Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

lundi 29 septembre 2014

"Arriverons-nous à faire tourner le gouvernail de notre Titanic ?"

On a reçu ça : de quoi alimenter notre réflexion sur l'avenir du monde

Bonjour.

Ici Jean Monestier.

Si vous pensez qu'il convient de regarder les choses en face, je vous propose de lire les deux articles en PJ sur l'effondrement de l'habitabilité de notre biosphère commune. Je les ai ramenés des (F)Estives de Cerbère sur la Décroissance, où me les avait donnés un des animateurs du groupe de réflexion sur le problème démographique.

Comme très souvent, Bertrand Méheust, jamais hermétique, est lumineux sur le piège qui nous amène à NE RIEN FAIRE de sérieux alors que nous SAVONS que se prépare la plus grande catastrophe de tous les temps. Mais il n'a pas de solution clé en main. Il pose seulement le vrai problème, qui conditionne l'efficacité de toute action militante. Arriverons nous à faire tourner le gouvernail de notre Titanic ?

J'ajoute l'article d'Yves Cochet qui est aussi une belle synthèse.

Si vous partagez mon intérêt pour ces articles, je vous invite à les retransmettre aux personnes que vous pensez pouvoir éveiller.

Amicalement.










Article d'Yves Cochet



dimanche 28 septembre 2014

Compte-rendu Café Repaire du Conflent du 18 Septembre 2014

Nous étions une bonne vingtaine sous le platane du bar du Canigou.

Barrage du Testet

*  C. de Vernet est en contact tous les jours avec une amie sur place qui lui dit que : "C'est la guerre, ils ont besoin de tout surtout de renforts. Si personne ne bouge (et c'est déjà un peu tard) c'est fichu."

Une vidéo de Groland tourne sur le net c'est GroZad :

https://www.youtube.com/watch?v=rVfMxYvpD4o

* Zone humide menacée, les gros céréaliers font pression, Ségolène Royal a demandé que le dialogue soit instauré mais les zadistes refusent tant que les arbres continuent de tomber.

* Ce projet était prévu depuis longtemps, d'autres sont en cours

* Une centrale électrique serait peut-être associée (pourtant la demande électrique est contradictoire avec la demande agricole)

* Des Vegans auraient "libéré" les faisans d'un élevage voisin ce qui ne fait pas le bonheur du propriétaire... Attention aux végétariens sur les ZAD... (sourires)

Compte-rendu oral des journées organisées à Cerbère sur la Décroissance, plusieurs personnes présentes ont participé aux différents ateliers et conférences.
Le bilan est satisfaisant au niveau intellectuel
Atelier sur l'eau : la plaine a besoin d'eau > limite le prélèvement en eau en amont > disparition des canaux

Place politique du mouvement décroissant : l'objectif n'est pas de prendre le pouvoir

En fait ces journées ont été l'occasion de faire se rencontrer deux mouvements le MOC (Mouvement des Objecteurs de Croissance) et Recherche et Décroissance animé par François Schneider .
Le premier a une orientation publique affirmée, le second une position écologique radicale.
En fait il n'y a pas eu de contact, chacun est resté sur sa position.
Il y a eu un manque d'ouverture certain sur les problèmes locaux.

Ici vous pourrez trouver le bilan de ces journées
http://www.les-oc.info/2014/09/festives-cerbere-cr-global/

CUSEC : 
Il y aura une réunion publique avant le 15 octobre

Café Zapatiste : 
Il y aura une soirée à Fillols pour distribuer les paquets de café arrivés depuis le Mexique et auparavant la vision sur ordinateur d'un film d'une vingtaine de minutes sur la culture du café dans les communes du Chiapas.

Là-bas si J'y Suis devient le Sept-Neuf Neuf.
Première émission le 21 janvier 2015 sur la toile vous pouvez vous abonner ici :
http://lemurparle.blogspot.fr/2014/09/la-bas-si-jy-suis-sur-la-toile-abonnez.html

Thème du prochain Repaire le jeudi 16 octobre, 19h30 : 
Les indépendances pour quoi faire ? (Catalogne, Ecosse, Pays Basque, Corse, Bretagne, Pays de Galles etc...)

Sous réserve, pour le Repaire de novembre l'invité sera Bernard Pêcheur. Il nous parlera du livre "La lampe hors de l'horloge"
http://www.brassicanigra.org/IMG/pdf/Avis_parution_.pdf


vendredi 26 septembre 2014

Là-Bas si J'y Suis sur la Toile : Abonnez-vous !

là-bas si j'y suis


DE LA TRAPPE À LA TOILE, 
LA-BAS SI J’Y SUIS REBONDIT SUR LE NET.
VITE ABONNEZ VOUS ! 
PARTICIPEZ À LA CONSTRUCTION DE LA-BAS SUR LE WEB.
(NOUS ALLONS RÉVEILLER LES LAPINS AUTREMENT)

Bonjour,

Ca y est, c’est parti, vous pouvez dés maintenant souscrire un abonnement de lancement. Mais d’abord merci, un grand merci à vous qui nous soutenez depuis le suppression de l’émission à la fin juin. Merci aux plus de 170 000 qui ont signé une pétition en l’espace de quatre semaines en juillet, aux syndicats, aux partis, aux associations, aux militants, aux confrères (notamment le SNJ, le syndicat national des journalistes) Merci aux auditeurs qui ont adressé des milliers de messages partout, merci à ceux qui sans partager nos convictions veulent défendre le pluralisme dans les médias, surtout les médias publics. Pour Christiane Taubira c’est « une pensée mutilée ».

