en décembre 2015. « L’accord de Paris, qui nous engage à contenir le réchauffement climatique nettement en-dessous de 2 °C à la fin du siècle, doit maintenant être concrétisé, déclare-t-elle. Dans ce contexte, construire un nouvel aéroport, qui encouragerait le transport aérien fortement émetteur de gaz à effet de serre, n’est pas cohérent. Surtout dans un pays déjà équipé de plus de 140 aéroports – plus qu’en Grande-Bretagne et en Allemagne réunies. »

Les Franciliens qui n’ont pas la possibilité de se rendre en Loire-Atlantique pourront participer à une opération de phoning, samedi 27 février à partir de 11 h, au 22, rue Boulard dans le XIVe arrondissement de Paris. Objectif : « convaincre par téléphone les Nantais de voter non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes », explique Nathalie Laville, journaliste et adjointe (EELV) à la mairie du XIIIe arrondissement.

D’autres manifestations de soutien se dérouleront ailleurs dans le monde, comme au Canada et en Italie.

Cette mobilisation intervient alors que le tribunal de grande instance de Nantes a prononcé, le 25 janvier, l’expulsion des occupants historiques de la Zad, quatre paysans et onze familles.

Depuis, les manifestations de soutien aux zadistes se multiplient. Dimanche 21 février, un collectif de citoyens et d’intellectuels, parmi lesquels Pierre Rabhi, Patrick Viveret, Naomi Klein, Marie-Monique Robin, et Erri de Luca, a lancé une pétition enjoignant le gouvernement de renoncer au projet. « Jeudi matin, cet appel avait été signé par 15.000 personnes, se félicite Nicolas Haeringer, du mouvement de désinvestissement des énergies fossiles 350.org. Plusieurs personnalités politiques ont à leur tour signé la pétition, parmi lesquelles Delphine Batho, Aurélie Filippetti, Cécile Duflot, Pascal Durand, Olivier Besancenot et Yannick Jadot. »

Le soutien des riverains

Dimanche également, un groupe d’activistes a « redécoré les façades vitrées » du siège social de Vinci, à Rueil-Malmaison (Hauts-de- Seine). « Ce “tapage nocturne” a été fomenté en soutien aux habitant.e.s de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et aux autres territoires en lutte partout ailleurs », ont indiqué les organisateurs.

Mardi 23 février, des riverains ont publié un communiqué exprimant leur soutien aux zadistes. « Nous sommes outrés par la propagande quasi quotidienne des “va-t’en guerre” qui se permettent, en plus, de parler en notre nom : “Les habitants excédés”, disent-ils. Cela suffit ! Nous ne voulons plus êtres spectateurs des mises en scène anti-Zad de M. Retailleau [le président (LR) du conseil régional des Pays-de-la-Loire] et du couple Lamisse [les agriculteurs propriétaires de deux maisons à Vigneux] qui, d’ailleurs, n’habite plus là depuis des années, ni des mensonges de M. Valls et consorts sur les soi-disant activistes ultraviolents qui rackettent, volent et détruisent, écrivent-ils. Nous ne bénéficions pas des 60.000 euros d’encart publicitaire payés par le conseil régional mais nous pouvons néanmoins témoigner de notre réalité d’habitants. Déambulations champêtres ponctuées de rencontres enrichissantes, petit café offert ou simple bonjour, on se sent chez nous et en sécurité sur la Zad. » C’est pourquoi les riverains seront « présents dans la mobilisation contre l’aéroport et contre toutes les expulsions », concluent-ils.

Émilie Massemin - Reporterre

Vendredi 26 février

De jolies photos de la ZAD par ici : http://blog.unfamousresistenza.fr/regarder/photo/valk-oeil-activiste/ 

Ni guerre, ni état d’urgence, un appel collectif
http://lmsi.net/Ni-guerre-ni-etat-d-urgence

Samedi 27 février

12:15 - quelque photos du matin : 






12:45 - Des flics (1 voiture) sont au carrefour des chênes de Perrières et au carrefour des Ardillières

► Un référendum pour casser la lutte « Le 11 février, le président Hollande a annoncé un possible référendum sur le projet d’aéroport international à Notre-Dame-des-Landes. Peu de temps avant, la lutte était entrée dans une nouvelle phase, avec des actions de blocage du périphérique de Nantes, des occupations de sous-préfectures, des manifestations et des actions partout en France, en réponse aux menaces d’intervention policière et aux rendus de procès défavorables aux derniers paysans habitant le terrain prévu. Face à une lutte qu’il ne sait pour l’instant pas vaincre, l’Etat ressort un vieux dispositif empoisonné, ayant déjà fait ses preuves pour briser des mouvements par le passé » 


►APPEL à soutien pour le blocage de la 4 voies Vannes / Nantes au niveau de la vigie. Déjà plusieurs centaines de personnes sur place !

Grande journée de mobilisation pour l’avenir de nddl sans aéroport. Radio klaxon diffuse sur les ondes de Vinci 107.7 n’oublier pas d'emmener une radio ! 

Ce soir grande fête à la Pointe (joignable sur la D15)

Dimanche 28 février

Echos de la journée d’hier :

Communiqué des organisateurices : succès incontestable de la mobilisation pour l’abandon du projet d’aéroport du 27 février

Prise de parole d’occupant-e-s de la ZAD contre l’aéroport et son monde 

Echos de la journée du 27 février


Le non-référendum sur la RN 165


Album photo de ValK

Lettre de remerciement à Vinci et tutti quanti


Vidéo de Taranis.news : http://www.taranisnews.com/post/140102396428/notre-dame-des-landes-des-milliers-de

Notre-Dame-des-Landes: le mouvement anti-aéroport décolle

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants contre l’aéroport du Grand Ouest : plus le gouvernement affirme sa volonté de construire l’aéroport, plus le mouvement d’opposition se constitue. Il est en train de créer une nouvelle communauté politique.

Notre-Dame-des-Landes, de notre envoyée spéciale.- 

Un homme déguisé en vache peine à fermer la boucle avant de son sac à dos : elle est trop étroite pour contenir les pis rose vif qui ornent son bas-ventre. Un moulin à vent multicolore tourne au-dessus d’un barbu. Des silhouettes s’affairent à l’intérieur du bidon géant hissé trois mètres au-dessus du sol pour servir de vigie en cas de manœuvres d’approche policière. Il est presque 17 heures samedi 27 février et un vent glacé balaie la rampe d’accès à la quatre voies Nantes- Vannes. Des milliers de personnes quittent la route où elles manifestent depuis le matin contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des- Landes. Les drapeaux sont roulés, les enfants enveloppés de couverture dans leur poussette, des bétaillères ramènent les marcheurs vers les parkings, les premiers cars de militants repartent. Une Harley noir cloutée frôle le porteur d’un drapeau jaune et vert à l’effigie de Novissen, l’association qui s’oppose à la Ferme des mille vaches dans la Somme.

La police – discrète, des survols en hélicoptère – a compté 15 000 manifestants. Les organisateurs au moins 50 000, voire 60 000. C’est plus du double que ce qu’ils avaient comptabilisé le 9 janvier lors de la précédente marche contre l’aéroport, sur le périphérique de Nantes (7 200 et 20 000 respectivement). À six semaines d’écart, et après l’annonce d’un référendum local par François Hollande, c’est une énorme réussite pour les opposants à l’aéroport. Un volontaire n’en revient pas d’avoir orienté des gens venus de Marseille et de Montpellier. Un car a été affrété de Saint-Denis.

Le « comité dionysien de soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et de lutte contre l’aéroport et son monde » a laissé un panneau rouge, vert et jaune contre une rambarde. Il proclame : « D’La banlieue au bocage/Avec amour et rage/Nous ne nous laisserons pas aménager ! » Des militants sont venus de Meuse, du Loir-et-Cher et, beaucoup, de Bretagne. Toute la journée, ils ont arpenté le bitume de la route libérée des voitures, pique-niqué, chanté des chants révolutionnaires, pédalé en famille, retrouvé des amis, cuisiné et vendu des repas à prix libre, écouté et joué de la musique, acheté des cartes de la ZAD dessinées à la main, brandi des drapeaux anti-avion et des autocollants anti-Vinci, le concessionnaire du projet.

Ce n’était pas une manifestation d’organisations, chacun rangé derrière sa banderole. Ce fut une occupation de masse, conviviale, rieuse, d’un territoire habituellement interdit aux piétons. Une reconquête éphémère et une démonstration de force à l’endroit où doivent commencer les travaux liés à l’aéroport pour y bâtir un barreau routier reliant deux nationales et un échangeur.

Une station Total a été maculée de tags à la gloire de « la commune de la ZAD » : « La ZAD c’est chic, la ZAD c’est choc », « Nos désirs font désordre ». Le nom du pétrolier devient « Crotal », « Totalitaire », « Pollueur », « Assassin », « Erika on n’oublie pas ». Les pompes à essence sont hors d’usage, les pompiers surveillent la scène. Une militante locale s’inquiète : « Les médias ne parleront que de ça ! » Un vieux commente : « Vaut mieux ça que des tags à la con. » À côté, des familles déjeunent sur les tables de l’aire de pique-nique.

Le soir, à la Pointe, une ferme en dehors de la ZAD où s’organise une grande fête d’après manif’, un jeune habitant de la ZAD interpelle un groupe de manifestants venus de Paris. « Il ne s’est rien passé aujourd’hui ! Si on ne pète rien, c’est comme s’il ne s’était rien passé. Y a que comme ça qu’on peut faire parler de l’aéroport. » Ses interlocuteurs le contredisent, se réjouissent de la mobilisation d’ampleur. Il s’en prend à ces « Parisiens » trop contents d’eux. Certaines différences d’approche restent irréductibles. Quelques heures plus tard, une foule de danseurs crient « Vinci dégage ! Résistance et sabotage ! » pour chauffer la salle entre deux rondes de fest-noz. Un biniou, une clarinette et un accordéon prennent le relais.

