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dimanche 1 juin 2014

Compte-Rendu du Repaire du Conflent Mai 2014

Les prédateurs du béton. Enquête sur la multinationale Vinci

Nicolas de la Casinière
Décembre 2013
L’enquête du journaliste Nicolas de la Casinière sur l’une des plus puissantes multinationales du béton vient défricher un terrain quasiment vierge. « Vinci est partout »,explique l’auteur : d’Alger à Perth, de Madras à Tchernobyl. En France, les partenariats public-privé (PPP), où les pertes sont mutualisées et les bénéfices privatisés, permettent au « numéro trois mondial du BTP [bâtiment et travaux publics], champion du CAC 40 » de « transformer les usagers des services publics en clients ». Le contribuable prend donc sa part dans la rémunération annuelle du président du groupe : 1,4 million d’euros. L’ouvrier gagne « 610 euros par mois pour quarante heures de travail par semaine ». Mais qu’on se rassure : dans les rapports remis aux actionnaires fleurissent les « envolées sur la responsabilité sociale de l’entreprise », qui se dit même prête à vendre des paniers bio aux salariés qui participeront à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Sébastien Fontenelle
Libertalia, Paris, 2013, 104 pages, 8 euros.



Pour ce Repaire, délocalisé à l'Hostalrich de Prades, nous avions invité Nicolas de la Casinière pour son livre "Les Prédateurs du Béton" une enquête sur la multinationale vinci qui 'devait œuvrer' à Notre dame Des Landes.
Francis nous envoie ces notes. Merci à lui

"Compte-Rendu plus ou moins complet du Repaire de mai

L'essentiel de ma prise de notes s'est concentré sur l'intervention de Nicolas de la Casinière, journaliste à Nantes 
(ainsi que sur l'excellent site http://www.reporterre.net/ ndlr)



Sujet : « les prédateurs du béton »

Confronté à NDDL, ce journaliste en vient à s'intéresser à Vinci, n° 1 mondial du BTP et par le biais de cette multinationale, aux stratégies prédatrices de toutes celles qui « coulent du béton ».
Il y a une histoire longue de NDDL, qui débute dans les années 1960. On parle déjà de désengorger l'aéroport. L'histoire de la résistance à ce projet ne date donc pas d'hier.
La vision qu'en a Vinci se limite à deux groupes : les agriculteurs et les riverains. Vinci qui est d'une création récente, en 2000, fédère sous son chapeau une nébuleuse d'entreprises de toutes tailles, autoroutes, parkings etc..... Leur nombre, difficile à évaluer, oscillerait entre 2250 et 2500.
Sa vision du « chantier » de NDDL se veut optimiste. « On va s'occuper des deux groupes.... » Il y a une solution pour chacun des groupes, le plus délicat étant celui des agriculteurs. Mais tout s'achète n'est ce pas ? 
La suite, au Repaire tout le monde connait.
Notre ami va donc élargir le champ. En quoi ces entreprises se révèlent de formidables sociétés prédatrices de l'argent public ? Voici son analyse, qui vaut pour les sociétés du même type.
Vinci se trouve confronté à une contradiction inhérente à sa nature d'entreprise capitaliste. En effet, le BTP nécessite beaucoup de main d'oeuvre, ce qui n'est pas l'idéal pour faire du profit, par le poids des salaires dans la composition de son capital.
D'où le jeu entre deux échelles de temps :
1/ on construit des ouvrages
2/ on obtient la gestion des édifices construits par les partenariats publics privés (PPP).

A ce stade, ne pas oublier que les fameux PPP sont nés dans l' Amérique de Reagan et le Royaume Uni de Margareth Tatcher. Ils ont été introduits en France par Alain Madelin dans les années 90. Ils sont un produit de la « révolution » néo-libérale.