Alors bien sûr, ON NE LACHE RIEN ! Mais il y a d’autres raisons de ne pas plier. A l’heure où Marine se fait couler un bain en se parfumant avec les idées qu’elle nous a volées, à l’heure où la résignation gagne du terrain, à l’heure où l’insignifiance répand partout sa gomme et son déodorant, pas question de lâcher.

Depuis longtemps, nous pensons à développer les engagements et les bagarres de LÀ-BAS sur le web. Une association sans but lucratif a été constituée, l’AMG (Association Modeste et Géniale). Dés le début juillet une petite équipe s’est mise en place sur le projet. Nous avons été heureux d’avoir le soutien chaleureux de l’équipe de Mediapart comme de Daniel Schneiderman du site Arrêt Sur Image. Des partenariats sont possibles. Leur expérience nous sont très utiles pour notre projet.

Et ainsi LÀ-BAS si j’y suis va vous embarquer sur le net.

Le navire sera prêt le 21 janvier 2015.

Vous allez y retrouver les reportages et les découvertes de LÀ-BAS, comme à la radio bien sûr, mais aussi en vidéo avec l’équipe des Mutins de Pangée et des journalistes rescapés du formatage et de la précarité.

Mais surtout nous allons vous proposer une nouvelle matinale, le SEPT-NEUF NEUF. L’idée n’est pas nouvelle. Il suffit d’écouter les radios du matin pour voir qu’on pourrait proposer autre chose. C’est un moment crucial dans la fabrique de l’opinion, huit à dix millions d’auditeurs sont à l’écoute. Il y a des différences bien sur, chaque chaine s’adresse à une clientèle différente, mais le fond éditorial est à peu près le même partout. Mirabeau disait « l’homme est comme le lapin, il s’attrape par les oreilles ». Avec le SEPT NEUF NEUF, nous allons réveiller les lapins autrement !

Ce n’est ni une fuite, ni un refuge c’est une histoire nouvelle qui commence. Mais rien n’est possible sans vous. Notre seul moyen de rester indépendant face aux compromis publicitaire ou politique, c’est vous, c’est par vos abonnements que nous pourrons faire un journalisme à la fois rigoureux, populaire, original et engagé. Pas moins !

Bien sur l’accès aux archives des émissions (créé par un auditeur en 2003) restera gratuite, de même que l’espace réservé aux Repères de LÀ-BAS sur lesquels nous comptons beaucoup dans cette nouvelle aventure.

Le site sera ouvert le 21 janvier 2015, mais abonnez-vous dés maintenant. C’est avec le produit de vos abonnements que nous allons construire le nouveau LÀ-BAS et constituer l’équipe qui va le faire vivre.

L'équipe LÀ-BAS

Vous partagez nos valeurs ?
Suivez et soutenez notre projet.

dimanche 21 septembre 2014

Dernier livre de Fabrice Nicolino : Un Empoisonnement Universel :

Fabrice Nicolino nous invite à lire son dernier livre 



Je crois (je suis sûr) que j’ai besoin de vous

Publié le 8 septembre 2014


Quelques milliers de personnes me font l’honneur de venir chaque jour picorer quelque chose sur Planète sans visa. Dire que je vous remercie est bien en-deçà de ce que je ressens, mais je n’y insiste pas. De mon côté, j’ai publié ici, depuis sept années, environ 1600 articles, dont la quasi-totalité seulement ici. Je l’ai fait par plaisir, certes, mais aussi par devoir. Il m’a semblé, il me semble toujours que je devais faire ce que je pouvais. Je fais ce que je peux, gratuitement cela va sans dire. Plutôt non, car ce rendez-vous me coûte quelque argent, versé à la société OVH. Mais qu’on se rassure, ce n’est pas ainsi que je me ruinerai.

Vient ici qui veut, et j’ai appris, au fil des années, que nombre d’adversaires décidés des valeurs que je défends gâchent leur digestion en regardant ce que je trifouille. Ma foi, c’est le jeu. Si je prends la parole ce 8 septembre 2014, c’est parce que j’ai besoin de votre aide. La vôtre, amis lecteurs, et j’espère que vous me l’accorderez. Voici : les éditions LLL (Les liens qui libèrent) publient le 17 septembre un livre sur la chimie, que j’ai écrit. Les fenêtres de tir de l’édition sont étroites, et se referment d’un coup sec sur le nez des auteurs. Sans un vrai coup de main, je cours le risque de rater ce rendez-vous. Or ce rendez-vous compte. Pour moi, bien entendu. Mais pour vous aussi, et si cela vous paraît une prétention, je reconnais que c’est le cas. J’ai la prétention d’avoir écrit un livre important.