C’est l’opposé de la manifestation de février 2014 qui avait donné lieu à des heurts dans le centre de Nantes entre militants anti-aéroport et forces de l’ordre, et des destructions de mobilier urbain, d’un engin de chantier et de vitrines de magasins. Cette fois-ci, très peu de casse, pas d’affrontement, peu de division entre militants légalistes et désobéissants. Un plaisir diffus, bon enfant, d’être ensemble et nombreux.

Dans le village de Notre-Dame-des-Landes dimanche matin, des badges anti-aéroport se portent sur le veston et des autocollants s’affichent sur les pare-brise. Mais l’ambiance est tout autre : des personnes âgées font leurs courses, une famille vient acheter des huîtres sur le parvis de l’église. Les visages sourient aux visiteurs boueux qui émergent d’une nuit parfois courte dans le froid des granges et des fermes squattées. Une villageoise s’en va en poussant ses achats sur son vélo : « Bon inter comité ! » À 10 heures, dans la salle municipale doit démarrer la réunion des comités locaux de soutien à la lutte contre l’aéroport. Ils doivent préparer des actions à venir et décider s’ils prennent position sur la tenue du référendum.

Regain d'engouement

Plus le gouvernement affirme sa volonté de construire l’aéroport, plus le mouvement d’opposition s’agrège et se constitue : à force de se retrouver sur le terrain inconfortable d’une zone boueuse où il faut circuler en bottes, lampe frontale sur le front, où l’on se perd sans repère GPS, des liens se tissent entre citadins et ruraux. La réduction de la ZAD, dans le discours public, à un repaire de black-blocks et de casseurs est tellement loin de ce qui s’y passe (agroécologie innovante, boulangers et cuisines collectives solidaires des migrants, vie collective, tentatives de relations dé-hiérarchisées et anti-sexistes...) qu’elle crée de la solidarité entre ses habitants libertaires et leurs riverains et visiteurs plus intégrés socialement. De nouveaux volontaires veulent s’installer sur la zone, épris de liberté et en quête de sens. Il fait encore froid mais on sent un regain printanier d’engouement pour l’occupation du lieu.

Parti d’une poignée de paysans et de riverains refusant le bétonnage de leur terre, le mouvement autour de Notre-Dame-des-Landes est devenu plus qu’une opposition à une plateforme aéroportuaire. Il est en train de créer une communauté politique qui fait un lien fort entre organisation du territoire, système de création de valeurs (quelles activités peut-on créer, au bénéfice de qui ?), crise écologique, modes de vie et aspirations personnelles. C’est une tout autre approche que celle des déclarations d’utilité publique, des comparaisons coûts-avantages, des votes au nom de l’intérêt général. Et c’est le contraire d’une position de blocage par principe.

Ces militants réclament de nouvelles manières d’exercer leur souveraineté démocratique : en arrêtant de déléguer les décisions sur leur cadre de vie aux techniciens de l’aménagement du territoire, en reconnaissant le dérèglement climatique et la crise de la biodiversité comme des critères majeurs de décision publique. En refusant la dissonance entre les proclamations symboliques de la puissance publique (sur l’action pour le climat, sur l’aide aux petits agriculteurs, sur la redynamisation des campagnes) et la réalité de ses actes. Ce n’est pas un mouvement contre la loi mais pour le respect de lois que l’État et les collectivités locales veulent esquiver sur l’eau, sur la protection des espèces menacées, sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, quel sens peut prendre le référendum local voulu par l’exécutif ? Au-delà de l’imbroglio juridique, sa tenue est rendue plus difficile par l’ampleur de la mobilisation du 27 février. La consultation ne pourrait être que symbolique alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes réclament une décision. Son périmètre risque d’être limité à un département alors que les manifestants venaient de toute la France – selon le chercheur Luc Semal, il faudrait prendre en compte les voix de la communauté de tous les affectés par cet aéroport, qui contribuera au dérèglement climatique, expérience universelle. La défiance est forte vis-à-vis de l’État, juge et partie sur l’opportunité de ces grands projets, et pris en flagrant délit de rétentions d’informations et même de mensonges, selon des opposants. Pour autant, s’ils refusent d’y participer, le risque est grand qu’ils soient accusés de mépriser la démocratie. Il ne sera pas si simple de s’en défendre.


Jade Lindgaard - Médiapart 

Lundi 29 février

Notre-Dame-des-Landes : le pari des rebelles est gagné

Organisé rapidement, devenu alternative au référendum, le blocage festif de la voie express bordant la Zad de Notre-Dame-des-Landes a été, samedi, un succès sans précédent. La résistance au projet d’aéroport est populaire et tenace.

Notre-Dame-des-Landes et alentour (Loire-Atlantique), reportage 



Les glissières de la voie express n’ont jamais connu un tel ramdam. Le double cortège qui a envahi vers 10 h 30, samedi 27 février, les quatre voies de circulation de l’axe Nantes-Vannes s’est mué en rythme collectif obsédant. Le jeu de quelques coups de bâton sur ces barrières de sécurité a vite été repris, multiplié, amplifié par des milliers de tambourineurs qui s’en sont donné à cœur joie en trouvant un bâton ou une branche sur le terre plein-central ou les bas-côtés. Une énergie incroyable, courant, vibrant sur des kilomètres de profilé métallique, a rempli l’air comme un concert de techno artisanale inspiré par les Tambours du Bronx et une batucada prenante et enjouée. Certains y ont vu une « métaphore de l’action collective », sans chef d’orchestre, écrivant dans l’improvisation des boucles rythmiques, capable de désunir et de se reformer pour imposer un tempo combattif. La rumeur joyeuse et déterminée permettait à peine de se parler dans le cortège. 



Pour le préfet, le chiffre public annoncé aura été de 15.000 personnes. Pour les organisateurs, plus de 60.000 et « certainement la plus grosse manifestation pour la sauvegarde du bocage de Notre-Dame-des-Landes et pour le soutien à celles et ceux qui font vivre cette Zad », a dit l’association citoyenne Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes). Certains dans la foule s’estimaient à 100.000. 


Seul l’hélicoptère de la gendarmerie, qui a survolé jusqu’après la nuit tombée, projecteur braqué au sol, a eu une vision exhaustive de la foule, des milliers de voitures et des 68 cars venus de toute la France, garés dans des zones industrielles, sur des bretelles d’accès, au bord des départementales, dans des chemins, au milieu des tronçons de route assez larges pour accueillir deux files de véhicules stationnés et une file au centre. Sans compter les tracteurs, bétaillères, camions-sono, fourgons-cantine et estafettes-buvette, qui se sont installés au milieu de la foule sur la voie express. Venant du point de ralliement sur l’autre voie express enserrant la zone, l’axe Nantes-Rennes, quatre centaines de vélos et une trentaine de tracteurs ont rejoint le gros de la manif.

« Un symbole des luttes actuelles »

Les drapeaux d’organisation voisinaient avec les créations personnelles. Un avion jouet encagé dans une boule de grillage à poules suspendu à une perche, un flotteur de filet de pêche orné de l’inscription « Ni Dieu ni aquarium. Zad en mer ! », une grosse cloche à vache tintant au guidon d’un vélo. Des pancartes à bout de bras clamaient « Des courgettes, pas des jets », « Dunkerquois contre l’aéroport » ou « C’est non, disent les salamandres et les campagnols », mais aussi, plus large, « Sauvons la Zad et le code du travail »,

« Licencions le gouvernement et le président »



La bannière de la Jeunesse ouvrière chrétienne, venue de Belgique, côtoyait celle des Kurdes. « Regarde autour de nous, a fait remarquer un militant de Limoges, un drapeau basque, un occitan, un breton, un noir et vert anarcho-écolo, la confédération paysanne, Attac, la CNT, le Larzac, le Front de gauche, Bure : cette lutte de Notre-Dame-des-Landes a plein de portes d’entrée et dépasse largement la question de l’aéroport. »

« C’est un peu un symbole des luttes actuelles, a ajouté son voisin. Dans un contexte où le mouvement social a plutôt collectionné les défaites de batailles qui n’ont pas été menées, la dernière grande lutte collective étant les retraites, qu’on a perdue. Ici, on n’a pas gagné, mais ça dure et ça prend sérieusement tournure. » 

Des tags « Zad partout » ont fleuri sur les piles des ponts autoroutiers, des carottes géantes perforant des avions blancs ont été peintes à même l’asphalte. Une station service Total a rapidement été décorée, le bombage « prix libre » recouvrant le panneau des tarifs de l’essence et du gazole, l’enseigne Total devenant « anarchie totale », à côté d’un immense tag « Mange tes morts, comme en Birmanie » (où la multinationale pétrolière est accusée par des ONG d’exécutions, de travail forcé et de soutien financier à la junte). Un extincteur à poudre, dont le contenu a été libéré à l’air libre, a improvisé avec le vent une incroyable chorégraphie de volutes immaculées sous l’auvent des pompes.


« Si jamais Valls veut attaquer la Zad, il y aura du monde, beaucoup de monde, à venir la défendre »

La marche a continué. On a pique-niqué sur la pente des bas-côtés, on pissait plus loin, dans les ajoncs. Cerné par des milliers de manifestants réjouis, le chantier d’établissement de la vigie avançait bien. La construction de près de sept mètres de haut a un air de silo circulaire sur échasses métalliques encâblées. Le toit en chapeau chinois était assemblé au sol pendant que la partie haute était montée et boulonnée. Ce poste d’observation se veut un symbole visible de la résistance, implanté au bord de la voie express, sur un des sites prévus comme échangeur d’une voie de desserte de l’aéroport, « barreau routier » dont le tracé souligne, d’ouest en est, l’emprise de la Zad. Ce poste de veille pirate est inspiré des presidios installés face aux tronçons de chantiers sous haute protection policière de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, dans le val de Suse italien, avec qui la Zad entretient des contacts constants. 