Actuellement, en France, les rois du BTP sont trois ; outre Vinci, on trouve Bouygues et Eiffage qui donc se partagent le marché en pleine expansion des PPP. Il s'agira de stades, comme dans l'exemple caricatural de la ville du Mans, d'hôpitaux, de bâtiments publics, de parkings, d'autoroutes etc.....
Le mécanisme est bien connu, la collectivité qui y a recours, parce qu'elle n'a pas l'argent pour réaliser l'équipement souhaité, passe un marché avec l'opérateur privé qui se charge du financement mais obtient en contrepartie la gestion de l'ouvrage pour une durée contractuelle (en général autour des trente ans) moyennant un loyer. Inutile d'ajouter que les loyers cumulés sur cette durée vont multiplier le coût final du dit ouvrage, en moyenne par trois, voire plus.
Mais, échelle de temps oblige, celle de l'élu n'est pas la même que celle du prestataire et encore moins que celle de l'intérêt collectif. 
L'élu est content, il peut faire rouler les tambours médiatiques et rouler des mécaniques devant le bon peuple, sans que celui-ci s'aperçoive de l'arnaque. L'opérateur est assuré d'un revenu constant sur une durée propre à lui faire gagner beaucoup d'argent et donc restaurer sa marge de profit.
Toutefois, dans un certain nombre de cas, peuvent se produire des bugs. Celui du stade du Mans évoqué plus haut reste emblématique des dysfonctionnements de cette mécanique.
Conçu à l'époque où l'équipe de foot jouait en première division, le club mal géré est épinglé par la commission de contrôle qui veille à la bonne gestion des clubs. Il est rétrogradé en division CFA, le sous-sol pour un club de cette importance. Le coût du loyer gagé sur la fréquentation du stade par ses supporters voit ses recettes s'effondrer et le coût du loyer devenir prohibitif, intenable. Dans cette situation va jouer la nature du contrat signé entre la collectivité et l'opérateur. Le cas est prévu, ainsi que les contraintes juridiques qui permettent à l'opérateur de rentrer dans ses frais. La mairie devra donc verser un dédit, qui au final, sera moins élevé que prévu, l'affaire s'étant terminée devant le tribunal.
La cour des comptes de la région PACA , a révélé récemment que le coût final de la rénovation du stade de l'OM avait coûté sept fois plus cher que si elle avait été effectuée en gestion publique.

Notre ami journaliste, nous parle d'un ingénieur Vinci qui lui fait part de l'énorme ingénierie juridique, avocats, fiscalistes etc.... de boites comme Vinci pour « ficeler » les contrats dans les moindres détails afin de parer à toutes les éventualités.

Derrière cet édifice, on trouvera une bonne dose d'idéologie. Elle s'appuie sur l'idée, véhiculée à tous les niveaux, que le privé est plus à même de bien gérer la société, de part son efficacité sur abondamment auto-proclamée. Parce qu'il est aiguillonné par la concurrence et que les administrations sont lourdes à manier.
Ensuite, il s'appuie sur un recrutement homogène : X Pont, Polytechnique, ENA dont le comportement endogame via les associations d'anciens élèves est bien connu et qui passent allègrement du public au privé, après avoir rendu, au passage, quelques « menus » services. Ils jouent le rôle de rabatteurs, en quelque sorte.
L'exemple emblématique et dernier en date, qui nous ramène à NDDL, est celui de l'ancien préfet de Loire Atlantique qui après avoir piloté une déclaration d'utilité publique (DUP) entièrement à la dévotion de Vinci, se retrouve n°2 chez....... ? Vinci Autoroutes. Vinci merci.....

Autre exemple qui montre comment, à partir d'une impulsion politique, pour faire face à une urgence en restant dans le temps court d'un mandat d'élu, on arrive à de monstrueuses aberrations.
Tout le monde se souvient de la politique sécuritaire de Sarkozy. Des prisons, vite ! Donc PPP avec Vinci. Au passage, petite astuce : des loyers « calmes » pendant trois ans, bon pour l'élu, mais qui explosent après, mauvais pour les caisses de l'Etat que l'on prétendait protéger, ainsi que la population de toutes sortes de voyous, exceptés ceux en col blanc.


Autre élément à prendre en considération : les malfaçons. L'épisode de l'hôpital Sud Francilien par Eiffage a jeté une sacrée ombre sur les pratiques inhérentes aux PPP. Des malfaçons par millions. Mais qui répare ces manifestations de l'obsolescence programmée ? Il y a sur le marché et sur ce créneau une foule de petites et moyennes entreprises. Très bien. 
Mais qui garantit qu'elle ne font pas partie de cette nébuleuse évoquée plus haut ? 
Qu'elles ne travaillent pas sous le chapeau de la « maison mère » entretenant une fausse concurrence, entre entreprises du même groupe, aboutissant à surfacturer le prix des réparations et contribuant à faire remonter un profit supplémentaire dans les caisses de la dite « maison mère » ? 
Comment s'en assurer ?"

Prochain Café Repaire 
le jeudi 19 juin à Fillols Café du Canigo sur la place 
19h30 

Nous avons invité Enercoop ainsi que Conflent Energie pour répondre à nos nombreuses interrogations.
Merci de venir en nombre avec vos questions bien affûtées...

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