Je ne vous demanderai jamais d’acheter ce livre sur une simple présentation. Je ne prétendrai jamais qu’il est bon. Mais en tout cas, il raconte une histoire qui n’a jamais encore été assemblée. L’histoire d’un drame planétaire, qui mène des lointains alchimistes à l’industrie transnationale de la chimie aujourd’hui. Comme le nom du livre l’indique, nous faisons face à « Un empoisonnement universel ». Tous les lieux, tous les êtres, tous les étages de la vie sont touchés. Je crois que la masse d’informations et de révélations que j’ai réunies donne une idée juste de l’incroyable désastre en cours. La rencontre entre la chimie d’antan - évidemment, je n’ai rien contre la curiosité et la recherche -, l’industrie, l’État et la guerre, cette rencontre a conduit à la dissipation de millions de molécules différentes les unes des autres, dont nous ne savons rien. Mais dont un nombre croissant se révèlent toxiques, délétères, mortelles.

Les faits, les responsables, les embrouilles innombrables donnent le vertige, j’en ai conscience. Certaines choses sont aux limites du croyable. Mais revenons à ce coup de main. Vous trouverez ci-dessous ce qu’on appelle dans le jargon la quatrième de couverture, soit le texte au dos du livre, ainsi que la couverture elle-même. Vous pouvez, et je vous demande de le faire, copier le tout et l’envoyer à votre carnet d’adresses. Le but, encore une fois, n’est pas d’acheter le livre au coup de sifflet, mais de faire savoir aussi vite qu’il est possible que ce livre sort. Le 17 septembre. Je dois avouer que je compte sur vous. Réellement.

                                                 ————————–


Une enquête redoutable sur l’invasion effrayante des produits chimiques dans notre quotidien et notre environnement.

C’est un livre sans précédent. Jamais on n’avait essayé de réunir tous les points pour faire enfin apparaître le dessin complet. Comment en est-on arrivé là ? Comment et pourquoi l’industrie chimique a pu libérer dans l’eau, dans l’air, dans le sol, dans les aliments, et jusque dans le sang des nouveau-nés des millions de molécules chimiques, toute différentes les unes des autres ?

Quels sont les liens entre le temps des alchimistes et celui du prix Nobel de chimie Fritz Haber, grand criminel de guerre ? D’où viennent Bayer, BASF, Dow Chemical, DuPont, Rhône-Poulenc ? Comment est-on passé de la bakélite des boules de billard et des combinés du téléphone au nylon, puis au DDT et aux perturbateurs endocriniens ? Pourquoi des maladies comme le cancer, l’obésité, le diabète, Alzheimer, Parkinson, l’asthme et même l’autisme flambent toutes en même temps ? Qui est Théo Colborn, la Rachel Carson du 21ème siècle ? Pourquoi l’OMS, la FAO, l’ONU ne bougent-elles pas ? Pourquoi les agences de protection françaises regardent-elles ailleurs ? Comment les normes officielles ont-elles été truquées ? Que contient vraiment l’eau dite potable ? Comment les transnationales ont-elles organisé une désinformation planétaire sur cet empoisonnement universel ? Y a-t-il une chance de s’en sortir ?

Pour la première fois, tout le dossier est enfin rendu public. Il est effrayant, mais un peuple adulte n’a-t-il pas le droit de savoir ? Ce livre, qui donne des noms, des faits, des accointances, ne peut rester sans réponse. C’est l’heure de se lever.

mercredi 17 septembre 2014

Affiche Café Repaire du Conflent jeudi 18 septembre 2014


Nous pourrions nourrir deux fois la population mondiale, et pourtant...

Nous pourrions nourrir deux fois la population mondiale, et pourtant...

Le Point - Publié le 09/09/2014 à 11:08 - Modifié le 09/09/2014 à 11:54

Olivier De Schutter, ex-rapporteur spécial de l'ONU, dénonce l'inertie du système agricole mondial. Pour lui, le droit à l'alimentation est encore une fiction.

Taxer les produits à l'intérêt nutritif nul, redonner du pouvoir aux paysans, limiter le modèle de l'agriculture exportatrice face aux cultures vivrières... Autant de pistes qui pourraient endiguer la faim et la malnutrition dans le monde. © RIA Novosti

Par JASON WIELS

Olivier De Schutter © OLIVIER VIN / BELGA MAG / BELGA/AFP


Elle tue plus que le cancer, la guerre ou les catastrophes naturelles. En 2014, la faim est toujours d'actualité. Plus d'un milliard de personnes souffrent de sous-alimentation. Deux milliards de plus sont mal nourries. En parallèle, on dénombre 1,3 milliard d'individus en surpoids ou obèses. 
Cherchez l'erreur ! Surtout quand on sait que la planète pourrait produire largement assez pour nourrir tout le monde. Après six ans de mandat, Olivier De Schutter a abandonné en mai son tablier de rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, remplacé par la Turque Hilal Elver. Le Belge a pris la coprésidence d'un nouvel organisme, Ipes Food. Un regroupement d'experts qui veut être à l'alimentation durable ce que le Giec est au climat. De passage à Paris au forum Convergences pour débattre de la production agricole durable, le juriste a accepté de répondre à nos questions.