Ce samedi 27 février, le mot d’ordre de la mobilisation était : « Pour l’abandon du projet d’aéroport et pour l’avenir de la Zad », envisageant donc sérieusement un futur. Lancée avant l’annonce du projet de référendum, cette manifestation était prévue pour construire un rapport de force en cas de tentative d’évacuation de la Zad – paysans et zadistes confondus. Il reste pourtant de cette journée piétonne sur un bitume gagné aux flots de voitures comme une réponse très claire à la question pour ou contre l’aéroport lancée le 11 février par François Hollande en remaniant son gouvernement pour faire une place aux écolos. Une consultation dont on ne sait toujours ni le calendrier, ni la question qui serait posée, ni même le périmètre électoral. « Pas besoin de voter, suffit de voir ici la réponse du peuple à cette aberration », a dit un militant d’un comité parisien. « En tout cas, ça veut clairement dire que, si jamais Valls veut attaquer la Zad, il y aura du monde, beaucoup de monde, à venir la défendre et à la soutenir », ajoute une quinquagénaire brestoise, un verre de blanc à la main, au cul d’un fourgon-buvette cerné par la foule

Le point de stationnement des véhicules se trouvant à plus de cinq kilomètres, un service de bétaillères a fait la navette pour reconduire des piétons entassés et ravis. Au passage, surprise : le long de la glissière de la voie express, deux gendarmes mobiles en calot, casque à la ceinture, alternaient quolibets et interpellations curieuses ou narquoises. Dans la journée, à part l’hélico, les gendarmes se sont faits très discrets, se contentant de dérouter la circulation. À distance de la présence incongrue de ces deux pandores, une demi-douzaine de fourgons bleu marine ont gardé le reste de la troupe. En face d’eux, la station service. Lieu sensible. Les tags, ça va, mais le stock d’essence se surveille comme l’huile sur le feu. 



Monté sur une plate forme agricole, le groupe anarcho-punk belge René Binamé a fait remuer ses fans et hurler son tube « Kestufé du week-end ? ». Sur les tabliers des ponts, d’énormes banderoles donnaient la réponse : « L’abandon, c’est maintenant. » La nuit est tombée. Place aux concerts, à la bière et aux cantines végétariennes à La Pointe, dans une maison murée, appartenant au département et rouverte pour le week-end. Pour danser en bottes, c’était bien, mais on pataugeait vite. 

C’est la Zad, où tout le monde reste de boue.

Nicolas de La Casinière et Isabelle Rimbert -Reporterre


Lundi 29 février

Après ce week-end de rassemblement qui confirme la force du mouvement contre l’aéroport, le début de cette nouvelle semaine commence durement. Des expulsions ont repris à Calais. Alors qu’ici nous pouvons compter sur des dizaines de milliers de personnes, là-bas des centaines de personnes se voient retirer le toit qu’ils et elles ont tant bien que mal réussi à construire sans bénéficier du même soutien.

Un
appel est lancé à se rassembler devant la préfecture de Nantes, demain (mardi) à 18h pour soutenir les migrants. Un rendez-vous est
donné à 8h du matin à la wardine pour préparer le rassemblement (banderoles, bouffe, tracts etc...). Parce qu’ici comme là bas nous refusons les expulsions, parce que nos luttes sont liées, parce que la "crise" des migrants est une résultante du capitalisme.

Pour plus d’infos nous relayons ici quelques récits et temoignages :

Calais : l’expulsion a commencé ce matin 

"Depuis 8h30 ce matin, des centaines de CRS ont débarqué dans la Jungle à Calais. Alors que Cazeneuve promettait un dialogue ainsi qu’une évacuation petit à petit et en douceur, c’est la violence, les arrestations et l’interdiction d’accès aux bénévoles, médias, etc. Voilà comment la France, pays des Droits de l’Homme, met en place ses solutions HUMANITAIRES. 3000 réfugiés, dont des centaines d’enfants, se retrouvent aujourd’hui dehors, dans le froid, après la destruction de leurs cabanes par les bulldozers."

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La préfecture a fait appel aux forces de l’ordre pour commencer à évacuer les migrants de la zone sud du campement sauvage à Calais...

"Au fil des heures, les témoignages s’accumulent d’une expulsion violente, de personnes chassées de leurs abris sous la menace des flashballs, des témoins tenus à distance. Un message parmi d’autres, diffusé il y a une heure : « En direct de la Jungle : Problème avec les portables : pas de batterie. On était à l’école du chemin des Dunes pour les charger mais l’électricité à été coupée. L’accès de certaines parties de la Jungle est empêchée par les CRS. On a réussi à passer : il y a des CRS partout, ils sont armés et ils sont violents. Ils poussent les migrants et les journalistes, jusqu’à les faire tomber. Il y a des équipes de démantèlement qui défoncent les cabanes à coup de massue et de pieds de biche. Tout tombe par terre, complètement détruit. (On leur a demandé si on pouvait les interviewer, certaines personnes sont venues nous voir pour nous dire qu’elles n’avaient pas le droit de nous parler.) Pour protéger leurs abris, les migrants montent sur les toits. Pourquoi d’un coup tout s’est accéléré alors que le gouvernement avait promis de ne pas utiliser la violence ? Parce que les No Border ont empêché les maraudes qui allaient chercher les migrants « pacifiquement » pour les sortir de leurs abris. Mais il s’agit d’un prétexte, il y aurait eu une autre raison de toute façon et les CRS seraient venus.Tout le monde est calme sauf les CRS, ils ont des lacrymos, la situation risque de se compliquer. On filme avec la caméra donc on ne peut pas envoyer les images en direct. Faites tourner, les images arrivent."


ET AILLEURS

Infos du 1er au 7 février

Samedi 6 février

Ce week-end, occupation d’une cabane en Alsace contre Vinci

Infos du 8 au 14 février

Jeudi 11 février

A Toulouse, des activistes ont lancé une campagne contre Vinci 



À Toulouse, les partisans de la Zad ont décidé de mener la vie dure au champion du béton depuis qu’il a demandé l’expulsion des habitants de Notre-Dame-des-Landes. Occupations de bureaux, opérations de péages et parkings gratuits... les pistes sont ouvertes.

Toulouse, correspondance 



Le rendez-vous était resté secret jusqu’au dernier moment. Ce mercredi 27 janvier, une trentaine de personnes se rejoignent à deux pas du Capitole, dans le centre de Toulouse. Au quatrième étage d’un immeuble anonyme, se trouvent les bureaux de Vinci Immobilier et d’Indigo (ex Vinci-Park). Une banderole « Vinci nous ruine, ruinons Vinci » est déployée à la hâte sur le seuil, tandis qu’une poignée de manifestants se rue dans le hall d’entrée. Munis d’ardoises en carton, en référence aux pénalités demandées par Vinci aux paysans et habitants historiques de Notre-Dame-des-Landes, ils s’allongent à même le sol pour barrer le passage, tout en crayonnant leurs slogans. « On est bien ici, on pourrait rester des années ! » s’esclaffe une militante. Tracts à la main, Fatima décide de grimper les étages pour visiter les bureaux de Vinci. Elle sonne à plusieurs reprises à la porte. Sans succès. Prévenus grâce aux caméras de la cage d’escalier, les employés se sont claquemurés. Fatima se résigne mais sans déception. Elle en est certaine : les collectifs Zad de Haute-Garonne et du Tarn, qui ont organisé l’action, reviendront.

À plus de 600 km du bocage nantais, les militants qui ont participé de près ou de loin à la lutte contre le barrage de Sivens (Tarn) ont décidé de mener des actions non-violentes de basse intensité contre Vinci, le promoteur du projet d’aéroport contesté à Notre-Dame- des-Landes. « C’est une évidence », explique Jean-Claude. « Le centre névralgique est à Nantes, certes, mais il faut décentraliser la mobilisation sur le territoire. Notre-Dame-des-Landes est une problématique nationale, voire internationale ! » s’exclame-t-il. Dans la rue bondée, le slogan « Vinci dégage, résistance et sabotage » hurlé à tue-tête perturbe l’après-midi ensoleillée des passants aux bras chargés de sacs. 


« Ils veulent juste bâtir, bâtir, bâtir pour se faire du fric ! »

Un grand sourire accroché aux lèvres, « Camille » arrête les badauds pour échanger quelques mots. « Vous avez raison, il y en a ras-le bol de ces grandes entreprises qui mettent la main sur tout ! » s’écrie Marianne, une Toulousaine aux cheveux grisonnants devant le manifestant qui reste bouche bée. « On m’avait dit que cette action serait un grand moment de solitude, mais finalement les gens réagissent et sont de notre côté », confie-t-il. Axel, un lycéen rigolard, met la main à pâte en distribuant des tracts. « Virer des familles, c’est dégueulasse, ça pourrait très bien m’arriver à moi ou à vous demain », commente-t-il. Saïda, employée d’un institut de sondage installé dans le même immeuble que Vinci, fulmine : « C’est honteux, cette décision du tribunal. Que Vinci ait osé demander mille euros par jour de pénalités à des paysans et des familles, ça dépasse l’entendement. Dans quel monde on vit, là ? Ils veulent juste bâtir, bâtir, bâtir pour se faire du fric ! » vitupère-t-elle. 



