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lundi 29 avril 2013

2) Je n'ai pas perturbé le "Forum de la Biologie de Synthèse"

Je n’ai pas perturbé le « Forum de la Biologie de Synthèse »


Jeudi 25 avril 2013, au Centre National des Arts et Métiers (CNAM) à Paris, une quinzaine de chimpanzés perturbaient ce qui était annoncé comme le premier « Forum de la biologie de synthèse ». 

Slogans, affiches, banderoles, sifflets ont rendu impossible la tenue de l’opération officielle de communication. Cette dernière a laissé place, après une heure de chahut, à un échange dans la salle animé par des lycéens présents.
Je suis l’un de ces singes. 
J’ai crié, sifflé, collé des affiches, pris à partie des scientifiques et des représentants ministériels. 
Et pourtant je n’ai pas perturbé de « forum de la biologie de synthèse ». 
Car ce qui se déroulait ce soir-là n’avait rien d’un « forum » - étymologiquement, la place où les citoyens, quels qu’ils soient, se réunissent pour échanger et débattre ensemble des questions qui les concernent directement.

                                                    * * *

La biologie de synthèse pourrait bien être la prochaine révolution industrielle et elle bouleversera nos vies, les vies de chacun d’entre nous, dans des proportions que nous peinons encore à imaginer. Dans ces conditions, il est normal que nous, – les citoyens, le peuple, la population – ayons tous notre mot à dire sur le sujet. 
Officiellement, c’est le but de ce forum. Et pourtant, tout a été fait justement pour qu’il n’y ait pas de public ce soir là.
Une communication tardive et réduite à son plus strict minimum, au point que les opposants ont fait plus de publicité pour l’évènement que le comité de pilotage du forum. Une réunion sur réservation, en semaine, un jeudi soir à 18h, dans une salle de 120 places, au fond de la cour du CNAM, à gauche, en haut d’un escalier. 
Tout semblait prévu pour que seule une poignée de spécialistes puisse assister au débat.
Et c’est en sortant de la salle que j’en ai eu la preuve, en ramassant par terre la liste officielle des participants à la réunion. Une découverte que je m’empresse de vous faire partager et qui suffit à démonter la mascarade 
démocratique qui s’est jouée ce soir-là. Car de peuple, ou de simples citoyens, il n’était pas question.
La liste des inscrits comporte 55 personnes pour une salle de 120 places. Parmi elles, on dénombre :
10 membres du comité de pilotage du forum national de la biologie de synthèse 
au moins 14 scientifiques, dont la plupart spécialisés dans le trafic du vivant (INRA, Génopole...) 
13 hauts fonctionnaires ou représentants des ministères suivants : Recherche, Santé, Agriculture, Développement Durable et bien sûr Défense Nationale (dont un haut gradé de l’armée) 
2 employés du CNAM 
3 ou 4 journalistes. 
Enfin, 4 ou 5 représentants d’associations subventionnées par l’Etat (Sciences citoyennes, France Nature Environnement), sommées une fois de plus – subvention oblige – de se constituer en caution démocratique du faux-débat.
Voilà qui fait 47 personnes. A cela, il faut rajouter deux classes de lycéens, emmenés par leurs professeurs, et qui venaient, – sur demande des organisateurs peinant à remplir leur salle ? – occuper 53 autres chaises. 
D’où vous déduisez aisément que, si l’on met de côté les chimpanzés qui ne s’étaient pas inscrits sur la liste, les citoyens lambdas ne représentaient pas plus de 10 personnes dans la salle.
Mais sans doute suis-je de mauvaise foi, ayant oublié de mentionner que la soirée devait être retransmise en direct sur Internet. Les citoyens avaient ainsi la possibilité de participer au débat par le biais du compte Twitter @forumbiosynth – pour peu que leurs réflexions tiennent en moins de 140 caractères, et qu’ils aient connu l’existence du forum. 
Une initiative qui a suscité l’engouement citoyen qu’elle méritait puisque le soir du débat, le compte Twitter officiel avait recueilli pas moins de ... 
... 14 « followers » !
Il n’y avait donc pas de public ce soir-là. Moins de 10 citoyens lambdas et une poignée de « followers » sur Twitter qui, sur ordre des organisateurs, se sont vu couper la retransmission du débat sur Internet après 19 minutes. 
Voilà ce que les experts en acceptabilité nomment sans rougir « Forum », et qui permettra d’affirmer dans quelques années que le développement de la vie artificielle avait fait l’objet d’une procédure démocratique et participative.

                                                     * * *

Avec les OGM, industriels, scientifiques et politiques ont compris une chose : pour faire accepter un nouveau désastre technologique, il faut travailler l’opinion en amont. Anticiper les motifs de refus, les analyser, les 
décortiquer, pour mieux endormir la population. Travailler son vocabulaire. Poser les problèmes en termes de coût/avantage, en évacuant tout débat politique. 
Surtout il convient d’enrober les décisions déjà prises d’un vernis démocratique et participatif. A cet effet, les spécialistes en acceptabilité redoublent d’ingéniosité pour inventer les nouvelles formules de la démocratie technicienne : débats publics, visio-conférences participatives, forums hybrides, panels de citoyens...
Avec les nanotechnologies, et le sabotage par les opposants au nanomonde, de la campagne de propagande orchestrée en 2009 par la Commission Nationale du Débat Publique, les experts en manipulation ont en plus appris la chose suivante : il leur faut éviter les opérations trop tapageuses, sous peine de se faire voler la vedette par les opposants.
C’est cette double injonction que les experts en acceptabilité commandés par Fioraso s’efforcent de respecter avec la biologie de synthèse : faire croire que les citoyens ont pu donner leur avis, tout en évitant soigneusement qu’ils puissent prendre la parole. Et quoi de mieux pour cela que d’organiser ces pseudos-débats entre gens d’accord, entre gens sérieux et responsables, entre gens qui savent de quoi ils parlent, entre scientifiques, représentants de l’Etat et des associations gouvernementales, militaires, et autres experts.
L’entre-soi est le meilleur garant du consensus technocratique.
Ce n’est pas un « forum de la biologie de synthèse » que nous avons perturbé ce 25 avril, ni même une réunion publique, mais bien une réunion entre amis. Entre personnes de la même caste, de la techno-caste, fraction dominante de la bourgeoisie à l’ère du capitalisme technologique. 
Celle qui, encourageant le 
développement conjoint des nécrotechnologies et de la concurrence économique internationale, détruit chaque jour un peu plus les conditions matérielles, sociales et environnementales de notre survie. 
Celle qui in fine, détient le pouvoir de transformer nos vies, sans que jamais notre avis ne soit entendu. 
Et voudrait en plus nous donner des leçons de démocratie.

La démocratie technicienne n’existe pas. 
Démocratie réelle maintenant ! 
Et non à la vie artificielle !

Un Orang-Outan, 100% naturel



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