Le Point : En 2000, un des Objectifs du millénaire était de diviser par deux la faim dans le monde d'ici 2015, on en est loin. Quels nouveaux objectifs et surtout, quels moyens, faut-il prendre pour les prochaines années ?

Olivier De Schutter : Il y a un consensus sur la nécessité de réinvestir dans l'agriculture, mais pas n'importe laquelle. Celle entre les mains des petits producteurs, qui souvent font appel à une main-d'oeuvre familiale, dans les pays où la productivité est la plus basse, notamment l'Afrique subsaharienne. Même si ce diagnostic est très partagé, les solutions proposées dans les Objectifs du développement durable en train d'être adoptés à New York (en remplacement des Objectifs du millénaire, NDLR) vont dans le mauvais sens.

Je suis inquiet que l'on continue de prôner les vieilles recettes de la libéralisation des produits agricoles, qui ont prouvé qu'elles échouaient. Libéraliser, ça veut dire mettre en concurrence les agricultures du monde entier, sacrifier les moins compétitives et encourager une agriculture focalisée sur l'exportatrice plutôt que sur les cultures vivrières.

Il faut aller vers l'autosuffisance de chaque pays ?

Pas nécessairement, mais il faut aller vers un rééquilibrage entre les marchés internationaux et locaux, qui ont été sous-développés. On n'a pas tiré tous les enseignements des crises alimentaires. Il y a une vraie tension entre l'objectif affirmé d'aider les plus petits et miser, encore, sur le développement du commerce international.

Le droit à l'alimentation est donc, encore aujourd'hui, une fiction ?

Malheureusement, oui, dans bien des cas. Pourtant, nous vivons dans un monde qui, si l'on gérait adéquatement nos ressources, pourrait nourrir pratiquement deux fois la population de la planète. On produit l'équivalent de 4 500 kcal par personne et par jour. C'est deux fois plus que les besoins journaliers de 7 milliards d'habitants...

Vous avez pris vos fonctions en pleine crise, en 2008. Dans quelle mesure l'agriculture mondiale est-elle devenue le terrain de jeu des spéculateurs ?

Cela a été très vrai entre 2008 et 2011, mais, depuis, les investisseurs sont moins intéressés aujourd'hui à l'idée d'accaparer les terres pour produire. Sur les marchés financiers, des mesures ont été prises pour limiter la trop grande volatilité des cours. Comme avec la mise en place du Agricultural Market Information System, coordonné par la FAO (sur le prix du riz, du blé, du soja et du maïs, NDLR).

Mais le cartel des céréaliers reste une réalité aujourd'hui...

On sait que quatre entreprises* céréalières majeures monopolisent pratiquement le commerce international. Leur poids est encore plus excessif dans certaines régions. Cela entraîne des rapports de force extrêmement inégaux dans les chaînes alimentaires, du producteur au consommateur. Renforcer les organisations paysannes face à leurs intermédiaires, c'est un tabou dont on ne parle jamais dans les sommets internationaux.

Comment faire en sorte que les paysans aient leur mot à dire ?

Il est frappant de voir que, quand les prix augmentent, les paysans n'en profitent guère et que, quand les prix baissent, ils sont payés moins. L'organisation en coopérative peut aider à renforcer leur pouvoir de négociation, à mieux choisir leurs acheteurs. Il faut aussi qu'ils soient mieux informés des prix auxquels ils peuvent prétendre.

Dans les pays qui ont franchi le pas, peut-on dire aujourd'hui que le rôle des OGM a joué un rôle positif ?

C'est un chiffon rouge, qui a beaucoup trop monopolisé l'attention. En réalité, les OGM ont été bénéfiques à certains agriculteurs, dans certaines conditions, comme aux États-Unis. C'est un type de technologie adapté à leur agriculture industrielle. Mais dans beaucoup de cas, les OGM ne sont pas soutenables pour l'environnement, appauvrissent la biodiversité et, contrairement à ce qu'on pense souvent, augmentent à terme l'utilisation des pesticides. C'est aussi une technologie chère, pas adaptée pour les petits paysans qui dépendent du rachat de semences brevetées.

La malnutrition n'est pas qu'une affaire de pays du Sud. Aux États-Unis, l'écart se creuse entre la qualité du régime alimentaire des plus riches et des plus pauvres... Comment expliquer ce "quart-monde" des mal-nourris ?

Dans les pays développés, ce sont les groupes sociaux les moins favorisés et les moins bien logés, ceux qui passent leur temps dans les transports, qui sont les moins bien alimentés. Ils sont les premières victimes de diabète, de maladies cardio-vasculaires, de cancers. J'ai longtemps pensé que le facteur décisif était le prix des fruits et des légumes. Ce n'en est qu'un parmi d'autres. Les plus décisifs sont le groupe social auquel on appartient, ses normes et aussi le temps que l'on a pour cuisiner des aliments frais.

Êtes-vous toujours partisan de taxer plus fortement les produits trop gras et sucrés, à faible valeur nutritive ?