À quelques mètres, un petit groupe de CRS nonchalants observent la scène. Lunettes de soleil sur le nez, un policier confirme qu’on ne leur a pas donné l’ordre d’intervenir. Après une heure d’occupation, les manifestants décident de lever le camp. Les autres bureaux de Vinci à Toulouse ont baissé leurs rideaux par mesure de précaution. « Vinci ne va pas s’en tirer comme ça, souffle un opposant au projet d’aéroport. Dans les semaines qui viennent, ils vont entendre parler de nous. »

D’autant plus qu’à Toulouse, le géant de la construction, qui est aussi le premier opérateur européen de concessions d’infrastructures de transport, fait grincer des dents. En novembre dernier, Vinci-Park s’est rebaptisé Indigo en toute discrétion. Ce nouveau nom est censé faire « référence à la septième couleur de l’arc-en-ciel, un bleu violet très profond, que Léonard de Vinci définissait comme la couleur du lointain, de l’infini et du futur ». Une opération de « blue-washing » qui semble réussir au leader mondial du stationnement payant dans la ville rose. Le 20 janvier dernier, Indigo a raflé le contrat de concessions de plusieurs parkings toulousains, avec en prime la construction de milliers de places dans le cadre de l’aménagement du centre-ville. Présentée comme une « bonne affaire » par Jean-Luc Moudenc, le maire (Les Républicains) de Toulouse, la décision est contestée par les élus socialistes et les écologistes. Ils dénoncent une opération d’« enfumage » et de « marketing politique » ainsi qu’une situation de monopole.

Les membres des collectif Zad, quant à eux, ne comptent pas remplir les poches d’Indigo ou de Vinci Autoroutes. Au menu des semaines qui viennent, l’organisation d’opérations « parking gratuit » et « péage gratuit » en vue de créer un harcèlement permanent. « Le moment est venu de se remobiliser », constate un autre Camille. Près d’un an après l’expulsion de la Zad de Sivens, les opposants aux grands projets inutiles sont de retour dans le Sud-Ouest. Et promettent des actions toutes plus créatives les unes que les autres.

Marine Vlahovic - Reporterre 

Le comité local Zad à Saint-Denis vous invite à déjeuner 



A Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, la lutte continue contre l’aéroport et son monde. 

Pour en discuter, s’organiser, et aussi pour en causer à celleux qui ne connaissent pas,

LE COMITÉ LOCAL ZAD À SAINT-DENIS FAIT SA CANTINE, ET VOUS INVITE À DÉJEUNERS. 

SAMEDI 13 FÉVRIER À PARTIR DE 12H À CÔTÉ DU PARVIS DE LA BASILIQUE DE SAINT-DENIS (DEVANT LE BAR "LES ARTS")

On pourrait penser que le bocage nantais est bien loin de notre banlieue nord parisienne...

Mais comme là-bas,

Ici aussi, on expulse les habitant-e-s pour faire place nette, les repoussant toujours plus loin de leurs lieux de vie et de solidarité. Ici aussi fric et politique font bon ménage, et la Métropole avance ses tentacules de béton et de pognon, détruisant les derniers espaces agricoles et naturels.

Ici aussi ils nous vendent leur "aménagement du territoire" quand ils ne font que détruire pour reconstruire, ce qui au fond ne sera jamais autre chose que les murs de notre prison, un peu plus hauts, un peu mieux gardés et "vidéoprotégés".

Ici aussi, les forces bleu marine de l’ordre national harcèlent, menacent, mutilent et parfois tuent. Contre leurs urgences, nous devons prendre « notre » temps, choisir « nos » rythmes.

Alors pour se rencontrer et pour se réjouir, et pour commencer à s’organiser ensemble pour « défendre nos zones », rendez-vous samedi midi à côté du parvis de la Basilique de Saint-Denis !

Courriel à Reporterre du Collectif NDDL-Ile-de-France. 

Vendredi 12 février

Dans les Hautes-Alpes, vers une nouvelle « zone à défendre » contre un projet de ligne très haute tension 


En Haute-Durance près du parc national des Écrins, l’entreprise RTE souhaite implanter 80 kilomètres de lignes électriques à 225 000 volts, malgré l’opposition d’une partie de la population qui multiplie les marches et les blocages. Ils estiment que la beauté de ces lieux, entre Gap et Briançon, et la santé de ceux qui vivent à proximité des lignes sont menacées. Les partisans du projets dénoncent « quelques militants extrémistes et violents ». Une nouvelle « zone à défendre » en perspective ?

Ceux qui ne connaissent pas le coin doivent s’imaginer un paysage de carte postale : une longue vallée bordant les glaciers du parc national des Écrins et les sommets étincelants du Queyras, parsemée de forêts de mélèzes, de petites falaises et de charmants vallons. Et au milieu coule la Durance, rivière fougueuse se déversant dans le très touristique lac de Serre-Ponçon. Il y a bien une grosse route nationale, des bâtiments pas toujours jolis, mais la vallée a pour l’instant été épargnée par les grandes infrastructures – un projet de voie rapide ayant capoté dans les années 1970. C’est dans ce décor que l’entreprise RTE (Réseau de transport d’électricité), filiale d’EDF, aimerait implanter 345 pylônes d’une quarantaine de mètres, pour 80 kilomètres de lignes à 225 000 volts. Autant dire une énorme verrue paysagère.

Officiellement, cette ligne a pour unique but de remplacer les anciennes installations vétustes. L’augmentation de la capacité de transport ne viserait qu’à « anticiper une croissance de la consommation électrique », pourtant appelée – en ces temps de COP21 – à se stabiliser, voire diminuer. Mais RTE pourrait se servir de cette ligne pour vendre de l’électricité à l’Italie toute proche, et pour s’inscrire « dans les plans européens de développement d’un grand réseau pour servir le marché capitaliste de l’électricité », suggère le collectif d’opposants NoTHT05. Certains imaginent que cette ligne pourrait être le prélude à d’autres grands projets : un rapport parlementaire lie l’arrivée de la haute tension avec le projet d’un tunnel sous le Montgenèvre, qui « désenclaverait » cette vallée montagnarde.


« L’écologie, ce n’est pas la violence »

Là-haut, il n’y a pas de « ZAD » (zone à défendre) pour attirer les médias nationaux. Si les journaux et télés ont multiplié les reportages sur les résistants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au barrage de Sivens ou au Center Parcs de Roybon, presque personne n’a entendu parler des opposants au projet de ligne à très haute tension (THT) dans les Hautes-Alpes. Et pourtant, leurs actions semblent efficaces, si l’on en croit les messages d’indignation de la chambre de commerce et d’industrie ou de la fédération du BTP des Hautes-Alpes, qui ont été diffusés en décembre 2015. « Voilà des militants extrémistes, violents, qui ne viennent même pas des Hautes-Alpes, » s’est outragé sur sa page Facebook le jeune conseiller départemental UMP/LR Arnaud Murgia, ancien militant toulousain, parachuté à Briançon en 2013 :

Pourquoi est-il à ce point véhément ? À cause de l’intense activité des militants anti-THT qui ont ambiancé l’automne en Haute- Durance, cette vallée allant de Gap à Briançon. Le site d’un des collectifs anti-THT recense les multiples actions ayant eu lieu entre octobre et décembre. Extrait : « 30 octobre : blocage de chantier à Saint-Apollinaire, avec une dizaine de personnes. Deux machines sont déjà à l’arrêt : du sucre aurait été versé dans leurs réservoirs. 3 novembre : blocage de chantier à Réallon, à une quarantaine de personnes. 3 personnes embarquées en contrôle d’identité. 8 novembre : marche autour du chantier à Réallon, assemblée.
600 personnes présentes. Les piles de troncs sont étalées sur les pistes. » En un mois et demi, quinze actions sont recensées.

La contestation de ce grand projet est loin d’être minoritaire, ni l’apanage de « quelques militants extrémistes et violents », comme les qualifient les partisans de la ligne THT. Matthieu est membre du collectif NoTHT05 : « Les grands événements (manifestations, marches) réunissent autour de 500 personnes, les blocages au petit matin en semaine, plusieurs dizaines de personnes, et les réunions quasi hebdomadaires, au moins soixante personnes, qui ne sont pas les mêmes qu’on soit à un bout ou à l’autre de la vallée. » 



Jean-Marc est vice-président d’Avenir Haute-Durance, une autre association opposée au projet, forte de 2 000 adhérents et multipliant les recours juridiques. « 98 % des 2 000 contributions de l’enquête publique ayant eu lieu en 2013 sont contre le projet, souligne-t-il. Au lancement du projet, la population n’était pas franchement hostile. Mais, ces derniers mois, les gens sont de plus en plus remontés. Même des élus, qui étaient favorables au début et dont la commune va être arrosée financièrement par RTE, commencent à douter parce qu’ils ont peur que ce projet gâche l’attractivité touristique du département. » Dernier renfort à la lutte : un collectif indépendant de lycéens est en train de se monter contre la THT, afin de « montrer [leur] opposition au saccage de la vallée au nom du profit ».

« En effaçant nos chalets des cartes, ils font comme si on n’existait pas »

Pour arriver à ses fins, RTE n’hésite pas à transformer quelque peu la réalité. Catherine est furieuse : son chalet ainsi que celui de plusieurs de ses voisins, situés sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières, ne figurent pas sur les plans cadastraux présentés par la filiale d’EDF. Et pour cause : ils sont situés à moins de cent mètres du tracé de la future ligne. Or plusieurs études [1] ont montré des corrélations entre une exposition forte aux lignes THT et le développement de maladies, telles que les leucémies infantiles, Alzheimer ou Parkinson. « On a déposé un recours au tribunal administratif de Marseille, assure Catherine. RTE nous méprise : toutes les constatations qu’on avait déposées dans l’enquête publique n’ont jamais été prises en compte. En effaçant nos chalets des cartes, ils font comme si on n’existait pas. »

Jean-Philippe Bonnet, le délégué régional de RTE en charge de ce « magnifique projet », comme il le décrit, a une interprétation différente : « On a été alertés sur ce cas. Il y a peut-être eu un raté sur les plans cadastraux, mais il n’a pas de conséquences. De toute façon, la ligne ne surplombe pas les chalets, et il n’y a pas de pylônes sur les propriétés, donc il n’y a pas de dédommagements. » 


Plutôt que de réfléchir aux conséquences sanitaires de ses lignes, RTE préfère travailler à l’image de son projet. Les pylônes haut-alpins feront partie du projet européen Life Elia-RTE, qui vise à « transformer les emprises des lignes à haute tension en corridors écologiques ». Le capitalisme vert ose tout : bientôt, on apprendra que les poubelles des centres commerciaux sont en fait un écosystème optimal pour les sangliers. En attendant, sur les zones qui ont déjà été déboisées, RTE ose poser des panneaux interdisant de pénétrer sur cette « zone environnementale sensible » (photo ci-dessus). Ira-t-il jusqu’à classer les bulldozers comme des espèces en voie de disparition à protéger ? Avec l’arrivée de l’hiver, les travaux ont été stoppés, de même que les actions de blocage. Les deux devraient refleurir dès ce printemps.

Vincent Peyret - Bastamag

Samedi 13 février

Des échos des Hautes Alpes et des suites d’une soirée d’infotour ZAD : Des occupants de la ZAD (Zone à Défendre) de Notre- Dame-des-Landes sont venus témoigner et discuter avec les gapençais des actualités et perspectives de la lutte contre l’aéroport mais aussi des alternatives. Une conférence donnée salle Dum’art, à Gap. L’occasion d’entendre un "son de cloche différent" des médias traditionnels pour "Camille", membre de Calucha et organisateur de l’événement ... jusque là tout allait bien, il y a ensuite eu des demandes pour interdire les réunions, et une présence policière pour les suivantes...

Et un appel à souscription pour lS.a réalisation d’un film « Pied de biche » qui va s’intéresser à 2 lieux squattés et autogérés à Dijon, les « Tanneries » (https://tanneries.squat.net/) et le « Quartier Libre des Lentillères » (https://lentilleres.potager.org/), notamment aux personnes qui rendent possible ces espaces d’utopies joyeuses et rigoureuse, plus d’infos ici.

Pour la mobilisation du 27 février : des bus et covoiturages s’organisent dans diverses villes


Infos du 15 au 21 février 

Lundi 15 février

Pendant ce temps-là, à St Brieuc, les "Vinci’bles" redécorent 



Mercredi 17 février

A Roybon, la Zad oubliée retrouve l’esprit de la forêt 



Depuis un an, les opposants au projet de Center Parcs de Roybon, dans l’Isère, ont pris le chemin de la vie dans les bois. Au contact de cette entité vivante, ils redécouvrent les usages pluriséculaires qui en ont fait une source de prospérité.

Roybon (Isère), reportage 


Je m’en allais dans les bois parce que je souhaitais vivre délibérément, ne faire face qu’aux faits essentiels de la vie, et voir si je pouvais apprendre ce qu’elle avait à enseigner, et non découvrir, quand je viendrais à mourir, que je n’avais pas vécu. »

Les mots d’Henry David Thoreau résonnent à la lisière des Chambarans, dans les clairières où fleurissent les cabanes et les barricades. Depuis le blocage des travaux du Center Parcs, en novembre 2014, des jeunes et moins jeunes occupants ont investi la forêt. Ils ont pris racine pour mieux lutter contre le capitalisme et ses avatars, les grands projets inutiles. « Le Center Parcs, c’est le tourisme de masse, industriel. On artificialise la forêt pour fabriquer, à la place, une bulle tropicale, une nature pastiche, raconte un occupant de la Marquise, une maison forestière squattée, devenue le centre névralgique de la Zad. Il faut réinterroger le rapport occidental à la nature, nous ne sommes pas obligés de la détruire pour l’aimer. » Des habitats légers parsèment les deux cents hectares de bois. Les murs de Palettes Palace sont en terre et paille, la Saboté ressemble à un gros tipi, l’Acaba est une cabane collective imposante, construite avec des matériaux de la zone : les poutres ont été taillées sur place, l’argile vient du sol, le toit de chaume est en genêts. Des résidences éphémères, « comme la place de l’homme dans la nature », résume un sympathisant de la Zad.

« L’époque où rien du bois des Avenières n’était méprisé »

Au milieu des bois, sous la cime des châtaigniers, les occupants ont peu à peu pris conscience de la terre qu’ils foulaient, ils ont appris à connaître ce territoire qu’ils défendent, suivant les sentiers sinueux entre les fougères, perçant le mystère qui se cache derrière les feuillages. « On a cultivé notre lien sensible à la forêt, nous nous sommes réapproprié les usages », disent-ils. Les grumes ont servi à bâtir des charpentes ; l’hiver, le bois mort alimente le poêle, qui crépite toute la journée. Après les premières gelées, les petits fruits sont transformés en alcool ; les champignons, eux, finissent dans l’assiette. « Pour les aménageurs, ce territoire est un désert, il ne sert à rien, il n’a aucune valeur financière, affirme une habitante récemment installée, mais, en réalité, c’est leur argent qui est stérile. »

Une Roybonnaise a récemment envoyé une lettre à un député pro-Center Parcs pour lui rafraîchir la mémoire : « Jusqu’à nos jours, cette forêt a été un facteur, sinon de richesse, du moins de prospérité. Il faut avoir entendu les vieux paysans roybonnais, se souvenant de l’époque où rien du bois des Avenières n’était méprisé », écrit-elle. 


La coupe de bois était utilisée pour le chauffage, la pâte à papier et la menuiserie, « les scieries tournaient alors dans la vallée de la Galaure ». On fabriquait des piquets pour tenir les vignes, des fagots pour allumer les fours des boulangers de Romans. Les herbes des marécages rempaillaient les chaises... « En été, les paysans “faisaient la feuille” [amassaient branches et feuilles d’arbres] pour nourrir les animaux en hiver, quelques chèvres s’égaraient en lisière du bois, quand ce n’était pas du gros bétail. »

Reprendre le contrôle de ces espaces est aussi important qu’occuper les usines »

Ce territoire a une histoire que les aménageurs tentent d’effacer sous les coulées d’asphalte et de béton. « La forêt est un lieu autonomisant si on arrive à la déchiffrer, à la comprendre, déclare un occupant, charpentier de formation. Des études montrent que les paysans, au XIXe siècle, tiraient la moitié de leurs moyens de subsistance de la forêt. » Les savoirs sont à reconquérir : vertus des plantes, pratiques de soin, construction en bois d’œuvre... Ils sont perçus ici, comme autant d’outils pour se réapproprier son existence. 
Et :

Sentir sous l’écorce
Captives mais invisibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons 

Semblables aux rêves tenaces 
Qui fortifient nos vies » 

Andrée Chedid

Aux intérêts financiers des bétonneurs et à leurs propriétés de papier, les occupants opposent les usages légitimes, ceux des petites gens pour qui l’accès de cette forêt doit rester libre et gratuit alors que l’entreprise Pierre et Vacances veut s’accaparer les parcelles et les grillager pour construire des loisirs hors-sol. « Nous faisons face à de nouveaux types d’enclosures [1], témoigne un membre du réseau des géographes libertaires [2]. Nos communs subissent une offensive violente du capitalisme. » Ses verrues poussent sur la chair de nos paysages : autoroutes, aéroports, Center Parcs, lignes LGV... le moloch de la croissance avale les terres arables, détruit les formes de vie autonomes au profit de la métropolisation. « À travers l’opposition à ces grands projets inutiles, c’est la lutte contre le capitalisme qui se territorialise, souligne l’universitaire, venu prêter main forte aux occupants. Reprendre le contrôle de ces espaces est aussi important qu’occuper les usines. Le combat est le même, l’exploitation des travailleurs et l’aménagement du territoire sont les doubles facettes du capitalisme contemporain. »

Les bois ne sont pas seulement des refuges, ce sont des armes

La forêt a toujours été le lieu des fugitifs, des déserteurs. Derrière les broussailles, dans la pénombre des sous-bois, un autre monde s’invente, les rêves d’une vie qui échapperait à la norme, à l’État et à la marchandisation. Les occupants de la Zad de Roybon puisent dans l’héritage des « peuples de la forêt ». Notamment celui des « sorcières », dont l’histoire ne se résume pas aux contes de fées mais s’inscrit dans l’évolution de l’Occident. Selon la sociologue Silvia Federici, « trois éléments fondent le nouvel ordre capitaliste : la privatisation des terres villageoises autrefois collectives, la colonisation du Nouveau Monde et la chasse aux sorcières » [3]. Cette Inquisition a détruit les communautés, supprimé les rituels qui célébraient le lien à la terre, confisqué les connaissances en qualifiant les savoirs populaires de superstitieux et d’obscurantistes. 



Sous l’étiquette « sorcière », c’est toutes les femmes en marge – célibataires, vagabondes, guérisseuses, païennes – qui étaient persécutées et obligées de se réfugier dans la forêt. « Elles symbolisent l’insoumission en portant un autre rapport au monde, à l’immanence, alors que la science et la rationalité allaient bientôt triompher », raconte un habitant de la Marquise. Nourris par cette filiation, les occupants de la Zad s’interrogent : « Qu’est-ce qui nous pousse à défendre la forêt ? Une vision cartésienne ou une cosmologie ? Une approche matérialiste, qui calcule les bénéfices de la biodiversité, qui chiffre en hectares les zones de compensation, ou un imaginaire qui voit la forêt comme une entité vivante, comme une source de symboles et de valeurs ? » 


Sur la Zad de Roybon, les bois ne sont pas seulement des refuges, ce sont des armes. Les occupants cherchent à tisser des complicités :
« À Notre-Dame-des-Landes, les Zadistes cultivent les terres agricoles, ils ont créé des liens forts avec les agriculteurs résistants à l’aéroport. » À Roybon, la situation est différente. L’exode rural a frappé violemment la campagne et les terres sont mauvaises. 
« Chambaran », en patois, désigne des « champs mauvais ». « On ne va donc pas faire de l’agriculture ou de l’élevage ! On habite la forêt, il faut imaginer notre propre manière de lutter et de nous ancrer au territoire. »

Les 18, 19, 20 décembre 2015, les opposants au projet de Center Parcs ont organisé un week-end de rencontre avec le monde alternatif de la forêt. Associations, bûcherons, ingénieurs forestiers, tous engagés dans des pratiques de sylviculture douce. Une convergence se dessine entre deux coups de tronçonneuses, les plantations d’arbres et les ateliers de grimpe et d’élagage. Plus d’une soixantaine de personnes participent aux chantiers collectifs, une cantine est venue de Grenoble pour ravitailler les troupes. On cherche ensemble des voies pour sortir de l’exploitation forestière industrielle, qui saccage autant les arbres qu’elle écrase les hommes.