Oui, ce serait un très bon signal. Comme pour le tabac et l'alcool, les sodas et les aliments que les Anglo-Saxons appellent les HFSS (à forte teneur en gras, sucre et sel) doivent être taxés pour en décourager la consommation. Ils sont nocifs pour la santé ! C'est ce que le Mexique a fait depuis novembre 2013, cela va dans le bon sens.

Après six ans de mandat, quel est votre plus gros regret ?

J'ai sous-estimé le verrouillage et l'inertie du système existant. Dans mon rapport final que j'ai remis en mars, j'ai identifié les sources de ces blocages. Il faut plaider aujourd'hui pour une réappropriation par les citoyens du système alimentaire. Ils sont expropriés de ce système, ils n'ont guère les moyens de l'influencer. Les décisions prises le sont en faveur des lobbys, et non des populations. Le seul obstacle, au fond, n'est pas technique. Il est de nature politique.

* Soit Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill et Louis Dreyfus - trois firmes américaines et une française -, surnommées les "ABCD companies".

mardi 16 septembre 2014

La Décroissance s'enracine en Allemagne

La décroissance s’enracine en Allemagne

HERVÉ KEMPF (REPORTERRE)

jeudi 11 septembre 2014



Enorme succès pour la Conférence sur la décroissance, qui s’est tenue à Leipzig, en Allemagne, la semaine passée. Plus de trois mille participants ont exploré les voies d’une écologie politique radicale. Reporterre était le seul média français sur place et relate cet événement extraordinaire.

Leipzig, reportage

Vous n’en avez pas entendu parler, mais c’est un des événements les plus importants de l’année en ce qui concerne l’écologie, et qui influencera à terme la vie politique européenne : la conférence sur la décroissance (Degrowth 2014) qui s’est tenue à Leipzig, en Allemagne, la semaine passée, du 2 au 6 septembre, est la plus grande qui ait jamais été réunie. L’affluence inattendue qui a innervé cette manifestation d’une richesse d’idées stupéfiante manifeste un tournant majeur : en Allemagne, terre des Grünen, porte-drapeau des politiques environnementales dans le monde, le mouvement écologiste se tourne vers la radicalité de la décroissance, lasse du discours technologiste et consensuel des Verts.

Quand ils ont lancé la préparation de la conférence, au printemps 2013, les organisateurs espéraient un millier de participants. Ce sont finalement plus de trois mille deux cents qui sont venus, dont six cents intervenants, pour suivre un programme impressionnant de plus de quatre cents ateliers sur cinq jours. Une floraison de réflexions qui décourageait l’ambition de tout suivre mais réchauffait l’esprit, tandis qu’au hasard des journées se produisaient rencontres et discussions de toutes sortes. La logistique était en cohérence avec les idées : midi et soir, une cuisine "mobile do it yourself“, Le Sabot, installée dans la cour de l’université, a assuré avec une efficacité remarquable l’alimentation en repas végétaliens délicieux de plus de deux mille convives.



Encore plus étonnant, peut-être, est la jeunesse des participants, dont la très grande majorité étaient âgés de moins de trente ans : on ressentait un désir de réfléchir, d’agir, de changer le monde, mais aussi, tout simplement, d’apprendre.

Tout a démarré en avril 2013, explique Christopher Laumanns, un des coordinateurs de l’événement : "Une réunion se tenait sur le thème de la post-croissance, à l’initiative du ’Réseau pour le changement de la croissance’ (Netwerk Wachstums Wende). La décision a été prise de monter cette conférence et de petits groupes se sont mis à travailler". Leipzig, située à deux heures de train de Berlin, est vite apparue comme un bon lieu, en raison du dynamisme de la scène alternative locale et de la présence d’un groupe de recherche sur l’économie écologique (Konzeptwerk Neue Oekonomie).

La préparation a mis en pratique les concepts du mouvement alternatif : les soixante-dix personnes impliquées prenaient les décisions par consensus, et non à la majorité ; le travail était décentralisé en différents lieux, grâce à un usage intensif d’internet ; la conférence a refusé d’ouvrir une page Facebook, réseau jugé trop commercial. "La démocratie est toujours un défi, dit Christopher Laumanns, mais elle donne aussi de la force : les gens impliqués sont inspirés par leur participation au groupe, il y a une très bonne atmosphère".

La science, l’activisme, l’art
Un des choix importants a été de composer un programme mêlant des présentations de caractère scientifique, d’autres parlant ou mettant en pratique des démarches artistiques, d’autres encore axées sur l’engagement concret : "La décroissance a besoin d’action directe", affichait une banderole accrochée au fronton de l’université (photo du chapô de cet article).

Le choix pour la science de sortir de sa réserve était assumé par les nombreux intellectuels ou universitaires participant à la Conférence : "Nous pratiquons une recherche participative", dit par exemple Giusy Papalardo, de l’université de Catana, en Italie, sociologue des mouvements de résistance à la Mafia."On ne peut pas rester dans sa tour d’ivoire. Il faut lier la recherche à la pratique".