Échanges entre les différentes « forêts en lutte »

Face à un châtaignier de 300 ans, Siegfried incline humblement la tête. Quand on lui demande ce que l’on pourrait faire pour l’aider, l’élagueur professionnel répond simplement : « Je le laisserai tel quel ! Qu’est-ce que je peux apporter à un être vivant qui est beaucoup plus vieux que moi, qui a vu naître mes ancêtres et qui vivra encore bien après moi ? » 



Des échanges ont lieu entre différentes « forêts en lutte » : à Poligny, sur le plateau jurassien, un Center Parcs veut s’implanter à grands coups de deniers publics. Au Rousset, en Saône-et-Loire, un autre projet de Center Parcs est à l’œuvre ; des militants viennent également de Bure, où le Commissariat à l’énergie atomique, avec son projet Syndièse, a l’intention de « transformer les forêts lorraines en biocarburant » ; d’autres viennent d’Hambach, en Allemagne, où une forêt a été dévastée pour céder la place à une monstrueuse mine de charbon à ciel ouvert. Chaque fois, on retrouve le même déficit démocratique dans l’élaboration des projets, le mépris des élus, le chantage à l’emploi et le saccage de l’environnement.

Dehors, au coin du feu, alors que la journée s’achève, les occupants partagent leurs expériences. Toutes ces luttes locales sont nécessaires pour affermir le rapport de force général. Les chorales habitent la nuit et le brasier réchauffe les cœurs et les esprits. Des milliers d’étincelles tourbillonnent vers le ciel étoilé. 
« Elle est pas belle, notre bulle tropicale ? »

Gaspard d’Allens - Reporterre 

[1] La politique d’appropriation des terres et des ressources naturelles collectives, peu à peu transformées en propriétés privées, en
Angleterre à partir du XVIIe siècle. Ce processus est, en partie, à l’origine du capitalisme.
[
2] Il s’agit d’un mouvement de recherche d’une cinquantaine de personnes organisées autour de la pensée d’Élisée Reclus. 
[3] Federici Silvia, Caliban et la Sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive, Paris, Entremonde, 2014.

De Notre-Dame-des-Landes à Roybon, des grands projets créateurs d’emplois ou fauteurs de chômage ? 


Les créations d’emploi servent d’argument ultime aux promoteurs des grands projets jugés « inutiles et imposés » par leurs détracteurs. Le nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, les centres commerciaux géants en Île-de-France, ou encore le Center Parcs de Roybon en Isère, seraient un moyen de lutter contre le chômage. Focalisé sur la quantité d’emplois créés, le débat occulte certaines questions incontournables, comme le devenir des terres agricoles, la qualité et la durabilité des emplois de demain, mais aussi et surtout la pertinence d’un modèle économique à bout de souffle. 

Basta ! s’est penché sur la réalité des chiffres avancés.

Dans un contexte de chômage de masse, le nombre d’emplois créés est souvent le premier argument dans les plaidoiries des promoteurs de grands projets contestés, qualifiés d’« inutiles et imposés » par leurs opposants. C’est le cas à Notre-Dame-des-Landes, où l’État et son prestataire, le géant du BTP Vinci, tiennent, plus que jamais, à installer un nouvel aéroport. Également en Isère, où Pierre & Vacances projette la construction d’un Center Parcs en pleine zone humide. Ou encore à Gonesse, en région parisienne, cible d’un projet immobilier pharaonique du groupe Auchan. Et en Savoie pour la future ligne à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin. Face aux critiques et aux coûts exorbitants de ces projets, le nombre d’emplois qu’ils sont censés générer sert souvent d’argument ultime à leurs défenseurs.

La taille hors norme de ces infrastructures destinées au transport, au commerce ou aux loisirs de masse facilite il est vrai les effets d’annonce, quitte à revoir les chiffres à la baisse sous le feu des critiques déployées par leurs adversaires, au fur et à mesure que ces derniers s’approprient les dossiers et constituent leur propre expertise. Données artificiellement gonflées, emplois précaires et sous- rémunérés, destruction d’emplois chez les concurrents du même secteur..., de Notre-Dame-des-Landes à Roybon, les subterfuges dénoncés sont nombreux. Et mettent à mal la vision de grandes infrastructures nécessairement favorables au développement économique et à l’emploi. Travail illégal ou emploi de travailleurs détachés très bon marché sont monnaie courante sur ces grands chantiers, comme l’a déjà illustré ce qui s’est produit pour la construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (lire notre reportage « Comment Bouygues exploite ses salariés du nucléaire »).

À Notre-Dame-des-Landes, un impact incertain sur l’économie locale

Le projet d’installation d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (NDDL), en Loire-Atlantique, est un cas emblématique. Aéroports du Grand Ouest (AGO), la filiale de Vinci censée construire et exploiter l’aéroport, avance le chiffre de 5,4 millions d’heures de travail mobilisées pour réaliser le chantier. Présenté de cette manière, cela paraît beaucoup. Les opposants ont traduit les chiffres de Vinci en équivalent temps plein : 750 emplois, si l’on estime la durée des travaux à quatre ans. Des emplois provisoires, puisque limités à la durée du chantier, potentiellement précaires et mal rémunérés, d’autant plus si le recours à la sous-traitance ou au travail détaché s’avère important.

Autre facette du débat : l’impact de l’aéroport sur le dynamisme économique de la région. Un argument largement spéculatif, difficile voire impossible à démontrer, comme le reconnaît à demi-mot le rapport de la « commission du dialogue », remis le 9 avril 2013 à Jean- Marc Ayrault, alors Premier ministre [1]. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la construction de l’aéroport en plein bocage, sur 1 220 hectares, condamnerait des emplois agricoles. D’après la commission, qui relativise cet impact, 40 exploitations seraient touchées. Le nouvel aéroport aurait également un impact sur l’activité de ceux de Rennes et d’Angers, déjà bien à la peine.

Un aéroport low-cost ?

L’argument des emplois directement créés sur le site du nouvel aéroport peine également à convaincre. « Chaque million de passagers supplémentaire génère en moyenne 600 nouveaux emplois directs », explique volontiers AGO. Ce ratio est calculé à partir du fonctionnement de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, qui devra donc fermer. Or, « si le trafic progresse, le nombre d’emplois augmentera, que ce soit à Notre-Dame-des-Landes ou à Nantes-Atlantique », relèvent les opposants. Comme alternative au projet, ces derniers réclament, études à l’appui, une modernisation de l’actuel aéroport, opération selon eux plus adaptée et bien moins coûteuse.

Surtout, les opposants mettent le doigt sur une contradiction épineuse. Censée générer des emplois, la dernière mouture du projet d’aérogare s’avère en fait sous-dimensionnée par rapport à l’infrastructure actuelle. Exemple : tandis que les halls d’arrivées et de départs occupent 4 200 mètres carrés à Nantes-Atlantique, ils s’étaleront sur 2 600 mètres carrés sur le nouvel emplacement.
« L’aéroport a été pensé pour réduire le nombre d’emplois, avec moins de passerelles d’embarquement, moins de guichets d’enregistrement, relèvent les opposants. Sa conception le rapproche d’un aéroport low cost. » Pour eux, le nombre d’emplois créés par million de passagers y serait plus proche des 250 que des 600 avancé. Autant d’arguments qui pèseront dans le débat en cas de référendum sur le projet.

À Roybon, emplois précaires et salaires de misère

À Roybon, en Isère, c’est un autre projet d’envergure qui suscite une forte opposition, jusqu’à entraîner la création d’une nouvelle « zone à défendre » (ZAD), depuis fin 2014. En cause ? Le groupe Pierre & Vacances, 1,18 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, veut y implanter un Center Parc : 200 hectares et 1 000 cottages, au cœur du bois des Avenières, en pleine zone humide (lire notre article « Subventions indécentes, destruction de l’environnement, précarité de l’emploi : un “Center Parc” suscite la colère »). Largement soutenu par la collectivité, à hauteur de 113 millions d’euros d’après les calculs de l’association Pour Chambaran sans Center Parcs (PCSCP), le projet doit entraîner l’embauche de 700 personnes pour faire tourner les installations, dont une bulle tropicale de 9 000 mètres cubes « à 29 degrés toute l’année ».

Sauf qu’une grande partie des emplois s’annoncent précaires et très mal payés. Temps partiel oblige, les 700 embauches équivaudraient à 468 emplois à temps plein, dont 48 % dans le secteur du nettoyage. Une étude est souvent citée par les opposants. Menée en 2011 par l’INSEE Lorraine, elle passe au crible le Center Parc des Trois-Forêts (près de Metz), pionnier du genre. « Si le nombre d’emplois créés est important, note l’institut de recherche, un sur quatre est en CDD et, surtout, les salaires offerts sont faibles. [...] 60 % touchent le Smic horaire, dont près de la moitié seulement 319 euros par mois, du fait d’un contrat de travail hebdomadaire de neuf heures. [...] Au final, seuls 6 % des salariés touchent un salaire supérieur de 20 % au Smic. »

240 000 euros d’argent public par emploi créé

À Roybon, la durabilité des emplois est aussi sujette à caution. La santé financière de Pierre & Vacances, déficitaire sur les quatre dernières années, paraît précaire. Crise oblige, les activités touristiques sont mises à mal par une baisse de la demande. Solution trouvée par l’entreprise : compenser le manque à gagner des activités touristiques par les bénéfices de sa filiale immobilière chargée de la construction et de la revente des cottages à des particuliers ou à des investisseurs qui les relouent ensuite à Pierre & Vacances ! Ce sont les marges réalisées dans l’immobilier, combinées aux généreuses subventions et niches fiscales dont bénéficie le groupe, qui tirent aujourd’hui son activité.

Pour combien de temps encore ? Pierre & Vacances semble engagé dans une fuite en avant : pour compenser le déficit des activités traditionnelles et se maintenir hors de l’eau, le groupe est condamné à une extension de son offre immobilière, c’est-à-dire à la construction de nouveaux Center Parcs. En attendant, à Roybon, suite à l’action des opposants, le projet est provisoirement suspendu. Le 16 juillet 2015, le tribunal administratif de Grenoble a invalidé l’arrêté préfectoral autorisant la destruction de la zone humide. Pierre & Vacances a fait appel de cette décision. Avec 240 000 euros d’argent public pour chaque emploi créé, pas très surprenant ! [2]

Europa City, ou la course au gigantisme

Sur le triangle de Gonesse, dans le Val-d’Oise, c’est le dernier grand espace agricole de la périphérie parisienne qui menace d’être bétonné au nom du développement économique. À l’horizon 2022, Immochan, filiale du groupe Auchan, compte y installer Europa City, un gigantesque complexe de 80 hectares, comptant pas moins de cinq cents boutiques, dix hôtels, un pôle culturel, un cirque, un parc à thème, et même une piste de ski d’intérieur ! Ici, outre les travaux de construction, on promet la bagatelle de 11 500 emplois directs et de 6 000 emplois indirects. De quoi faire saliver de nombreux élus locaux, du député-maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy (PS) jusqu’au conseil régional d’Île-de-France.

Le nombre d’emplois créés a-t-il été surestimé par les promoteurs du projet, Immochan et l’Établissement public d’aménagement de la Plaine de France (EPA-PDF) ? Plus que sur les chiffres avancés, le débat porte sur le risque de destruction du tissu économique préexistant. Le projet va-t-il créer des emplois, ou les déplacer en les concentrant sur un site de plus grande taille, augmentant les temps de transport des salariés et des clients ? À ce jour, le projet n’inclut pas d’hypermarché, mais les commerces y occuperont 230 000 mètres carrés. Pour ses partisans, sa vocation internationale et la diversité de son offre, en particulier sur le plan culturel, le positionnent sur un créneau distinct des complexes voisins.

La question est décisive, car, à proximité immédiate de la zone concernée, de grands centres commerciaux se livrent déjà une à concurrence effrénée. À quelques centaines de mètres du triangle de Gonesse, O’Parinor, sur la commune d’Aulnay-sous-Bois, compte déjà 200 boutiques, dont un hypermarché Carrefour. Le complexe a fait peau neuve il y a deux ans, mis sous pression par l’ouverture en 2013 d’un autre grand temple de la consommation, Aéroville, en bordure de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, c’est-à-dire à dix minutes de Gonesse. Bref, dans les parages, bonjour les embouteillages ! Ces grands complexes pourront-ils cohabiter, et leurs emplois, perdurer ?

Les terres et les emplois agricoles, victimes collatérales des grands projets

Dans la famille des grands projets inutiles, la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin est souvent présentée comme la sœur jumelle de Notre-Dame-des-Landes. Pour son ancienneté d’abord : initié par François Mitterrand, le projet remonte au début des années 1990. Mais aussi pour un coût faramineux au regard d’une utilité discutée : au moins 26 milliards d’euros, dont 11 milliards dépensés par l’État français ! Le tout pour gagner une ou deux heures sur un trajet entre Paris et Milan [3]. Au prix, ici encore, d’un « impact important sur l’agriculture », comme le reconnaissait en 2012 une commission d’enquête publique, concluant cependant à l’utilité du projet.

Sur le dossier Lyon-Turin, l’emploi figure pourtant en bonne place dans les arguments utilisés. Louis Besson (PS), ancien maire de Chambéry et grand artisan du projet, promettait 10 000 emplois pour la réalisation des travaux. Un chiffre manifestement peu réaliste : les bénéfices attendus ont depuis été revus à la baisse, autour de 3 000 emplois créés, et même, plus récemment, à 2 000 ! La calculatrice des défenseurs de la LGV a-t-elle connu des ratés ? Pour Daniel Ibanez, opposant historique au projet, il s’agit là encore d’une présentation optimiste : « 2 000 emplois, c’est au plus fort du chantier, c’est-à-dire s’ils construisent quatre ou cinq tronçons en même temps ! »

Les grands projets contre l’emploi ?

De Notre-Dame-des-Landes à Roybon, ces grands projets, au nom de la compétitivité et d’un modèle de développement tourné vers l’international – au mépris de l’impératif de réduction des émissions de CO2 – centralisent les activités sur de grosses infrastructures consommatrices de terres, tout en les concentrant sur un nombre d’opérateurs de plus en plus réduit. L’emploi peut-il en sortir gagnant ? La ferme des Mille Vaches, dans la Somme, constitue le contre-exemple parfait. Véritable usine tournée vers la recherche d’une rentabilité économique optimale, la ferme industrielle doit employer 18 salariés [4], quand un nombre équivalent d’animaux répartis sur plusieurs fermes de plus petite taille ferait vivre environ 40 personnes. Question progrès social et répartition du travail, on a vu mieux !

Alors, création d’emplois, ou « destruction créatrice » aboutissant à leur réaffectation – en nombre parfois plus restreint – sur des infrastructures générant des emplois intensifs et mal rémunérés ? La technicité du débat sur la création d’emplois dans les grands projets escamote des questions essentielles pour sortir de la crise écologique et sociale : comment protéger les terres et promouvoir une agriculture réellement écologique ? Comment développer des emplois durables et de qualité ? Que voulons-nous produire, et de quelles ressources disposons-nous pour le faire ? Après les promesses de la COP21, c’est la pertinence même de notre modèle de société qui est questionnée par les grands projets inutiles.

Thomas Clerget - Bastamag 

Notes

[1] Voir p. 51, section III.6, « L’impact de l’aéroport du Grand Ouest sur l’emploi », rapport de la « commission du dialogue »,
avril 2013.
[
2] 113 millions d’euros de subventions publiques pour la création de 468 emplois équivalent temps plein.
[3] Les gains de temps induits par le nouveau tracé font également l’objet d’un âpre débat entre les promoteurs de la LGV et ses opposants.
[4] Le Figaro évoquait même 14 emplois directs. 

Samedi 20 février

►Le gouvernement grec veut fermer un aéroport en Crète pour en créer un nouveau, et qui est le candidat favori ? Vinci ! Vers un Notre-Dame-des-Landes en Crète ?

Ca bouge du côté de la ZAD d’Agen avec des débuts de travaux et des occupations.
Hier, 8 personnes comparaissaient au tribunal d’Angoulême pour avoir marché le long de la LGV en construction pendant les marches sur la COP et ont écopé de 300€ d’amendes. La lutte continue !


Et une réponse de Rouen tournée lors du banquet de samedi dernier : https://vimeo.com/155658098/

Infos du 22 au 29 février

Lundi 22 février


Le contournement routier de Strasbourg, encore un projet inutile de Vinci 



En question depuis les années 1970, concrétisé en 1999 puis abandonné, le contournement routier de la capitale alsacienne est ressuscité, avec Vinci aux commandes. Sur place, des opposants venus de tous les horizons récusent la pertinence du projet.

Strasbourg, correspondance

Ils sont venus à vélo depuis Strasbourg ou en covoiturage. Ce samedi 5 février, huit jeunes écologistes d’Alsace occupent l’une des cinq cabanes montées sur le futur tracé de l’autoroute. Cinq d’entre eux resteront dormir. Autour du feu, les soutiens défilent. Deux maires de communes voisines, des riverains, un agriculteur... Sur la route départementale, certaines voitures klaxonnent en soutien.

Depuis 2014, c’est la cinquième nuit que passent quelques écologistes sur place. Le reste du temps, les constructions en bois sont vides. Deux autres seront inaugurées au printemps. Elles symbolisent les futurs péages sur le « grand contournement Ouest » de Strasbourg (dit GCO) et doivent sensibiliser les passants. « Occuper le terrain n’a jamais été dans nos habitudes, en Alsace. Mais quand on voit comment les Bretons, qui cassent tout, obtiennent gain de cause, on s’interroge », remarque Alain, 42 ans, habitant d’un village proche du tracé. « Mais s’il y a une opposition, elle sera non-violente », tempère Simon Baumert, animateur du groupe local des jeunes écologistes. Être en permanence sur le terrain leur sera difficile. « Même les plus partants ont une famille. Le tracé fait 24 kilomètres et le calendrier n’est pas connu », ajoute Nicolas. Dernière idée, nationaliser le débat depuis la parution du décret de concession au Journal officiel le 31 janvier.

Vinci, à nouveau mandaté en octobre 2015

Le projet d’une rocade autour de Strasbourg est ancien. « Dans les années 1970, mon père me parlait déjà d’une route qui devait passer ici », se souvient Dany Karcher, maire sans étiquette de Kolbsheim. Il devient plus officiel en 1994, avec des études préliminaires. L’autoroute A35, qui traverse Strasbourg sur l’axe nord-sud, est saturée, il faut trouver une solution. Au terme d’une série de débats, enquêtes et concertations publiques en 1999 les ministres Jean-Claude Gayssot (PS) et Dominique Voynet (Verts), approuvent la troisième des cinq solutions étudiées, celle du GCO.