Quant à la myriade d’ateliers proposés, elle allait des pratiques utopiques aux discussions stratégiques, de l’analyse de l’effet rebond à la réflexion sur la xénophobie, du rôle du syndicalisme aux luttes contre le charbon en Allemagne, de l’extractivisme au lien entre guerre et climat, de jeux expérimentaux à l’analyse des conditions pour une écologie écologique, sociale et démocratique... On ne pouvait que picorer, presque enivré par cette profusion roborative.

Télécharger le programme (en anglais) :

Le reporter ne prétend pas synthétiser un tel événement. Retenons quelques idées, selon un choix subjectif.

En séance plénière d’ouverture, Alberto Accosta, l’ex-ministre équatorien qui avait porté le projet Yasuni, a appelé le mouvement décroissant à soutenir la lutte contre l’extractivisme, qui désigne l’exploitation maximale des ressources naturelles des pays du Sud.

Plus globalement, il a exprimé des idées partagées aujourd’hui par le mouvement écologique : "Nous avons besoin en même temps de penser l’utopie et de réaliser des pas concrets, si nous voulons surmonter le capitalisme. Et nous devons le faire d’en bas, par nous-mêmes".

Naomi Klein, intervenant par Skype, a de son côté mis l’accent sur la gravité du changement climatique : "Si on ne fait rien, nous sommes sur le chemin d’un réchauffement de 2°C à 5°C d’ici la fin du siècle. La seule option laissée pour éviter cette évolution est un changement radical." Expliquant que"conserver un monde qui ne se réchaufferait pas de plus de 2°C est incompatible avec la croissance", elle a rappelé les lignes d’action : "Réduire les inégalités, créer des millions d’emplois verts, restaurer la démocratie, étendre le domaine des biens communs".



Et puis, au fil des ateliers et des discussions, retenons quelques idées et interrogations :

Démocratie et oligarchie - La perception de la dégradation de l’esprit et des pratiques démocratiques dans le capitalisme actuel est communément partagée. Et l’aspiration à mettre en oeuvre au niveau de la base des pratiques démocratiques est très vive. Mais comment déstabiliser le pouvoir oligarchique ? A quel point celui-ci, d’ailleurs, est-il homogène ? Et comment changer l’esprit des populations, dont une large partie adhère en fait aux valeurs de consommation et de confort propagées par les médias de l’oligarchie ? Des populations qui "peuvent même y trouver un intérêt direct, par exemple pour les gens dont la retraite dépend des profits des fonds de pension", observe Judith Dellheim, de la Fondation Roza Luxemburg.

La croissance est-elle populaire ? - Les valeurs de la croissance ne sont peut-être pas réellement partagées par la masse de la population. "Qui veut la croissance ?, interroge l’économiste suisse Irmi Seidl. En Allemagne, les gens veulent la retraite, un bon système de santé, et l’éducation pour leurs enfants". Ce qui n’est pas vraiment désirer la croissance, celle-ci n’apparaissant plus automatiquement synonyme de ces désirs légitimes.

Technologies douces : la solution ? - Les innovations technologiques sont perçues par le système dominant comme le seul moyen de "sauver la croissance", tandis que la critique de la technologie est consubstantielle au mouvement de la décroissance. Mais nombre d’écologistes réformistes pensent encore que la technologie "verte" est la solution, comme le pensent ceux qui suivent Jeremy Rifkin et sa "Troisième révolution industrielle". L’avenir n’est-il pas au contraire "dans des solutions ’low tech’, fortes en connaissance et faible en empreinte écologique", comme le pense l’ingénieur Philippe Bihouix ?

Les alternatives suffisent-elles à changer le monde ? - C’est très bien, les alternatives, mais peut-on s’en contenter ? Ne servent-elles pas de pansement au capitalisme, lui permettant de se maintenir cahin-caha en soignant les plaies les plus béantes ? Cette troublante réflexion a été apportée par Michalis Theodoropoulos, du réseau Iliosporoi, relatant l’expérience de la Grèce : "En réponse au choc néo-libéral, il s’est produit depuis 2010 de très nombreuses initiatives de décroissance, axées sur les biens communs et la recherche de l’autonomie. Mais quatre ans plus tard, la plupart se sont gelées, ou alors n’existent plus qu’à petite échelle, sans peser sur le cours global de la politique". Pourquoi ? "Parce que le plus grand impact de la crise est passé. Les initiatives ont soigné les plaies et on se retourne vers l’Etat. Et puis, autre élément, ces initiatives étaient critiquées par la gauche et par les anarchistes, qui ne les trouvaient pas assez politiques, ce qui en a écarté beaucoup de gens".
- La vaisselle en commun -


Avant l’effondrement... - Le thème de l’effondrement du système est un concept de référence de la pensée écologiste, que l’on retrouvait dans maints ateliers et discussions. Un des plus stimulants a eu lieu autour du "Social metabolism" (voir video en anglais). L’exposé de Katherine Farrell a exploré le parallèle que l’on peut faire entre les systèmes sociaux et la vie et la mort. En résumant : les systèmes sociaux peuvent mourir, et le refus de l’idée même de la mort est une des raisons pour lesquelles la civilisation présente court si vite vers l’effondrement. De son côté, Anke Schaffartzik a montré, analysant les flux de matières en jeu dans l’économie (alors que les économistes standard raisonnent en flux monétaires, qui font oublier le substrat matériel), que l’évolution actuelle est tout simplement insupportable et conduit à la chute du système économique. D’où une discussion animée : l’effondrement peut-il avoir lieu, notre société peut-elle mourir ? "Ce que j’essaye de dire, c’est que la société industrielle sur le déclin est dans une logique qui rend la mort invisible, a précisé Farrell. Rendre la mort visible est utile" à la réflexion.

Le grand tournant allemand

On comprendra qu’il soit impossible de conclure cet article.

Revenons simplement sur un constat : le magnifique succès de cette conférence sur la décroissance signifie qu’en Allemagne, le mouvement écologiste est pénétré par le doute. La politique suivie depuis des années par les Grünen, de compromis technologique avec le néo-libéralisme, va être sérieusement remise en cause par la radicalité de la critique de la croissance. On peut penser que cet ébranlement aura des conséquences en Europe.

Source et photos : Hervé Kempf pour Reporterre.
Ce reportage a été financé avec l’aide de la Fondation Roza Luxemburg, qui a invité l’auteur à animer un atelier sur l’oligarchie et la décroissance. Voir le texte de présentation, en anglais, Oligarchy and degrowth.

Merci de soutenir Reporterre :
 

Source : http://www.reporterre.net/spip.php?article6279

lundi 15 septembre 2014

Chronique NDDL du mois d'août 2014

Chronique pour savoir ce qui s'est passé sur la ZAD et aussi  ce qui s'est dit et fait autour du projet d'aéroport inutile, imposé et destructeur à Notre Dame Des Landes pendant ce mois d'août 2014. 
Merci encore à l'auteur partie prenante du Collectif Conflent 66 en soutien à NDDL


PROJET  D’AYRAULT – PORT     de    NOTRE DAME DES LANDES ( 44 )
Source : ZAD.nadir.org                          août 2014                   


Infos  de la semaine du 4 au 10 août


Mardi  5 août  

Notre-Dame-des-Landes : les pro-aéroport affrètent un ULM et une banderole

Après « Hollande démission », c'est une banderole « Oui à l'aéroport et à l'emploi » que les estivants verront sur les plages de Loire-Atlantique, tirée par un ULM.
L'association « Des Ailes pour l'Ouest » et la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de Loire-Atlantique (CGPME44)  ont annoncé que les plages de La Baule, Piriac, Saint-Brevin, Pornic, La Turballe seront survolées par un ULM tractant une banderole « Oui à l'aéroport et à l'emploi ».

Jeudi  7 août  

 Rien de particulier à signaler du côté de la ZAD...

 

Infos  de la semaine du 11 au 17 août


 Rien de particulier à signaler du côté de la ZAD...

Infos  de la semaine du 18 au 24 août


Jeudi  21 août  

 Rien de particulier à signaler du côté de la ZAD...

Infos  de la semaine du 25 au 31 août


Jeudi  28 août  

Notre-Dame-des-Landes. Nouvelle rumeur d'abandon

Manuel Valls aurait assuré aux écologistes d'Europe-Écologie-Les Verts (EELV) que le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au nord-ouest de Nantes, « ne se ferait pas ». Les principaux intéressés n'ont pas confirmé ces propos, mais les réactions sont nombreuses.

C'est Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen Europe-Écologie-Les Verts (EELV), qui a fait exploser cette petite bombe, hier matin, dans sa chronique sur Europe 1. Selon lui, Manuel Valls aurait dit, lors des négociations pour constituer son second gouvernement, à Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat : « Cet aéroport, on ne le fera pas. Il est trop cher, il est d'un autre temps. Mais on ne peut pas le dire publiquement aujourd'hui, parce que je ne veux pas froisser mon prédécesseur Jean-Marc Ayrault ».

« Très crédible » pour Emmanuelle Cosse 

Hier, les services du Premier ministre éludaient la question et renvoyaient les journalistes « vers le ministère des Transports ». Quant à Jean-Vincent Placé, sur Twitter, celui-ci « ne confirmait pas » les propos évoqués par Daniel Cohn-Bendit, et indiquait qu'il « ne rapportait pas ses échanges avec le président de la République et le Premier ministre ».
Du côté d'EELV, interrogée par Le Télégramme, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale du parti, confirmait que le sujet de Notre-Dame-des-Landes avait « bien été abordé avec le Premier ministre, dans le cadre des négociations pour la constitution du nouveau gouvernement », mais « ignorait la teneur des propos échangés ». « Je trouve néanmoins l'affirmation de Daniel Cohn-Bendit très crédible, nous confiait-elle hier. J'ai le sentiment que ce projet d'aéroport meurt à petit feu et que plus personne ne souhaite se battre pour qu'il voit le jour, à part peut-être Jacques Auxiette, le président de la région Pays-de-la-Loire ».