En janvier 2012, Vinci est nommé concessionnaire. Quelques mois plus tard, l’État (passé aux mains du PS), lui retire ce statut, faute de financement. Les opposants crient victoire, mais très vite la chambre de commerce et d’industrie, appuyée par la région et le département, de droite, revient à la charge. Le maire de Strasbourg, Roland Ries (PS), véhément opposant jusqu’ici se range à l’idée du GCO, remanié en 2 x 2 voies pour la forme, mais dont l’emprise sur les terres reste presque identique (de 300 hectares à 280 hectares, auxquels devrait s’ajouter un parking de 20 hectares). L’État redonne son accord et après un autre appel d’offres, Vinci est à nouveau mandaté en octobre 2015. 

Le projet de GCO, selon la chambre de commerce et d’industrie de l’Alsace. Pour l’heure, le tracé précis reste inconnu. 

Sur le fond, les opposants regrettent qu’il n’y ait jamais eu de débat depuis que le projet est ressuscité. « Certains sont contre, mais nous pensons que ce projet diminuera la pollution dans Strasbourg », a botté en touche Philippe Richert (LR), président de la région Alsace, devenue Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, lors des élections régionales. Ce sont peu ou prou les mêmes mots qu’utilise désormais le maire de Strasbourg en présence de ses adjoints écologistes, qui n’ont jamais su peser sur ce dossier. Depuis, il est question d’interdire les camions sur l’actuelle autoroute strasbourgeoise, l’A35, qui serait transformée en boulevard urbain à long terme, pour un coût d’au moins 150 millions d’euros.

Une myriade d’opposants

« Avec les années, les arguments en faveur du projet changent. D’abord, c’était contre les bouchons, puis pour créer de l’emploi ; maintenant c’est contre la pollution. Il y a un problème avec l’autoroute dans Strasbourg, mais le GCO n’est pas la solution, car les embouteillages sont le matin et le soir, quand les gens de la campagne vont travailler en ville. Et, même pour ceux qui la traversent, qui va utiliser un contournement payant [le tarif de 3 € par passage est souvent évoqué] ? », s’agace Dany Karcher.

L’A35 est actuellement empruntée par 160.000 véhicules par jour. Une moyenne qui descendra péniblement, estiment les opposants, quand on sait que 77.000 personnes habitent hors de l’agglomération mais viennent y travailler. Même parmi les 15.000 camions qui profitent de cette autoroute gratuite – contrairement à son homologue allemande, où une taxe poids-lourd a été instaurée en 2005 – seule une partie traverse l’agglomération, l’autre se rendant au centre ou au port de Strasbourg. L’Association pour la protection de l’air (Aspa) anticipe moins de pollution au long de l’A35, mais plus sur l’agglomération, « avec les vents dominants vers Strasbourg », précise Dany Karcher. 

Moyennes annuelles de dioxydes d’azote (NO2) dans l’agglomération de Strasbourg en 2009 (à gauche) et en 2013. La baisse s’explique par l’amélioration des véhicules, selon l’Aspa. 

Ces différents arguments ont réuni une myriade d’opposants : les écologistes mais aussi le Modem, des cadres du PS local – qui restent silencieux –, le Parti de gauche, le Parti communiste, l’association des usagers des transports de Strasbourg – où siègent d’anciens élus de droite – des maires sans étiquette ou encore des agriculteurs.

Certains sont sensibles au coût, d’autres à l’inefficacité supposée, d’autres encore aux terres agricoles et aux espaces naturels menacés. « Mais entre ceux qui se disent contre et ceux qui agissent, il y a un monde », regrette Luc Huber, maire de Pfettisheim et membre du collectif GCO non merci, fondé en 2003. Lors de l’inauguration de la cinquième cabane, le 28 janvier, 250 personnes ont fait le déplacement.

« Pour une fois, nous sommes d’accord avec les écologistes »

Pour Dominique Daul, agriculteur et président d’une des sections locales de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), l’opposition demeure, mais pas question de suivre les opposants dans une confrontation directe avec les promoteurs. « Si le projet ne se fait pas, ce sera mieux pour tout le monde. Pour une fois, nous sommes d’accord avec les écologistes. On peut regarder les différentes études, le GCO ne réglera pas le problème de la circulation vers Strasbourg. C’est un projet politique et imposé. Mais nous ne voulons pas de double peine. Le projet semble acté et nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas négocier de compensation dès à présent, car les agriculteurs seront les premiers affectés. Nous avons été reçus par Vinci, qui semble disposé à écouter nos propositions. » 


Objectif des agriculteurs : obtenir un fonds pour moderniser les exploitations restantes. À la cabane, Thibaut Dimer, agriculteur de 26 ans, est préoccupé. « Ici, les exploitations sont divisées en parcelles. J’ai par exemple 100 îlots répartis sur 65 hectares. Si on m’enlève 30 % de ma terre, ce sera autant de chiffre d’affaires en moins. Ça, c’est un chiffre clair, alors que pour les compensations et les remembrements, on est dans le brouillard. Même le tracé exact n’a pas été publié, donc on ne sait pas comment on est concerné ! »

Les travaux sont prévus pour 2017. En 2016, Vinci devrait finaliser son dossier, voire débuter les expropriations. Les associations opposantes préparent un collectif d’assistance juridique pour les futurs expropriés. Sur le tracé, une occupation différente se profile les 2 et 3 avril. « Ce sera un événement festif et politique pour sensibiliser à ce qui nous attend. On décrétera que c’est une zone interdite aux bulldozers et aux grues », décrit Guillaume Bourlier, habitant d’Ernolsheim et à l’initiative du festival. « Si les travaux débutent, ce sera un endroit symbolique », s’enthousiasment déjà les jeunes écologistes.

Jean-François Gérard - Reporterre

►Et en Haute-Loire, on a de chouettes activités nocturnes

►Des nouvelles de Grèce, ou vinSSi continue ses entreprises destructrices : http://blogyy.net/2016/02/19/vers-un-notre-dame-des-landes-en-crete/

Mardi 23 février


►Vers une nouvelle zad en région parisienne ? Sur le triangle de Gonesse c’est bien ce qui pourrait se passer :
"
Europacity peut-il devenir un futur Notre-Dame-des-Landes ? Alain Lennuyeux, président fondateur du collectif pour le triangle de Gonesse y compte bien"
→lire l’article dans son intégralité ici

Mercredi 24 février

►Tapage nocturne chez VINCI : Dimanche soir une escouade de djiadistes verts et noirs sont allés tester les dispositifs de sécurité du siège de la multinationale Vinci, dans la très chic cité de Rueil-Malmaison dans les Hauts-se-Seine.

► Action de soutien à la ZAD de Notre Dame des Landes :
Nous avons mené une action de soutien à la ZAD ce samedi 20 février de midi à 13h
au péage de Tallard, avant Gap. Nous avons à huit assuré la gratuité des péages afin de taper là où ça fait mal, dans les poches de Vinci. Et des voitures, nombreuses, nous en avons vu passer. Certains veillaient vers les barrières levées, deux autres distribuaient des tracts, deux tenaient la banderole et les deux derniers brandissaient un feuillet péage gratuit et désignaient les trois couloirs à emprunter. Une autre action de ce type devait se dérouler le même jour vers Salon de Provence. Ce type d’action est à développer pour faire lâcher Vinci. 



Samedi 27 février

►Turquie : Soutien à la ZAD NDdL aussi http://www.kuzeyormanlari.org/ !


Samedi 27 février est la journée mondiale de la solidarité avec la ZAD qui lutte contre le projet d’aéroport à NDdL... Pour dire que nous sommes aux côtés de nos amis de la ZAD, nous serons devant le Consulat Français à 12h30. 




►Grenoble : A 14h une masse critique partira, à vélo et à pied, perturber joyeusement le trafic de voiture et crier au vieux monde que ce projet d’aéroport n’a pas de futur !!

Rassemblement contre l’aéroport de NDDL à 14 heures au Monument aux Morts à Toulouse 

Journée d’action NDDL à Gap

Lundi 29 février


Craque, vieux monde, les fleurs de la vie percent ton béton 



Ah les amis, quel week-end ! A Notre-Dame-des-Landes, carton plein pour le pari fou des opposants au projet d’aéroport : une manifestation organisée presque au débotté - mais toujours avec la magnifique logistique des militants de l’Acipa et des zadistes -, et des dizaines de milliers de gens venus de partout.

Le voilà, le résultat de votre « référendum », Monsieur Hollande ! Non à l’aéroport !

A Barjac, dans le Gard, la levée de boucliers contre les tentatives de remettre le gaz de schiste en selle a aussi été unanime : non au gaz de schiste ! non à la destruction du climat par les fossiles !

Et ailleurs, d’autres signes de la rébellion se levaient plus discrètement : comme à Lille, où des militants de toutes les luttes se sont retrouvés, amorçant le mouvement de l’avenir où écologistes, paysans, ouvriers, employés, altermondialistes unissent leur forces pour bousculer l’ordre oligarchique. Ou à Lyon, où le Salon Primevère, le grand salon écolo, a vécu une trentième édition d’anthologie, voyant plus de 30.000 visiteurs arpenter les allées où solutions alternatives, débats de réflexion et marché bio affichaient une roborative vitalité.

Quel beau week-end, décidément. Qui dit une chose simple : dans ce pays, la jeunesse, l’énergie, l’enthousiasme, sont du côté de la rébellion. De la rébellion contre la logique néo-libérale destructrice qui prétend encore imposer sa loi sinistre. MM. Hollande, Valls, Gattaz, Sarkozy, et tous les autres, sachez-le : il y a dans ce pays une foule immense qui prend au sérieux la question du climat ; qui sait qu’on ne résoudra pas le chômage en faisant couler le béton ; que l’agriculture a un bel avenir si on renverse la loi absurde du marché sauvage ; que les ressources pour changer le monde existent dans les poches des voleurs de l’oligarchie.

Un beau week-end. Cette année, le printemps a de l’avance : il a commencé les 27 et 28 février.

Hervé Kempf - Reporterre 

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