De Rugy « très prudent »

Contacté hier, François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale, indiquait au Télégramme avoir joint Jean-Vincent Placé « qui m'a répété qu'il ne souhaitait pas rapporter les échanges qu'il avait pu avoir avec le Premier ministre ». Pour le député nantais : « Le sujet a bien été évoqué mais les discussions pour la constitution du nouveau gouvernement ont très rapidement tourné court (...) Je peux seulement dire que je n'ai moi-même pas obtenu de tels propos lors de mes différents échanges avec le Premier ministre ces derniers jours (...) Je reste très prudent. On ne peut pas affirmer que le projet est mort, poursuit-il. Mais on ne peut pas non plus assurer sérieusement que les travaux pourraient démarrer prochainement. Le gouvernement ne souhaite visiblement pas heurter les élus locaux, comme pour d'autres projets de transport, mais il ne peut, non plus, pas vraiment les enclencher en raison des problèmes budgétaires et environnementaux qu'ils soulèvent ».

« Chroniqueur partisan »

Le bouillonnant président de la région Pays-de-la-Loire, Jacques Auxiette, n'a « pas souhaité commenter les "on m'a dit que" rapportés ce matin sur une radio nationale par un chroniqueur partisan », mais a tout de même tenu à « rappeler que, conformément aux engagements pris par le gouvernement, la prochaine échéance attendue sur le dossier du transfert d'aéroport, de Nantes à Notre-Dame-des-Landes, est la validation par la justice des arrêtés permettant le début des travaux », (NDLR : décisions pas attendues avant 2016-2017 si l'on prend en compte les délais moyens de la justice administrative) et s'est dit « convaincu que ce projet est nécessaire pour le développement du Grand Ouest et qu'il permettra également la création d'emplois à court terme ».
Hervé Chambonnière – Le Télégramme

Dimanche  31 août  

  un message de soutien de Grèce pour les collectifs des ZAD du Testet et de NDDL de la part des collectifs d’Exarcheia (cf. film "Ne vivons plus comme des esclaves")



dimanche 14 septembre 2014

Le parc national des Calanques prolonge de trente ans l'autorisation des rejets chimiques en mer

Le parc national des Calanques prolonge de trente ans l'autorisation des rejets chimiques en mer

Le Monde.fr avec AFP |  • Mis à jour le 


Le conseil d'administration du parc national des Calanques a prolongé, lundi 8 septembre, de trente ans la dérogation accordée à l'usine d'alumine Alteo (ex-Péchiney) pour rejeter en mer des résidus liquides issus de la production de bauxite.

« Le conseil d'administration a décidé d'autoriser ces rejets, mais avec des conditions fermes », a annoncé à la presse son président Didier Réault, adjoint au maire de Marseille. Concrètement, elle permet à l'usine Alteo d'effectuer des rejets contraires à la Convention de Barcelone de 1976 sur la protection de la Méditerranée. Mais l'élu a promis de « meilleurs contrôles et un meilleur suivi des eaux rejetées », dans ce dossier dit des « boues rouges ».

Les rejets solides dus à la production de bauxite, eux, devraient en revanche disparaître d'ici au printemps grâce à un changement de mode de production dans l'usine Alteo de Gardanne. Mais il faudra toujours évacuer l'eau, et c'est précisément sur cette poursuite d'autorisation que la décision devait être prise.
Si le groupe ne respecte pas ses engagements, « nous avons la possibilité de tout stopper, un arrêté peut être pris en ce sens par le préfet », a aussi fait valoir M. Réault, assurant que les rejets allaient en outre massivement diminuer – de l'équivalent de « 2 000 camions par an à deux camions par an », selon lui.

« CHANTAGE À L'EMPLOI »

Depuis près de cinquante ans, l'usine de Gardanne, ancien site de production d'alumine de Péchiney et du géant minier anglo-australien Rio Tinto – racheté en 2012 par le fonds d'investissement américain HIG et renommé Alteo – bénéficie d'un droit à expédier ces résidus à 7 km au large de Cassis, dans le canyon sous-marin de la Cassidaigne, par 330 m de fond.
« C'est dramatique, personnellement ça me choque beaucoup », a réagi après le vote Yves Lancelot, membre du conseil d'administration du parc, océanographe et ancien directeur de recherche au CNRS. « Les risques, on ne les connaît pas, c'est bien le problème, pour le moment, il y a des inconnues énormes », a-t-il poursuivi, regrettant un « chantage à l'emploi ».
Au départ de l'usine de Gardanne, qui compte 400 salariés et 300 sous-traitants, les rejets empruntent un émissaire de 47 kilomètres, traversant 14 communes et, pour finir, le tout récent parc national des Calanques créé en 2012. Les rejets résultent du traitement de la bauxite, ce minerai de couleur essentiellement rouge, dont on extrait de l'alumine qui entre notamment dans la composition des écrans LCD ou d'abrasifs. Selon le parc national des Calanques, quelque 20 millions de tonnes de ce mélange d'eau, de soude et de métaux lourds ont ainsi tapissé les fonds marins depuis 1966 et la première autorisation préfectorale.


Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/09/08/le-parc-national-des-calanques-prolonge-de-trente-ans-l-autorisation-des-rejets-chimiques-en-mer_4484052_3244.html